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"Personne n'a pris ma défense" : victimes de "revenge porn", elles témoignent de leur cauchemar

Le "revenge porn" dont a été victime Benjamin Griveaux est un fléau en augmentation. Le nombre de faits constatés a augmenté de 12% l'an dernier. Les conséquences sont souvent dévastatrices pour la vie privée de ceux qui en font les frais.

Article rédigé par franceinfo - Nicolas Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un homme visionnant des images pornographiques (photo d'illustration). (PIERRE DESTRADE / MAXPPP)

Il y a trois ans, l'ex-compagnon de Clara diffuse des photos et des vidéos d'elle sur un site pornographique. Ce sont ses collègues qui la préviennent. Elle demande au site internet de les retirer en envoyant sa pièce d'identité, mais elle a toujours peur que ces images circulent quelque part sur internet. "Il y a des vidéos qui ont été copiées", affirme la jeune femme, mais pour être honnête, je n’ai pas envie de chercher parce que ça me dégoûte tellement que du coup ça n’est pas possible pour moi de regarder ce genre de site."

Une plainte classée sans suite

L'ex de Clara a publié les vidéos avec un pseudo qu'elle connaissait. Elle a donc porté plainte contre lui, sans succès. "Mon dossier a fait un yo-yo entre la police nationale et la gendarmerie. J’appelais pour savoir où ça en était, jusqu’au jour où la gendarmerie me dit ‘il n’habite plus à l’adresse, donc du coup on a renvoyé le dossier à Nice'", ajoute-t-elle.

Rien n'a été fait depuis trois ans.

Clara

à franceinfo

Clara ne se démonte pas et écrit au procureur de Nice. Il l'informe que sa plainte a été classée sans suite, faute de preuves. "Mais les preuves, je les ai !", rétorque la jeune femme. Elle assure avoir "beaucoup d’attestations de personnes que je connais, que j’ai pu connaître et qui m’ont vue sur des sites, donc les preuves je les ai."

"J'avais trop peur de porter plainte"

D'autres victimes refusent même de porter plainte. Iris avait 16 ans quand son ex-petit ami a partagé une vidéo d'elle dénudée. Elle n'est jamais allée au commissariat : "Je n’ai pas porté plainte parce que j’avais trop peur de porter plainte. Je ne voulais pas que mon père soit au courant parce que ça lui aurait fait trop de mal."

Cette affaire a eu lieu il y a sept ans. Iris reconnaît que les mentalités ont changé depuis. "À l’époque, on me traitait de pute, on m’appelait anonymement sur mon portable pour me traiter de tous les noms possibles et inimaginables", raconte-t-elle. "Quasiment personne n’avait pris ma défense à part mes amis proches alors que maintenant, quand il y a des choses comme ça qui sortent, les gens soutiennent quand même beaucoup les victimes", ajoute-t-elle.

Je serais beaucoup plus prête actuellement si cela ressortait.

Iris

à franceinfo

Outre la peur constante, cette violation de l'intimité est dévastatrice pour la vie sexuelle des victimes. "Pendant quasiment un ou deux ans, je n’ai même pas réussi à avoir de relations sexuelles avec la personne avec qui j’étais parce que je ne pouvais pas", se confie-t-elle. "Je n’y arrive pas en fait, tout simplement. Je n’arrive plus à tomber amoureuse, ça fait six ans que je ne suis pas vraiment attachée à quelqu’un", dit-elle.

Le "revenge porn" est considéré comme un délit depuis 2016. Les sanctions peuvent aller jusqu'à deux ans de prison et 60 000 euros d’amende.

Des victimes de "revenge porn" témoignent au micro de Nicolas Joly

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