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La taxe Tobin n'est pas encore une réalité

François Hollande espérait qu’un accord sur la Taxe sur les Transactions Financières (TTF) serait trouvé à Bruxelles, au moment de la COP21, afin de financer la lutte contre le réchauffement climatique. On en est loin. Mardi dernier, les ministres des Finances n’ont trouvé qu’un compromis à minima. Et malgré les promesses de Bruxelles et Paris, la TTF n’entrera pas en vigueur le 1er janvier.
Article rédigé par Julie Bloch-Lainé
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Pierre Gattaz, le président du  Medef se dit "biologiquement allergique à toute nouvelle taxe".  © MaxPPP)

Cette taxe, c’est pourtant une vielle histoire dont on parle depuis les années 70, depuis que le prix Nobel d’Économie, James Tobin, a suggéré de ponctionner certaines opérations sur le marché des changes pour limiter la volatilité, autrement dit, la variation du cours des monnaies.

Ce concept a été repris dans les années 90  par le mouvement Attac afin de taxer l’ensemble des transactions pour financer l’aide au développement. Mais c'est en 2011, avec la crise financière, que l'idée devient un projet européen : celui d'une taxe très faible mais sur un grand nombre d'opérations afin, notamment, de décourager la spéculation.

Le sujet est sensible. Londres et sa puissante City ne veulent pas en entendre parler. Impossible de trouver un compromis  au niveau de l’Union Européenne sur la question. Il est donc décidé de travailler à une échelle réduite, celle de 11 pays : la France, l'Allemagne, la Belgique, l’Italie, le Portugal, l'Autriche, la Slovénie, la Grèce, l'Espagne, la Slovaquie et l'Estonie.

 

 

 

Le président de la Société Générale dénonce ainsi  "une taxe idéologique, qui serait un suicide pour le marché financier européen" . Du côté du patronat, Pierre Gattaz, le président du  Medef se dit "biologiquement allergique à toute nouvelle taxe" .

Aux yeux de ses détracteurs, une TTF à 10 ou même 11 pays n'a aucun sens dans le monde de la finance globalisée. Car si on ponctionne, même à 0,1%,  les transactions à un endroit, elles iront se faire ailleurs, sur d'autres places financières y compris européennes, comme Londres, Luxembourg ou encore Amsterdam.

Cela pourrait avoir de lourdes conséquences en France pour le financement des entreprises sur les marchés et pour l’emploi dans le secteur des services financiers. 30.000 postes seraient ainsi directement menacés en France d'après Jean-Claude Trichet, l'ancien président de la Banque Centrale Européenne.

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