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Agressions sexuelles : des victimes présumées réclament la levée de l'immunité diplomatique du nonce apostolique en France

Les trois hommes qui accusent l'ambassadeur du Vatican en France ont signé une tribune jeudi soir sur le site du journal Libération.

Article rédigé par Mathilde Lemaire - Édité par Margot Delpierre
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Luigi Ventura, le 23 juin 2012. (PHOTOPQR / L'EST REPUBLICAIN)

"Il faut que l’État français demande la levée de son immunité diplomatique et il faut que le Vatican l’accepte", affirme sur franceinfo jeudi 28 février Benjamin, 39 ans, une des victimes présumées de l'ambassadeur du Vatican en France. Le nonce apostolique Luigi Ventura est accusé par trois hommes d’"agressions sexuelles" dont la dernière plainte a été déposée ce jeudi matin.

Mathieu, Benjamin et Thomas, âgés respectivement de 27, 35 et 39 ans, ont décidé de signer une tribune publiée sur le site de Libération ce jeudi soir, intitulée "Emmanuel Macron, levez l’immunité diplomatique du nonce apostolique". Dans cette tribune, ils s'insurgent que celui qu'ils mettent en cause ne puisse être ni entendu, ni arrêté, ni jugé, au motif qu'il est ambassadeur et donc protégé par l'immunité diplomatique."En ne levant pas cette immunité, on décrédibilise la parole des victimes et on décourage celles qui pourraient porter plainte dans les semaines et les mois à venir", explique à franceinfo Mathieu, le premier à avoir porté plainte.

On nous considère comme des victimes de seconde zone. 

Mathieu

à franceinfo

"Un cas d'école" à résoudre

Selon Benjamin, qui travaillait à la ville de Paris où il s’occupait des réseaux sociaux, quand le nonce lui a touché les fesses, "l’hypothèse la plus probable", c’est "que cette personne voie son poste retiré et qu’il retourne au Vatican et qu’à aucun moment il ne soit en situation d’être confronté à la réalité de ses actes, d’où notre tribune et notre courrier envoyé au président de la République, au ministre des Affaires étrangères et au procureur de la République pour demander cette levée d’immunité pour que ces personnes ne bénéficient plus de cette immunité diplomatique". "Là, on a un cas d’école magnifique. C’est une personne qui est fortement soupçonnée d’avoir agressé beaucoup de gens et il est en poste", détaille Benjamin

Le Vatican a une occasion magnifique de transformer ses paroles en actes et le gouvernement français a l’occasion de traduire en acte ses beaux discours sur la protection des victimes.

Benjamin

à franceinfo

"L'immunité diplomatique dont bénéficie l'ambassadeur du Vatican n'empêche pas l'enquête de se poursuivre", indique de son côté le quai d'Orsay à franceinfo. Mais, cette immunité diplomatique régie par la convention de Vienne de 1961 empêche les policiers de pouvoir convoquer le représentant du Saint-Siège. Ils peuvent seulement l'entendre comme témoin, et encore à condition qu'il soit d'accord. En aucun cas il ne peut y être contraint.

Quelle suite possible ?

Il y a trois possibilités. Soit rien ne bouge et l'enquête est dans l'impasse, soit la justice française lance une procédure de dénonciation officielle par la voie diplomatique (elle dénonce les faits reprochés au nonce aux autorités du Vatican) : Luigi Ventura pourrait alors être jugé à Rome. Troisième et dernière possibilité : Paris demande au Vatican la levée de l'immunité diplomatique du nonce, afin qu'il soit obligé de répondre de ses actes en France.

La nonciature apostolique, contactée par franceinfo, ne souhaite faire aucun commentaire sur ce dossier. Le parquet refuse également tout commentaire sur l'enquête.

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