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En Malaisie, une application de rencontres controversée met en contact des hommes aisés avec des étudiantes précaires

Sugar Book, une application malaisienne de rencontres qui met en relation des hommes aisés et des jeunes femmes dans le besoin, affirme connaître beaucoup de succès depuis la crise du coronavirus. Son fondateur a été arrêté pour trouble à l'ordre public.

Article rédigé par franceinfo - Gabrielle Maréchaux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Chan Eu Boon, le fondateur de Sugar Book, arrive dans un tribunal près de Kuala Lumpur (Malaisie), le 24 février 2021 (FAHMI DAUD / AFP)

En Malaisie, l'application Sugar Book met en relation des "Sugar Daddy", c'est-à-dire des hommes plus ou moins jeunes mais fortunés et des "Sugar Babies", des jeunes femmes en quête de sérénité financière. L'application est controversée en Malaisie, à tel point que son fondateur a été arrêté puis auditionné par un tribunal le 24 février 2021 pour trouble à l’ordre public.

Dans le viseur des autorités : un classement des universités malaisiennes qui comptent le plus de "Sugar Babies", réalisé à partir des statistiques internes de l'application. Sugar Book, dont le slogan est "quand la romance s’accorde avec vos finances", l'a publié un peu avant la Saint-Valentin. 

En réponse à ce sondage qu'elles considèrent mensonger, les universités ont déposé 74 plaintes. La police a fini par arrêter le fondateur de Sugarbook, qui risque jusqu’à deux ans de prison. 

Une affaire révélatrice de la précarité étudiante

Sugar Book affirme connaître beaucoup de succès depuis le début de la crise économique liée à la pandémie de coronavirus, notamment auprès des étudiantes précaires, un public ciblé par l’application. Les services sont gratuits pour les étudiantes si elles s'inscrivent avec leur adresse mail d’université par exemple. 

Depuis le début de la pandémie, le pays compte de plus en plus d'étudiants précaires qui doivent, qui plus est, payer d'importants frais de scolarité. L’université Sunway, celle qui compterait le plus de "Sugar Babies" sur son campus d'après l'application, affiche des frais de scolarités de 12 200 euros et qui n'ont pas baissé depuis le début de la pandémie. 

Le site soupçonné de prostitution

Ce dossier rappelle des affaires judiciaires en cours en Belgique et en France, où ce genre de site de rencontres n’a cependant encore jamais été condamné. En Malaisie, l’application Sugarbook se protège en assurant qu’elle ne fait que mettre en relation des personnes. Et sur sa page Youtube, la société rappelle que le sexe n'est pas obligatoire. A la question "est-on obligée d’avoir des relations sexuelles ?", voici la réponse d'une "Sugar Baby" "Si vous n’êtes pas à l’aise avec cela, soyez franche. Et rappelez-vous, ça n’est pas parce qu’ils paient le resto que votre corps leur appartient. Moi je ne fais jamais l’amour après un premier rendez-vous. Je suis une personne conservatrice, j’aime prendre mon temps. S’ils veulent ça, qu’ils s’en donnent les moyens. Achetez-moi quelques sacs à main et je réfléchirai."

D’autres observateurs dénoncent l'hypocrisie des politiciens qui se sont empressés de s’inquiéter de la moralité des étudiantes, mais qui restent silencieux lorsqu’il est question des mariages précoces par exemple.

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