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Le billet sciences. L'OMS rejette l'idée que le coronavirus a été fabriqué par l'homme

Les maladies infectieuses émergentes viennent à 65% d’agents pathogènes transmis des animaux aux hommes et en grande majorité des animaux sauvages. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un laboratoire qui travaille sur le coronavirus à Bologne (Italie). Photo d'illustration. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Le coronavirus n’a pas été fabriqué par l’homme dans un laboratoire de Wuhan. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rejeté mardi 21 avril cette idée pourtant relayée par plusieurs médias américains. Pour elle, toutes les preuves scientifiques vont vers la piste animale.

Les scientifiques l’ont déjà démontré avec les grippes aviaires, Ebola, Zika, le Sras : ces maladies infectieuses émergentes viennent à 65% d’agents pathogènes transmis des animaux aux hommes et en grande majorité des animaux sauvages. L’existence des coronavirus chez les mammifères est prouvé mais on ne les connait pas tous parce que ces virus ont une carte d’identité, un acide ribonucléique (ARN) au code très long. Ils peuvent donc avoir de multiples recombinaisons, notamment en passant d’une espèce à l’autre, jusqu’à nous, parfois.

La piste du pangolin et de la chauve-souris

Les analyses génétiques du virus ont montré qu’il appartenait au même groupe que celui d’une chauve-souris du Yunnan et plus récemment, d’autres chercheurs de l’université d’agriculture de Chine du Sud ont trouvé une forte correspondance avec celui dont le pangolin malais est porteur. Mais ce sont des analyses génétiques, faites au microscope à partir d’une carte d’identité très longue de virus. Et pour l’instant, on ne sait pas exactement comment il est arrivé jusqu’à nous. Tant que cet élément manque, il sera difficile de faire taire les rumeurs, notamment sur une responsabilité du laboratoire P4 de Wuhan, la ville berceau de l'épidémie en Chine. 

Le spécialiste des maladies infectieuses Didier Sicard regrette qu’il n’y ait pas plus d’effort de recherche pour comprendre comment le virus est passé de l’animal à l’homme. Pour cela, il faut aller enquêter sur le marché de Wuhan, il faut aller aussi dans les grottes, rapporter des échantillons et quitter le confort du laboratoire, dit-il, pour vérifier ces hypothèses. Est ce qu’une chauve-souris a uriné sur des fourmis mangées ensuite par un pangolin ? Dans une tribune au journal Le Monde (article pour abonnés), ce week end, les représentants des grands instituts de recherche comme le Muséum d'histoire naturelle, l'Institut de recherche et de développement, s’inquiètent que la biologie de l’évolution soit trop négligée dans les études de médecine et de pharmacie. La SVT n'est plus qu'une option au lycée. Pourtant, mieux comprendre comment se passe la chaîne de transmission du virus dans la nature peut nous aussi aider à la briser plus vite.  

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