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"Il faut mettre les egos de côté" : patrons de clubs de football et diffuseurs contraints à une entente pour sauver la manne des droits TV

Avec l’arrêt des compétitions à cause du Covid-19, Canal+ et Bein ont suspendu le paiement des droits télévisuels qu’ils versent aux clubs de football de Ligue 1, suscitant l'inquiétude des présidents de ces derniers et la colère de MediaPro, futur diffuseur des championnats en France.

Article rédigé par franceinfo - Cédric Guillou
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG, et Jacques-Henri Eyraud, le président de l'Olympique de Marseille. (FRANCK FIFE / AFP)

Après avoir trouvé un compromis avec les joueurs pour une baisse de leur salaire en avril, les clubs de Ligue 1 vont maintenant tenter d’infléchir la position de Canal+ et Bein Sport dans la bataille des droits télévisuels. Quatre présidents de Ligue 1 ont été mandatés pour négocier avec les chaînes Canal+ et Bein Sport, qui refusent de payer les échéances financières de leur contrat en raison de la suspension des compétitions avec la crise du coronavirus et ont stoppé les versements. Canal+ aurait dû régler 110 millions d’euros en avril et Bein 42 millions d’euros. Ce qui inquiète les dirigeants français, et provoque aussi la colère du groupe MediaPro, dont le groupe a acquis à prix d'or les droits des Ligue 1 et Ligue 2 et en sera le diffuseur à la saison prochaine.

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La prise de position de Canal+ et Bein Sport est ainsi fortement critiquée dans les colonnes du journal l’Equipe par le patron de Mediapro, futur diffuseur du championnat : Jaume Roures fustige les diffuseurs actuels des championnats français et s’estime prêt à prendre le relais dès maintenant si les choses ne s’arrangent pas. Bernard Caiazzo, président du syndicat Première ligue, espère ne pas en arriver là, et que les liens historiques entre Canal+ et le football français feront infléchir les dirigeants de la chaîne cryptée.

Canal est un partenaire de trente-cinq ans de notre football ! Je suis sûr et certain que Canal ne laissera jamais tomber le football français. Nous ne sommes pas dans cette démarche conflictuelle.

Bernard Caiazzo

à franceinfo

Quatre présidents ont été mandatés par leur confrère pour aller négocier avec Canal et Bein : le Niçois Jean-Pierre Rivère, le Marseillais Jacques-Henri Eyraud, le Toulousain Olivier Sadran, et Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG. Soit un bon casting pour le président du Stade rennais Nicolas Holveck : "Les quatre personnes que nous envoyons vont défendre les quarante autres clubs professionnels de Ligue 1 et de Ligue 2, assure-t-il. Aujourd’hui, il faut mettre les egos de côté. La seule chose qui compte, c’est de sauver tout le monde."

La présence d'El Khalaïfi gênante pour Mediapro

Il reste que là encore, la présence du président parisien gêne Mediapro et Jaume Roures, qui n’arrive pas à comprendre comment Nasser Al-Khelaïfi dirige une négociation dans laquelle il est partie prenante puisque le président du PSG est également président de Bein Media Group. Le président Lillois Gérard Lopez défend le Parisien : "Nasser Al-Khelaïfi ne s’est pas proposé, on lui a demandé. Soyons clairs là-dessus." Tout comme Bernard Caiazzo : "Je n’ai jamais vu Nasser mobilisé de cette façon-là, assure le président du syndicat Première ligue. Je ne suis pas sûr qu’à la place de Nasser, dans la même situation, il y ait beaucoup d’hommes qui respectent la mission. De sa part, c’est beaucoup de courage et une vraie volonté pour défendre les intérêts généraux du football. "

Le paiement de ces droits télés engage la survie de nombreux clubs professionnels français puisque c’est leur principale source de revenus : près de 40% du budget de certains clubs.  

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