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Pesticides dans les fruits et légumes : attention aux effets d'annonce!

L'association Générations Futures vient de publier un nouveau rapport sur la présence de pesticides dans les fruits et légumes. Mais ces données, déjà connues, ne doivent pas remettre en question le bénéfice des fameux "5 fruits et légumes par jour".
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Pesticides dans les fruits et légumes : attention aux effets d'annonce!

Ce mardi 20 février, l'association Générations futures a publié un rapport sur la contamination par des pesticides de fruits et légumes vendus dans le commerce. Les chiffres présentés sont issus de données collectées auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) au cours de la période 2012-2016.

Au total, sur les 19 fruits et 33 légumes passés au crible, l’association note "la présence de résidus de pesticides quantifiés dans 72% des échantillons [de fruits] analysés" et pour 41,1% des légumes. Le nombre d'échantillons de fruits dépassant les limites maximales de résidus (LMR) reste faible: 6,6% des cerises, 4,8% des mangues/papayes, 4,4% des oranges, 1,7% des pommes. Pour les légumes, les limites sont dépassées pour 29,4% des échantillons d'herbes fraiches, 16% de céleri branche, 2,9% de tomates et 2% de pommes de terre. Parmi les légumes, les échantillons de céleri branche sont ceux présentant les traces les plus importantes de pesticides (84,6%), devant les herbes fraiches, hors persil, ciboulette et basilic (74,5%) et les endives (72,7%). Les pommes de terre arrivent à la septième place (57,9%) et les tomates à la 13e (48,9%).

"Pas d'indications de risques sanitaires"

Mais pour Jean-Luc Volatier, de l'Anses (agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), "il n'y a pas d'indications de risque sanitaire [lié aux pesticides, ndlr] à consommer des fruits et légumes". Et Loic Tanguy, directeur de cabinet de la DGCCRF, d'ajouter : "le fait de dépasser les LMR n'implique pas nécessairement un danger". Et ce, d'autant plus qu'en cas de dépassement des LMR, un retrait du marché est demandé par la DGCCRF pour faire respecter les normes en vigueur.

Prendre en compte les LMR globales

Pour le Dr Nicolle, médecin généraliste et vice-président de l’association Alerte médecins sur les pesticides (AMLP), il est nécessaire d'aller au-delà des données brutes fournies par l'étude présentée par Générations futures. Selon lui, il est important de prendre en compte les LMR globales pour pouvoir, ensuite, évaluer les effets des pesticides sur la santé. "Il faut additionner les LMR des différents pesticides présents dans un fruit ou un légume donné pour prendre en compte l’effet cocktail, mais également faire la somme de ces LMR sur l’ensemble des fruits et légumes ingérés au quotidien pour avoir une idée de l’effet cumulatif de l’exposition aux pesticides, en particulier du fait de mécanismes d’action communs", précise-t-il. 

Privilégier les fruits et légumes malgré les pesticides

Par ailleurs, tout en soulignant qu’il est préférable d’avoir une alimentation bio pour éviter l’exposition aux pesticides via l’alimentation, le Dr Nicolle rappelle que "lorsque l’on ne peut pas manger bio [du fait du coût plus élevé des aliments bio, notamment, NDLR], il est malgré tout toujours préférable, pour la santé, de consommer des fruits et légumes conventionnels avec des LMR respectées que de ne pas en manger du tout". Qui plus est au vu des résultats de l'étude publiée récemment sur les aliments ultra-transformés :" ces aliments favorisent l'obésité, elle-même grande pourvoyeuse de cancers". Selon lui, "dans une optique de prévention des cancers, il serait dommageable que les gens mangent moins de fruits et de légumes".

Mais le vice-président de l'AMLP craint une autre conséquence possible de cette étude : "le contenu de ce rapport rejoint ce qui se dit habituellement et qui inquiète nombre de citoyens". Pour autant, "il ne faudrait pas que ces propos, du fait de leur caractère répétitif, créent une habituation, voire un déni sur les risques liés aux pesticides dans l’alimentation", conclut-il.

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