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Le sens des mots. La négociation, quand plus personne ne peut s'offrir d'être oisif

Tout l'été sur franceinfo, Marina Cabiten et la sémiologue Mariette Darrigrand s’arrêtent sur les termes qui ont marqué l’actualité de l’année écoulée. Aujourd'hui, le mot "négociation".

Article rédigé par franceinfo, Marina Cabiten
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les négociation sur la future relation entre britanniques et européens à Bruxelles, le 2 mars 2020. (OLIVIER HOSLET / POOL)

La négociation, c’est le négoce, donc cela veut dire faire des affaires, et ces affaires peuvent être de tout ordre. Par exemple, en diplomatie, la négociation crée toujours un mélange dans les domaines qui sont en jeu entre les pays : le commercial, le droit, le géo-politique.

franceinfo : Mariette Darrigrand, vous êtes sémiologue spécialisée dans l'analyse du discours médiatique et dirigeante du cabinet Des faits et des signes. C’est ce melting-pot pas toujours clair qui se transporte dans la politique, notamment avec les habituelles négociations entre syndicats et gouvernement. 

Mariette Darrigrand : pour comprendre ce mélange, il faut revenir à l’origine de "négoce”. Au départ, la notion ne concerne pas spécialement le commerce. Elle est beaucoup plus large, elle désigne tout un ensemble d’actions humaines. C’est le contraire de l’oisiveté, qui se dit -otium- en latin. Neg-otium : tout ce qui n’est pas loisir, farniente. Dans Le Roman de la rose, une oeuvre poétique française qui a été un “best-seller” au Moyen-Âge, il y a ce personnage de la belle oiseuse, c’est celle qui ne fait rien de ses blanches mains. Elle est très au-dessus des autres femmes. Ce terme d’"otium" est central dans la culture latine dont nous avons héritée. C’est le summum de la vie aristocratique. L’idéal, le luxe suprême. 

Le négoce au départ est donc un peu vulgaire, c’est ce que font tous les gens qui ne sont pas bien nés, pas assez riches pour ne rien faire. Ils peuvent être marchands, artisans, explorateurs, etc. Alors que de nos jours, non seulement négocier n’est plus réservé aux pauvres, mais c’est un terme qui est rentré dans le langage courant de tous les Français. 

Oui et on lui retrouve ce côté fourre-tout dans les expressions de tous les jours, de “bien négocier un virage” à “non désolée, on a dit que tu gardais les enfants ce soir pour que je sorte, c’est pas négociable.” Sans oublier le diminutif de négociation souvent employé, “négo.”

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