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Le décryptage éco. Un smic européen est-il possible ?

La création d'un smic européen pour limiter la concurrence entre les différents pays est un des thèmes de la campagne des élections européennes 2019. Un smic européen est-il possible ? Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des billets de 10, 20 et 50 euros. (AURÉLIE LAGAIN / RADIO FRANCE)

Les élections européennes ont lieu dimanche 26 mai et un sujet divise en matière économique : la création, ou pas, d'un smic européen. Aujourd’hui, on ne peut pas mettre en place un smic européen tout simplement parce que l’Union européenne n’a pas le pouvoir de légiférer sur les rémunérations. C’est un domaine qui relève de la souveraineté des Etats.

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Et beaucoup n’ont pas envie de transférer ce pouvoir à Bruxelles. Instaurer un smic européen, c’est un choix politique. Les pays membres peuvent le décider mais cela voudra dire une règle commune, pas une somme identique parce qu’il y a de grands écarts entre les pays.

22 pays sur les 28 de l’Union ont déjà un salaire minimum national. C’est au Luxembourg, qu’il est le plus haut : 2 071 euros brut par mois. Et en Bulgarie qu’il est le plus bas de l’Union : 286 euros mensuels. La France se situe à la sixième place avec son smic à 1 521 euros brut, ce qui fait 1 171 euros net. On arrive derrière l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas ou encore l’Irlande. Quand on regarde les dernières données d’Eurostat, d’où sont extraits ces chiffres, on se rend compte qu’il y a trois grands ensembles. A l'ouest de l'Europe, le smic dépasse les 1 000 euros mensuels. Au sud et au centre, il varie entre 500 et 1 000 euros. A l’est, les salaires minimum nationaux sont en dessous de 500 euros mensuels.

Un seuil pour une harmonisation

La question est de savoir où mettre le curseur. On imagine mal des pays accepter de baisser le niveau de leur smic, sous prétexte que Bruxelles l’impose. Imaginez le tollé. Quant à l’augmenter, là aussi ça déstabiliserait les économies nationales. D’où l’idée de plusieurs candidats aux élections européennes de mettre en place un seuil. En créant un salaire minimal qui correspond à 50, 60, 75% du salaire médian du pays, c’est-à-dire ce niveau qui partage les populations en deux parties égales; En France, le salaire médian c’est 1 800 euros net. Ce système permettrait, certes, d’harmoniser les niveaux mais ce n’est pas gagné pour autant.   

Six pays n’ont pas de smic : Chypre, l’Italie, le Danemark, la Suède, la Finlande, et l’Autriche. Ce qui ne veut pas dire que dans ces six pays, il n’y a pas du tout de salaire minimal : il y a un seuil, mais il est fixé par les syndicats et le patronat, en fonction des branches professionnelles, c’est-à-dire en fonction des secteurs, et cela fait l’objet de négociations collectives. Et en général, ces pays sont très attachés à ce système. En Italie, ils ne veulent pas que l’Etat s’en mêle et Bruxelles, encore moins. Pareil pour les pays du Nord, le Danemark, la Suède ou encore la Finlande, très attachés à la culture du dialogue social.   

Les propositions des candidats n’ont donc pas beaucoup de chances d’aboutir. Ça semble assez conceptuel. Globalement, en France, si on regarde, ce sont surtout les partis de gauche et La République en marche qui militent pour la création d’un smic européen : ils se divisent sur le seuil à adopter, alors que les partis classés à droite, eux, ne veulent pas en entendre parler.

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