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En Israël, Amnesty international accuse les géants du tourisme en ligne de complicité de crimes de guerre

Pour Amnesty international, en faisant la promotion du tourisme dans les territoires occupés, les compagnies comme Booking.com, TripAdvisor, Expedia ou Airbnb, sont complices de "violations des droits de l'homme" et feraient, in extenso, "du profit sur un crime de guerre".

Article rédigé par franceinfo, Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Amnesty organise une manifestation devant le siège britannique de la société de voyages américaine Tripadvisor le 30 janvier 2019. (TOLGA AKMEN / AFP)

Amnesty international lance une offensive contre les géants du tourisme en ligne. Dans un rapport, publié mercredi 30 janvier, l’organisation des droits de l’homme accuse Booking.com, TripAdvisor, Expedia et Airbnb de complicité de crime de guerre. Leurs sites font la promotion du tourisme dans des colonies des territoires occupés en Palestine.

Les Israéliens encouragent le tourisme dans ces zones en prolongation d’une stratégie gouvernementale qui fonctionne bien : le tourisme est un axe de développement pour Israël. Les chiffres sont d'ailleurs record pour l’année écoulée : quatre millions de visites, dont un peu moins de la moitié dans des secteurs occupés parmi lesquels la partie annexée de Jérusalem d’après Amnesty Internationale.

Il faut comprendre que c'est une région incroyable au niveau des fouilles archéologiques.

Laly deray

à franceinfo

Pour l’ONG, ce tourisme est un moyen pour Israël de normaliser et légitimer l’occupation pourtant illégale aux yeux du droit international. Laly Deray vit ainsi à côté d’une colonie Shilo, en territoire occupé, qui draine 60 000 visiteurs chaque année d’après le journal Haaretz. "Depuis que la droite est au pouvoir en 1996, on a un vrai développement, pas seulement démographique, mais aussi au niveau touristique." Parmi les touristes, on trouve beaucoup d’évangéliques qui soutiennent la colonisation.

La question du droit

Pour Amnesty international, les colons exploitent un patrimoine archéologique qui appartient aux Palestiniens. Le profit est politique pour les Israéliens et économiques pour les sites de réservation ou de location, estime Laith Abu Zeyad, d’Amnesty International : "En travaillant et en agissant dans les colonies israéliennes et en tirant des profits de ces colonies, ces compagnies sont complices de violation des droits de l'homme dans les territoires occupés donc ils font du profit sur un crime de guerre.

Ces compagnies qui travaillent dans le tourisme sont juste un exemple, mais d'autres types d'entreprises travaillent aussi là-bas ce qui doit aussi cesser.

Amnesty international

à franceinfo

Si on regarde le nombre d’annonces, l’échelle n’est pas énorme, mais c’est une affaire de droit international, de clarification des frontières. Airbnb a fait le premier pas, en novembre dernier, en annonçant le retrait de ses annonces des territoires occupés. Mais, souligne le rapport d’Amnesty, Jerusalem n'est pas concerné.

Des enjeux économiques

Les adversaires de l’occupation pensent que le levier économique est parmi les plus efficaces. Les plus extrêmes prônent le boycott. Ils sont pris très au sérieux par le gouvernement israélien. Le rapport d’Amnesty s’inscrit lui dans une série de rapports signés d’autres ONG sur les banques liées aux colonies.

Les Palestiniens avaient alerté sur le sujet du tourisme il y a deux ans.
Le ministre des Affaires stratégiques israélien menace aujourd’hui d’interdire le personnel d’Amnesty sur le territoire, considérant que cette campagne est antisémite. Autour de 650 000 colons vivent aujourd’hui en territoire occupé et dans Jérusalem-Est.

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