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Le décryptage éco. Le Medef et l'âge du capitaine

Le Medef est engagé dans la succession de Pierre Gattaz et vote lundi sur un point important, déterminant pour savoir qui sera le prochain président du patronat.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (L'Opinion)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Jean-Dominique Senard, Geoffroy Roux de Bezieux, Alexandre Saubot et Pierre Gattaz, lors de l'université d'été du Medef le 29 août 2017. (ERIC PIERMONT / AFP)

Le Medef a des problèmes avec l’âge et le rajeunissement. Lundi 11 décembre, son conseil exécutif, qui joue le rôle de gouvernement au sein Medef, va voter pour dire si oui ou non, on peut être candidat à la présidence du patronat quand on a 65 ans passés.

Dans les statuts de l’organisation, la limite d’âge pour postuler est de 65 ans. Oui mais… 65 ans et un jour ? Jusqu’à la veille des 66 ans ? Ou alors, dès le lendemain des 65 ans, c’est fichu, on ne peut plus se présenter ? L’enjeu est important car derrière cette histoire d’âge, il y a la possibilité de laisser ou pas Jean-Dominique Senard concourir. Jean-Dominique Senard, c’est le patron de Michelin, le leader du pneumatique, qui aimerait bien succéder à Pierre Gattaz.

Pierre Gattaz finit son mandat en juillet prochain, et Jean-Dominique Senard va avoir 65 ans, le 7 mars 2018. Il aura donc 65 ans et 4 mois, au moment de l’élection.

La règle et l'interpétation de la règle

Il y a un bien un règlement mais d’après Pierre Gattaz, et ceux qui aimeraient bien que le patron de Michelin lui succède, ces statuts ne sont pas assez précis. Lundi, au Medef, 45 patrons vont donc passer une partie de l’après-midi de lundi à décider quelle sera l’interprétation de la règle.

Personne n’est capable de prédire le résultat du vote, mais ça promet un véritable imbroglio. Car forcément, il y a d’autres candidats qui, eux, n’ont pas de problèmes d’âge et qui font la soupe à la grimace. Et puis cela rappelle des mauvais souvenirs, car en 2013, Laurence Parisot, qui dirigeait le Medef avant Pierre Gattaz, avait elle aussi tenté de modifier les statuts pour faire un troisième mandat. Elle avait échoué.

Tout cela donne le sentiment de petits arrangements entre grands patrons. Senard représente le CAC40 alors que le Medef se targue de représenter toutes les entreprises, et notamment les plus petites. Et déjà que l’image du Medef n’est pas très reluisante, cela n’arrange rien.

Au-delà de savoir qui va incarner le Medef après Pierre Gattaz, il y aurait de vraies questions à se poser sur le rôle du patronat. Est-ce qu’il doit être surtout un lobby ? Ou continuer à être dans la gestion d’institutions paritaires comme les retraites , l’assurance chômage ? Que doit il faire pour aider les entreprises , à exporter, à recruter, etc. ? Plutôt que de débattre sur ces sujets de fond, les patrons vont se concentrer sur l’âge du capitaine.

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