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Le destin de Ravi Shankar, la star du sitar

Le plus célèbre musicien indien disparaît à l'âge de 92 ans. Né à Bénarès, le père de la chanteuse Norah Jones avait découvert son art... à Paris.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
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Ravi Shankar était très âgé mais jusqu'au bout, il est monté sur scène.

Le mois dernier encore, il donnait un concert près de chez lui, en Californie. Il était là, bien présent, avec son sitar - cet instrument qui ressemble à un luth avec un long manche. Ravi Shankar était une vedette dans le monde entier, bien avant l'invention de la "World musique".

Sa vie commence à Bénarès, en Inde. Le petit garçon appartient à la classe moyenne. Mais il est surtout un enfant de la balle. Son frère organise des tournées pour faire connaître la musique et la danse indiennes. Ravi Shankar participe au spectacle. Et c'est ainsi qu'il se retrouve à Paris, dès 1930. Un jour, il a raconté à Bertrand Dicale ses premiers souvenirs de la France : "je suis arrivé à l'âge de dix ans. Nous avions une maison dans le XVIème arrondissement, près d'Auteuil. J'allais à l'école Saint-Joseph, près du métro Michel-Ange-Molitor. C'est au théâtre des Champs-Elysées que je suis monté pour la première fois sur scène ".

Il rencontre alors un artiste qui va changer sa vie : Baba Allauddin Khan. Ce musicien est épris de spiritualité. Ravi Shankar le suit, chez lui, dans son village, en Inde. Il y reste sept ans. Son apprentissage est austère. Le jeune homme vit au milieu des scorpions et des serpents. Il travaille douze à quatorze heures par jour. Son maître a des principes : pas d'alcool, pas de tabac, pas de drogue, pas de sexe, afin de concentrer l'énergie.

Après cette expérience, Ravi Shankar connaît sa mission. Pendant des décennies, il va populariser cette musique ancestrale. En Inde, d'abord, puis dans le monde entier. Toutes les occasions sont bonnes. Il compose des musiques de films pour le réalisateur Satyajit Ray. Il joue avec le violoniste Yehudi Menuhin, avec le saxophoniste John Coltrane. Dans les années  1960, il devient l'idole des babas cool. On le voit même au festival de Woodstock, en 1969. Entre-temps, le guitariste des Beatles, George Harrison, est devenu son élève. Ravi Shankar n'a jamais peur de tenter des expériences. Il l'a répété encore dans une interview à Xavier Lacavalerie, pour Télérama, en 2003 : "j'ai essayé de sauvegarder l'essentiel, la spiritualité de cette musique et tous ses aspects, divertissants, méditatifs et virtuoses ". Il faisait l'éloge de son instrument et de sa tradition : "on ne sait jamais à l'avance ce que l'on va jouer. Cela dépend de l'humeur, de la salle, du public, de l'inspiration du moment. Dans la musique indienne, tout est réglé avec une précision quasi mathématique, mais tout doit jaillir dans la grâce de l'instant : une extrême discipline, accompagnée d'une totale liberté ".

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