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Expliquez-nous... L'excision

On estime que 60 000 femmes sont concernées, en France, par des mutilations génitales. Dans le monde, elles sont 200 millions. Alors que le gouvernement lance un "plan national d'action" dans ce domaine, focus de franceinfo sur la pratique de l'excision.

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
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Publié Mis à jour
"Les mutilations génitales féminines sont illégales et sont une violation des droits de l'enfant": Campagne préventive contre l'excision à Katanok, au nord de l'Ouganda, en janvier 2018.  (YASUYOSHI CHIBA / AFP)

Ce qu'on appelle excision regroupe au sens large toutes les mutilations sexuelles des femmes: ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, mais aussi plus globalement toute lésion sur les organes génitaux pratiquée pour des raisons non médicales. L'Organisation mondiale de la santé les classe en quatre catégories.

L'excision, une pratique en vigueur dans 30 pays du monde

On estime que plus de 200 millions de jeunes filles et de femmes sont victimes de mutilations sexuelles dans le monde. Des femmes, des jeunes filles, parfois des petites filles sont concernées : plus de trois millions de jeunes filles et de fillettes sont, chaque année, menacées par ces pratiques dans le monde. 

Ces mutilations sont le plus souvent pratiquées entre l'enfance et l'âge de 15 ans. Elles ont lieu dans trente pays d'Afrique, du Moyen Orient et d'Asie, ainsi que dans certaines communautés de migrants en Amérique du Nord et en Europe. C'est donc une problématique mondiale.

Une pratique aux origines très anciennes, une volonté de contrôle de la sexualité et du plaisir féminins

Les origines sont assez floues mais seraient antérieures au christianisme et à l'islam. Elles ne sont pas liées à une religion spécifique, et les autorités religieuses ont pu, d'ailleurs, selon les régions et les époques, avoir des positions très variables sur le sujet. La pratique pourrait remonter à l'Egypte antique.

Les raisons pour lesquelles ces mutilations ont été, et sont pratiquées, mais aussi la façon dont elles sont justifiées peuvent varier d'une région à l'autre et dans le temps. Elles relèvent à la fois de conventions, de pressions sociales (faire ce qui a été toujours fait par crainte d'être rejeté) mais aussi d'une volonté d'assurer la virginité avant le mariage, la fidélité conjugale, favoriser le mariage des jeunes filles, et contrôler la libido. il existe quasiment toujours un besoin de contrôler la sexualité feminine, ou de couper ce qui, dans l'anatomie des femmes, est perçu comme non féminin, s'apparentant à l'anatomie masculine. Dans l'article consacré au clitoris dans l'Encyclopédie au milieu du XVIIIéme siècle, Diderot décrivait d'ailleurs : "une partie extrêmement sensible", "siège principal du plaisir dans la femelle", ajoutant : "lorsqu’il avance trop en-dehors de la femme, on en retranche une partie".

Des conséquences physiques très douloureuses et de lourdes répercussions psychologiques potentielles

Les conséquences physiques et physiologiques de ces actes commencent à être connues : douleurs intenses, risques d'infections, de transmission du VIH, ou d'hémorragies potentiellement mortelles, conséquences sur la vie sexuelle, sur les grossesses ou les accouchements. En revanche, les traumatismes et les états post-traumatiques liés à ces mutilations, à la façon dont elles se déroulent, au choc ressenti, sont parfois beaucoup plus difficiles à évoquer par les jeunes filles ou même les femmes concernées. Ces silences rendent parfois difficile la détection de ces souffrances. Les conséquences de ces pratiques, plus encore que les pratiques elles-mêmes, sont encore souvent taboues.

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