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La COP21 va-t-elle accoucher de la taxe Tobin 2.0 ?

La COP21 peut-elle être l’occasion de faire naître, enfin, la taxe européenne sur les transactions financières ? Cette taxe dont on en parle depuis des année est une véritable Arlésienne
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
  (© Fotolia)

Cette taxe est inspirée par l’initiative de l'économiste américain James Tobin, qui l'a inventée dans les années 70 : une taxe destinée à freiner la puissance de la finance internationale. Aujourd'hui, le projet européen est de mettre à profit une ponction sur les sommes monumentales des transactions financières mondiales pour soutenir les pays en développement.  En vain jusqu’à présent...  la ‘’TTFE’’ reste un mistigri orphelin.

 

Les points d’achoppement

Le dossier coince à plusieurs niveaux : quels contours retenir réellement pour cette taxe ? Comment l’appliquer ? A quoi serviront les fonds récoltés ? L’Union européenne propose une taxe de 0.1% sur les actions et de 0,01% sur les produits dérivés d'actions. Elle en attend 35 milliards d’euros en année pleine. Qu’en faire ? Certains veulent reverser aux pays en développement, d’autres veulent lutter contre le réchauffement climatique, d’autres encore veulent reverser les recettes aux pays qui mettent en œuvre la taxe pour augmenter leurs recettes fiscales… Bref, c’est la foire d’empoigne.

  

Pourquoi ces dissonances alors que 150 chefs d’Etats du monde entier, réunis à Paris, se disent mobilisés pour sauver la planète ?

 Il s’agit d’une affaire de gros sous. Pour être efficace, une telle taxe ne peut être envisagée que si elle s'applique à tout le monde. L'industrie financière avance ses arguments, pas totalement infondés. Cette industrie étant délocalisable instantanément (pas d'usine, pas de machines à déménager... uniquement des courtiers à déplacer avec leurs ordinateurs), si la taxe ne fait pas l'objet d'un consensus international, cela peut effectivement poser problème à certaines capitales. Paris Europlace, qui défend les intérêts de la plateforme parisienne, chiffre à 30.000 le nombre d'emplois qui pourraient être perdus ou déplacés vers d'autres villes. On pense à Londres en premier lieu.

 

Accord européen resté en suspend

 En 2013, à l’initiative de Paris et Berlin, onze pays se sont mis d’accord pour appliquer la taxe. Onze pays européens sur vingt-huit… la France a décroché ce que l’on appelle un ''accord de coopération renforcée'' pour avancer malgré les récalcitrants, dont la Grande-Bretagne et le Luxembourg. François Hollande, qui s’est montré volontariste ces dernières années sur ce sujet, obtiendra-t-il plus au Bourget ? L’issue semble difficile.

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