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La cathédrale de Reims: de la destruction aux reconstructions

L’incendie de Notre Dame et la question de sa reconstruction déjà posée nous renvoie à la destruction d’une autre cathédrale, inscrite dans l’histoire de France, celle de Reims, victime des bombardements allemands à la fin du mois de septembre 1914…  

Article rédigé par franceinfo
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La cathédrale de Reims (Marne). (FRANCE 3)

« La cathédrale de Reims n’est plus qu’une plaie » écrit Albert Londres, qui invente quasiment à ce moment-là le grand reportage. Accompagné d’un photographe, ces récits de la cathédrale de Reims, lieu du sacre des rois de France,  choquent la France et le monde.  

Les yeux pleins de larmes, impuissants

La population de Reims est sidéré. Ecoutez les mots prononcés par le cardinal archevêque de Reims, Monseigneur Luçon. L'archive date des années 1920, et pourtant, les mots qu’il emploie correspondent très exactement à ce qui s’est passé hier à Paris…  

Riches et pauvres, civils et militaires, croyants et non croyants, tous sont là. Debout, les yeux pleins de larmes, frémissants de douleur et d'indignation, mais impuissants

Monseigneur Luçon

Une même sidération impuissante face à la destruction de la cathédrale, mais il y a tout de même une différence de taille.

La destruction n’est pas accidentelle comme les premiers éléments de l’enquête le suggèrent pour Notre Dame. La destruction de la cathédrale porte la main de l’ennemi allemand, qui il est vrai s’acharneront pendant quatre ans sur l’édifice, et dès septembre 1914, la propagande s’en donne à cœur joie à l’époque, en pleine guerre rappelons-le, pour dénoncer les barbares teutons qui détruisent un joyau gothique, la civilisation, et l’on parle beaucoup de l’effondrement de l’ange au sourire, brisé en une vingtaine de morceaux, symbole de la France innocente, victime d’un ennemi barbare.

Vingt ans plus tard, la cathédrale est reconstruite

Mais à force d’efforts et aussi de financements essentiellement américain, la cathédrale de Reims est reconstruite.   

En juillet 1938, grâce à l’argent de Rockefeller (comme quoi que des milliardaires s’engagent, ce n’est pas si nouveau) vingt ans après la fin de la Grande Guerre, eh bien, c’est le grand jour. Le béton armé a fait des miracles. Ecoutez ce reportage des Actualités Françaises...

"Aujourd'hui, les orgues majusteux poumons de l'édifice sont de nouveau envahies par l'air. Elles ont été bénies et pour la première fois depuis la guerre, nous l'entendons. Derrière ces vitraux restaurés, sa nef rebâtie, la cathédrale toute entière nous montre sa neuve et vivante beauté. Et maintenant les cloches résonnent à toute volée en signe d'allégresse et de joie."

Une reconstruction politique

Symbole de la haine franco-allemande, la Cathédrale de Reims va poursuivre sa reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, mais désormais, ce qu’elle construit c’est l’amitié franco-allemande.

Et pour s’en convaincre, c’est là que le chancelier ouest allemand Konrad Adenauer se rend à l’invitation du général de Gaulle, en 1962. Les Actualités Françaises s'en font l'écho: 

"C'est à la cathédrale de Reims où la messe était célebrée que s'achevait en compagnie du général de Gaulle la visite en France du chancelier Adenauer. Et sous ces voutes prestigieuses, à travers deux hommes, deux peuples se retrouvaient."

Peut-être que c’est le peuple français qui peut se retrouver dans la reconstruction de Notre Dame, ce serait une belle perspective, à la hauteur du drame d’hier.

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