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La COP 21 et les transports 2/2

La conférence climat s’est achevée hier avec un accord international qui, s’il n’est pas entièrement satisfaisant pour chacune des 195 délégations, est tout de même un texte universel qui pose les bases d’actions communes pour contenir la hausse de température en dessous de 2°C.
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (© gf)

Si les transports aériens et maritimes ne font pas partie des accords, jamais autant d’initiatives publiques et privées n’auront été aussi concrètes.

L’échec de la conférence de Copenhague nous a enseigné 2 choses :

1/ Inviter les chefs d’état au début de la conférence et non pas à la fin !

2/ Partir du bas vers le haut et non pas l’inverse ! On s’est donc appuyé sur ce qu’on appelle les INDC, traduction : des propositions ou des contributions "d’intentions" de chaque pays mais "sans obligation" !  Chaque pays décide donc de la part du transport qu’il met à contribution dans l’objectif global de limiter le réchauffement climatique à moins de 2 degrés.

Un secrétariat de l’ONU sur les questions climatiques est chargé d’évaluer les contributions de chaque pays, et les conséquences en terme de réchauffement climatique. Puis le texte s’il est signé devient alors un engagement qu’on voudrait contraignant. C’est à dire idéalement mettre en place un gendarme international avec des inspecteurs et des surveillances satellitaires qui pourraient juger du résultat, voir au pire, sanctionner ! Mais on n'en est pas encore là, c’est toute la question de ce qu’on met dans le mot "contraignant".

Et dans le même temps les transports aériens et maritimes ne font pas partie des accords ! On peut s’en étonner, mais pour la marine, c’est encore plus compliqué, car les compagnie sont apatrides en quelque sorte, notamment avec les pavillons de complaisance qui transportent 90 % des marchandises au niveau mondial.

Alors faute d’accord,  on tente de trouver des solutions techniques, comme l’explique Hugues d’Argentré, délégué général du Gican, le groupement des industries navales. Cela va des carènes et motorisations performantes, des réductions de vitesse, des cerfs-volants tracteurs et surtout du gaz naturel tiré de la biomasse.

A la tonne transportée, le bateau consomme moins que le camion, mais les bateaux non seulement ne paient pas de taxes sur les produits pétroliers, mais ils consomment de fuel lourd 2.700 fois plus toxique que le diesel routier ! Notamment par les émissions de dioxyde de soufre qui, entre autres, acidifient les pluies ! Et selon les experts provoquent 60.000 décès prématurés par an.

Un autre exemple : ces énormes bateaux de croisières lorsqu’ils sont à quai, font tourner leurs machines pour fournir l’énergie à ces villes flottantes de plus de 8.000 habitants, qui pour le coup, s’ajoutent à la pollution locale ! Nous sommes encore loin du pollueur payeur !

Nous pourrions faire payer les bateaux lorsqu’ils font escale, mais c’est compliqué car les ports eux-mêmes se font concurrence ! Imaginez par exemple que le Havre, qui est déjà plus cher que Rotterdam, applique une taxe supplémentaire sur la pollution, cela crée une distorsion de concurrence, il faut donc un accord mondial sur le marché du carbone, et les difficultés sont nombreuses et longues et en attendant la pollution continue de plus belle...

Mais encore une fois, jamais, nous n’aurons été, grâce à la COP21, aussi près de trouver des solutions alternatives par la coopération  mondiale.

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