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La plateforme anti-discriminations annoncée par Emmanuel Macron sera opérationnelle à la mi-février

Cette plateforme de signalement adossée à la Défenseure des droits sera accompagnée d'une consultation citoyenne censée aboutir à des "mesures concrètes".

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des manifestants sont rassemblés place de la République, à Paris, le 9 juin 2020, en hommage à George Floyd, mort lors d'une interpellation à Minneapolis (Etats-Unis). (MAXPPP)

C'était l'une des principales annonces d'Emmanuel Macron lors de son interview au média Brut, le 4 décembre. Selon les informations de franceinfo, mardi 2 février, la plateforme anti-discriminations voulue par le chef de l'Etat devrait voir le jour à la mi-février.

"Aujourd'hui, quand on a une couleur de peau qui n'est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé (…) On est identifié comme un facteur de problèmes et c'est insoutenable", avait déclaré le président de la République dans un contexte marqué par l'affaire Michel Zecler, ce producteur de musique noir tabassé par des policiers. "Le seul moyen de bouger, c'est de faire ce qu'on a su faire sur d'autres violences : mettre en place une plateforme commune pour que les gens puissent dénoncer de manière très simple, unique et nationale."

La Défenseure des droits au cœur du dispositif

Après un arbitrage en haut lieu, la mise en œuvre de cette plateforme a été confiée à la ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Egalité des chances, Elisabeth Moreno, plutôt qu'à Marlène Schiappa, chargée de la Citoyenneté auprès du ministre de l'Intérieur. "Fort heureusement, commente un responsable associatif. Il n'aurait pas été imaginable pour nous que cet outil soit aux mains de l'Intérieur et donc de la police, au regard du manque de confiance pas incomplètement infondé qu'elle suscite." Un choix avant tout logique, selon l'exécutif, puisque la plateforme concernera toutes les formes de discriminations, et pas seulement celles liées aux contrôles des forces de l'ordre.

Comme suggéré par Emmanuel Macron début décembre, ce sont les services de la Défenseure des droits, Claire Hédon, qui géreront cette nouvelle plateforme, en lien avec l'Etat et les associations de lutte contre les discriminations. Mais elle sera disponible sur un site internet dédié, distinct de celui du Défenseur des droits, dont le champ de compétences s'étend au-delà des questions de discriminations. Dans la forme, le futur site devrait s'appuyer sur un slogan fortement identifiable, porté par une importante campagne de communication, sur le modèle de la plateforme "Arrêtons les violences" (joignable au 3919) contre les violences sexuelles et sexistes.

Quels moyens pour cette plateforme ?

Concrètement, "l'idée est qu'il puisse y avoir en premier rideau une écoute téléphonique, et en deuxième rideau la possibilité de contacter un juriste", explique-t-on au ministère de l'Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Egalité des chances.

"Ce sera une plateforme de signalement mais aussi d'accompagnement, qui permettra d'expliquer aux personnes qui s'estiment victimes de discrimination quelles sont les différentes options qui s'offrent à elles."

Une source impliquée dans le projet

à franceinfo

La plateforme ne sera pas cantonnée aux problèmes de contrôles policiers abusifs ou de discriminations à caractère raciste. "Toutes les formes de discrimination pourront faire l'objet d'un signalement", indique le ministère, qu'il s'agisse d'emploi, de logement ou de vie quotidienne, et quelles qu'en soient les victimes. Les associations de défense des droits LGBT, des droits des femmes ou encore des personnes handicapées sont d'ailleurs amenées à s'impliquer.

Reste à savoir quels seront les moyens mis en œuvre, indispensables pour la réussite du dispositif. "Créer des points d'entrée c'est bien, mais la question importante c'est : 'Que se passe-t-il après ?'", prévient Dominique Sopo, président de SOS Racisme. Le ministère assure que "les moyens ont été mis en termes humains", sans plus de précision.

Une consultation citoyenne

Outre cette plateforme de signalement, Emmanuel Macron avait évoqué dans son interview à Brut l'idée d'un "grand sondage""les gens pourront aller dire en quoi ils sont discriminés et où". Il ne s'agira finalement pas d'un sondage, mais d'une consultation citoyenne ouverte pendant deux mois, de façon anonyme. Elle devrait être lancée environ deux semaines après la plateforme de signalement afin de ne pas brouiller la communication autour de son ouverture.

Avec cette consultation, "l'objectif est d'avoir une cartographie parfaite de la perception des Français sur la question des discriminations", estime le ministère. Elle permettra de tester des pistes de mesures à mettre en place. Chacun pourra également proposer sa propre contribution. Ce travail fera ensuite l'objet d'un rapport "avec des mesures concrètes" qui sera soumis au Premier ministre.

Ces deux outils s'inscrivent dans la volonté de l'exécutif de donner du corps à "l'acte 2 du quinquennat" théorisé après la crise des "gilets jaunes", la fameuse "jambe gauche" du mandat d'Emmanuel Macron. Selon l'Elysée, ils devraient être accompagnés d'autres annonces au cours de cette séquence consacrée au thème de l'égalité des chances.

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