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Cinq questions sur l’arrêt définitif de la centrale nucléaire de Fessenheim

Le démantèlement de la plus vieille centrale française devrait durer jusqu'en 2040.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), le 26 juin 2020. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Clap de fin historique après 43 ans de service. La centrale nucléaire de Fessenheim a été définitivement arrêtée ; son second réacteur a été débranché du réseau électrique national lundi 29 juin au soir à 23 heures, a annoncé EDF. Voici cinq questions sur cet arrêt historique.

Pourquoi la centrale est-elle arrêtée ?

La fermeture du site de Fessenheim, annoncée par François Hollande, avait été confirmée par Emmanuel Macron lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2017. Elle s'inscrit dans l'objectif de la France de faire baisser à 50% la part du nucléaire dans sa production d'électricité en 2035, qui implique au total la fermeture de 14 réacteurs d'ici là, dont six à huit avant 2030 (en incluant les deux réacteurs de Fessenheim).

Est-ce que c'est une première ?

Cette promesse d'Emmanuel Macron avait conduit à l'arrêt du premier réacteur le 22 février. Mais "c'est la première fois qu'une centrale nucléaire à eau pressurisée [la technologie qui équipe les 56 réacteurs restants du parc français] est arrêtée puis démantelée intégralement", explique un porte-parole d'EDF. Auparavant, d'autres centrales avaient subi le même sort, comme celle de Brennilis, dans le Finistère, mais elles utilisaient des technologies différentes, précise-t-il.

Combien de temps va durer le démantèlement ?

Après son arrêt, le démantèlement de la centrale pourra alors commencer. Il s'annonce long : 15 ans sont prévus pour démonter les deux réacteurs, à commencer par l'évacuation du combustible hautement radioactif qui, selon le calendrier prévu, s'achèvera en 2023. Le démantèlement proprement dit, inédit en France à cette échelle, devrait débuter à l'horizon 2025 et se poursuivre au moins jusqu'en 2040.

Comment réagissent les habitants ?

Victoire pour les antinucléaires français, allemands et suisses, dont certains ont milité pendant des décennies contre Fessenheim, cette fermeture suscite au contraire la colère des salariés de la centrale et de la plupart des 2 500 habitants de la bourgade éponyme, qui ont vécu pendant des décennies grâce aux importantes retombées économiques et fiscales de la centrale.

"On avance inéluctablement vers la fin. (...) Cette situation ressemble à un génocide économique, social et écologique. Courage aux salariés de Fessenheim", a tweeté vendredi la CGT de la centrale. Seuls soixante salariés EDF resteront en effet pour conduire son démantèlement vers 2024. Fin 2017, ils étaient encore 750 ainsi que 300 prestataires.

Que vont devenir le lieu et ses salariés ?

Aucun projet n'est officiellement arrêté pour l'après-Fessenheim. L'installation d'un technocentre, destiné à devenir un site-pilote de décontamination des métaux faiblement radioactifs ou encore une usine de biocombustible sont bien en projet, avec plusieurs centaines d'emplois à la clé, mais ils ne se concrétiseraient pas avant quelques années.

"Clairement, après la fermeture, on se retrouve complètement à sec", a estime le président de la région Grand-Est, Jean Rottner, regrettant la "décision politique" de l'Etat prise sans avoir prévu d'"outils de remplacement". Le gouvernement parie sur une zone d'activités baptisée EcoRhena avec "l'installation de premières entreprises fin 2021-courant 2022", selon le ministère.

Sur le plan social, "le reclassement des salariés d'EDF se passe bien" : sur les 737 salariés, "plus de 60% des situations sont pleinement réglées", d'après le ministère. Parmi les 298 sous-traitants de la centrale, plus de 170 ont réalisé un entretien de reconversion et "une centaine" est inscrite dans des formations.

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