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En route vers Paris 2024. La leçon du maître

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, nous fait vivre de l’intérieur le quotidien d’un sportif de haut niveau.

Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le matin de la compétition, l'athlète Edern Annic révise les derniers détails avec le maître d'armes Jean Philippe Daurelle. (BIZZI TEAM)

"Donner la leçon" : à travers cette expression, il y a indéniablement l'image d'un enseignant ou d'un supérieur qui expliquerait la vie à son élève. Un escrimeur entendra souvent cette phrase durant sa carrière. En moyenne, "on prend trois fois la leçon" par semaine. Ces expressions pour des non-initiés peuvent résonner de manière incongrue mais pour un escrimeur, rien d'étonnant.

Pour surjouer avec l'image chevaleresque qui colle parfois trop à la peau de l'escrime, on peut ajouter qu'on prend la leçon avec "notre maître d'armes". Au sein du collectif France, une minorité d'athlètes continue de nommer leur entraîneur par le mot "maître".

Une chose est sûre, ce sont des maîtres quand il s'agit de mouiller le maillot. Les entraîneurs peuvent donner jusqu'à huit leçons de 45 minutes par jour. Entre chacune, ils doivent être capables d'ajuster leurs exigences techniques en fonction de l'athlète.

Charleine Taillandier en leçon avec Jean Philippe Daurelle avant d'entrer en piste au Grand Prix de Séoul. (BIZZI TEAM)

Intimité, réflexion et sueur

La leçon est un moment privilégié et intime entre l'athlète et son maître d'armes. L'instant d'une petite heure, on peut se retrouver sur la piste d'entraînement et échanger sur notre état tactique, physique et technique. Intime, car l'entraîneur n'est pas aspiré par le quotidien. Il n'a pas tout le collectif à gérer. Seul son élève doit être au cœur de sa préoccupation.

Durant une leçon, l'entraîneur ne bouge pas avec la même précision que l'athlète. Ses pas ressemblent davantage à de la course ou à des pas chassés. Quand le rythme s'accélère, les athlètes doivent redoubler de précision. En quelques allers et retours (la piste mesure 14 mètres), l’entraîneur peut nous faire exploser physiquement car des marches et des retraites d'escrimeurs restent plus exigeantes qu'un pas de courses.

Le jour de la compétition

Le matin de la compétition, nos entraîneurs doivent enfiler leurs plastrons. Pour compléter nos échauffements, on prend la leçon une quinzaine de minutes pour établir le plan tactique avant d'affronter notre adversaire.

Les maîtres d'armes sont nombreux à être capables de donner la leçon des deux mains pour coller au plus près au jeu de notre futur(e) adversaire. Un gaucher n'aura pas les mêmes trajectoires de lame qu'un droitier. L'entraîneur doit être capable d'imiter au mieux son attitude. Il y a quelques années, le célèbre entraîneur de natation, Philippe Lucas, avait flatté nos coachs et reconnu qu'il était plus facile pour un entraîneur de souffler dans un sifflet au bord d'un bassin que d'être maître d'armes.

Au matin des compétitions, les entraîneurs Julien Médard et Cyril Verbrackel enfilent la tenue avec le sourire. (BIZZI TEAM)

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