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Port du masque avant le 11 mai : "On va créer une demande de la population qu'on ne pourra pas satisfaire" selon l’Ordre des Pharmaciens de Paca et Corse

Le Dr Stéphane Pichon, président de l'Ordre des Pharmaciens de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse appelle la population à ne pas "harceler" les pharmaciens qui ne pourront "ni acheter, ni vendre" assez de masques.

Article rédigé par franceinfo
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Le Dr Stéphane Pichon, président de l'Ordre des Pharmaciens de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, explique que les pharmacies n'auront pas les moyens de vendre des masques à l'ensemble des Français d'ici le 11 mai, date du déconfinement. (ALAIN JOCARD / AFP)

L’Académie nationale de médecine a insisté mercredi 22 avril sur la nécessité de généraliser le port du masque pour le grand public avant le 11 mai, et même "dès maintenant", a dit sur franceinfo son président Jean-François Mattei. Mais pour le Dr Stéphane Pichon, président de l'Ordre des Pharmaciens de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse et également invité de franceinfo, "on va créer une demande de la population qu'on ne pourra satisfaire quel que soit le réseau de distribution". De quoi déboucher sur une "impasse" estime le pharmacien.

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franceinfo : Que pensez-vous de l’avis de l’Académie nationale de médecine ?

Stéphane Pichon : Cette préconisation est louable et sérieuse. C’est indéniable que lors du confinement, il faudra que les gens soient masqués et gardent les gestes barrières. Mais attention. Nous, pharmaciens, avons été les répartiteurs des masques dans toute la France grâce à un maillage exceptionnel et une logistique rodée. Mais demain, avec cette préconisation de port obligatoire, on va créer une demande de la population qu'on ne pourra pas satisfaire quel que soit le réseau de distribution.

Voulez-vous dire qu’à l’heure actuelle, vous n’avez pas de masques à vendre à vos clients non-soignants dans vos pharmacies ?

Non, bien sûr que non. On a interdiction de vendre des masques chirurgicaux. Encore faudrait-il qu'il y en ait suffisamment pour toute une population. Pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, il faudrait 20 millions de masques par semaine. Le ministre Olivier Véran a assuré que les pharmacies auraient le droit de vendre des masques dits alternatifs. Mais nous demandons des masques d'une qualité irréprochable avec la norme maximale possible pour pouvoir être sûrs que nous  dispenserons aux patients des produits avec la qualité la plus sérieuse qui soit, la plus proche des masques réservés aux professionnels de santé. Or, nous n’avons pas ce type de masque. On est un peu dans l’impasse. Le petit masque réalisé à la machine à coudre dans la buanderie sera fait avec un tissu, un maillage et une filtration qu'on ne connaît pas. Les normes qu'on demande sont agréées par la Direction générale de l'armement qui fait des tests de filtration. La norme 1 filtre quasiment 90% des postillons et donc des risques éventuels. Nous sommes vraiment attentifs à tout ça.

Avez-vous observé de l’agressivité de la part de certains clients, face à l’impossibilité pour vous de leur fournir le type de masque que vous décrivez ?

Depuis le début de cette crise sanitaire, on observe une incompréhension de la population, à qui il a fallu faire comprendre que nous n'avions pas la capacité de lui fournir les masques destinés aux professionnels de santé. Mais nous avons dû subir des agressions, avec des pharmaciens molestés, des pharmaciennes agressées verbalement et physiquement, des pharmacies détruites… Si j’ai un appel à lancer à la population, ce serait celui-ci : attendez de savoir à quel moment les masques pour le grand public seront disponibles en pharmacie. Ce n’est pas la peine d'aller harceler votre pharmacien pour lui demander ces masques. Pour l'instant, il n'a pas la capacité ni de les acheter ni de les vendre, tant qu’il ne connaîtra pas la norme de ces masques.

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