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Histoires d'info. Ce que l'élection d'une femme noire et lesbienne à la mairie dit sur l'histoire de Chicago

Une fois encore, Chicago est le centre de l'intérêt politique américain. L'élection de Lori Lighfoot, une femme noire et lesbienne à la tête de la ville n'est pas une surprise quand on s'intéresse à l'histoire politique de Chicago depuis 40 ans. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Lori Lightfoot los de la campagne électorale qui l'a portée à la mairie de Chicago. (KAMIL KRZACZYNSKI / AFP)

Chicago est une sorte de laboratoire de la vie politique et culturelle américaine ces dernières années. En 2008, la ville devient le centre du monde avec l'élection de Barack Obama. C’est le soir du 4 novembre 2008… "Un nouveau jour qu'on a fêté hier jusqu'au bout de la nuit, comme si Chicago ne voulait pas s'endormir de peur que ses rêves ne gâchent cette réalité" (TF1, 13h).

Barack Obama n'est pas de Chicago mais c'est là qu'il s'est éveillé à la politique en devenant travailleur social à South Side, le ghetto noir d'une ville hyper ségréguée socialement et racialement. C’est d’ailleurs Chicago qui abritera la Bibliothèque présidentielle de Barack Obama, mélange de musée et de centres d’archives. Rappelons qu’Hillary Clinton aussi vient de Chicago. On l’oublie aussi souvent mais c’est aussi la ville du révérend Jesse Jackson qui avait failli remporter l’investiture du parti démocrate en 1988.

1979 : une première femme à la mairie

Chicago est une ville démocrate, sans aucun doute possible ! Lori Lighfoot  n’est pas la première femme à prendre la tête de la troisième ville du pays. En 1979, à la surprise de beaucoup, une femme gagnait la mairie d’une ville avec une image très virile, une ville, à l’époque, d’ouvriers, mais comme toute la région, frappée par la désindustrialisation.   

"Jane Byrne a porté un air nouveau à Chicago. Les noirs et les hispaniques lui ont fait confiance parce qu'elle a mené avec efficacité pendant des années la croisade anti-pauvreté" (Antenne 2, 1980).

Lui avait succédé en 1983 Harold Washington, le premier maire noir de la ville. Bref, Chicago est une ville qui a souvent été en pointe dans l’élection de personnalités qui incarnaient une nouveauté. Une nouveauté rendue souvent nécessaire par la profondeur des crises et des luttes à mener, lutte contre la pauvreté, contre les inégalités raciales et contre la criminalité. Depuis quelques années, tous les ans, la ville, qui perd des habitants, totalise plus de meurtres que Los Angeles et New York réunis. Dans ces conditions, les électeurs sont enclins à accorder leur confiance à de nouvelles personnalités, comme Lori Lighfoot.  

2019, une lesbienne à la tête de la ville

Lori Lighfoot qui a fait son coming out il y a de nombreuses années n’a pas hésité à mettre en avant sa sexualité. Il faut dire que depuis le milieu des années 2000, les Américains considèrent de plus en plus majoritairement qu’être gay est légal. Aujourd’hui, les trois quarts des Américains le pensent.

L’un des candidats démocrates à l’investiture en vue de 2020, Pete Buttigieg, est marié avec un homme. Je ne sais pas si c’est un atout pour être élu, mais au moins c’est de moins en moins un problème pour les électeurs.  

Reste que l'élection de Lori Lighfoot aujourd'hui, ou de Barack Obama hier, ne font pas d'eux des personnalités représentatives pour autant. Ils sont davantage des exceptions. Obama est métis et le fils d’un Africain et non d'un Africain-Américain, et Lori Lighfoot est, on l'a dit, lesbienne.

Cependant, au-delà de leurs programmes et de leurs compétences, ils racontent des grandes histoires ; ils tendent un miroir flatteur à leurs électeurs, celui d’une Amérique (ou d’une ville) où tout est possible.

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