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Le décryptage éco. Les erreurs économiques du quinquennat Hollande

Franceinfo a choisi de dresser le bilan du quinquennat Hollande. Sur le plan économique, il est entâché de plusieurs erreurs, estime Vincent Giret du journal Le Monde. 

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
François Hollande lors d'une visite à l'usine Petit Bateau à Troyes, le 6 avril 2017  (BERTRAND GUAY / AFP)

Quel bilan économique retiendra t-on du quinquennat de François Hollande ? Si on se place dans la peau d’un historien, il ne resterait je le crois qu’une seule chose : l’effort sans précédent fait pour la compétitivité des entreprises, les fameux CICE et le pacte de responsabilité. Cela peut paraître paradoxal. D’abord parce que ce choix économique a été improvisé en cours de quinquennat. Il n’était pas annoncé dans le programme de François Hollande et il n’entre pas dans la boite à outil classique de la gauche en matière économique. Mais, avec près de 40 milliards d’euros par an d’abaissement de charges, Hollande aura conduit ce qu’on appelle clairement une vraie politique de l’offre : l’idée était de redonner des marges aux entreprises à un moment critique, pour qu’elles investissent et montent en gamme ou alors de leur permettre de baisser leurs prix de vente et de regagner des parts de marché. On pourra dire que le dispositif tient de l’usine à gaz, et c’est vrai, qu’il a été très lent à produire des effets, c’est aussi vrai, et c’est d’ailleurs toujours le cas pour les politiques de l’offre, mais le fait est que ce choix politique commence à produire des effets spectaculaires. On lui doit clairement l’amélioration de la situation de l’emploi. Et cela devrait continuer. N’en déplaise à certains, les baisses de charges, ça marche. La compétitivité de la France s’est nettement améliorée, même si il y a encore du chemin à parcourir.  

La France toujours sixième puissance économique mondiale 

Peut-on pour autant dire que l'économie de la France se porte mieux en 2017 qu'en 2012  ? Ce n’est clairement pas ce que ressentent les Français. Plus des deux-tiers d’entre eux considèrent même que la situation s’est dégradée. Globalement, la France reste la sixième puissance économique, juste derrière le Royaume Uni. Mais si les Français ont collectivement le sentiment, que la situation s’est dégradée, malgré les bons résultats tardifs sur l’emploi, c’est à la fois parce que les effets négatifs de la crise de 2008, très sous-estimés par François Hollande au début de son mandat, se sont encore fait sentir, mais aussi parce que les Français ont le sentiment que leurs efforts collectifs n’ont pas été récompensés. Les 32 milliards de hausse d’impôts du quinquennat ont été perçus comme extrêmement violents, sans que cela produise des résultats tangibles. D'abord, la croissance est restée en France plus faible que chez nos voisins européens. Ensuite, nos comptes publics demeurent extrêmement fragiles. Et on peut donc imputer à François Hollande, deux erreurs de politiques économiques.

Une occasion manquée 

La première erreur, c’est ce que les économistes appellent une erreur de réglage de la politique économique, une erreur de "policy mix" : le choc fiscal fut à la fois trop violent et fait à un très mauvais moment du cycle économique européen. Il a donc contribué à la récession, ou à la stagnation, parce que de nombreux pays ont mené au même moment des politiques restrictives.

La seconde erreur, c’est que la France a manqué une opportunité inouïe de faire des réformes plus profondes, plus décisives. La France a bénéficié d’une conjonction exceptionnelle avec à la fois des taux d’intérêts au plus bas, un euro faible et des prix de l’énergie qui s’étaient effondrés. Il n’y avait pas meilleure occasion pour corriger les défauts structurels de notre économie. Le président Hollande pourra toujours arguer qu’il n’avait déjà plus de majorité prête à soutenir ces réformes, mais du coup, il lèguera une situation fragile à un moment qui semble moins favorable. Avec à la fois un endettement historique, et une dépense publique qui a continué à s’accroître sans être financée autrement que par l’emprunt. Et cela aussi restera dans le bilan économique de François Hollande.

 

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