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L’urgence sécuritaire impose le pragmatisme financier à l’UE

La lutte contre le terrorisme a bien sûr un coût. Comment financer les différentes mesures, actuellement adoptées par l'Union ? C'est la question que se pose le Parlement européen, alors que toutes les marges de manœuvres budgétaires sont déjà utilisées pour 2016.
Article rédigé par Anja Vogel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Après les attentats du 13 novembre à Paris © UE/EP)

Renforcement des contrôles aux frontières, création d'un corps européen de gardes-côtes et de gardes-frontières, échanges d’informations accrus notamment avec la mise en place du PNR (le registre européen des passagers aériens auquel le Parlement européen devrait donner son feu vert en janvier), cellule d’agence européenne du renseignement sous l’égide d’Europol, lutte contre la radicalisation sur internet, dans les prisons... Depuis les attentats de Paris en janvier et surtout depuis le 13 novembre, les réunions et prises de décisions s’accélèrent et avec elles la concrétisation de mesures, pour certaines dans les "tuyaux" européens depuis des années.

"Ces mesures sont extrêmement légitimes et urgentes dans le contexte actuel, mais comment allons-nous les financer ? Nous sommes déjà au taquet ", s’inquiète Isabelle Thomas, co-rapporteure du Parlement européen sur la révision du cadre financier pluriannuel. Et de fait, le budget 2016, qui vient tout juste d’être bouclé, pour une fois sous les applaudissements des trois institutions. Parlement, Conseil et Commission ont utilisé tous les leviers et instruments de flexibilité existants pour financer non seulement la croissance et l’emploi, mais aussi faire face à la crise migratoire et à l’afflux des réfugiés. 155 milliards d’euros de crédits d’engagements et 143,9 milliards d’euros de crédits de paiements.

Jean Arthuis, président de la Commission des budgets du Parlement européen souligne lui aussi le "contexte particulièrement contraint ". Verrouillé dans un cadre financier pluriannuel, adopté en décembre 2013, notre budget nous laisse démunis dès que survient une crise majeure. Confrontés aux circonstances exceptionnelles, nous rêvons bien sûr de financements exceptionnels. Mais les subterfuges ne pourront plus longtemps masquer la réalité : il faut susciter d’autres sources notamment des contributions directes des États membres. Sinon dès 2017 les factures impayées vont à nouveau s’amonceler sur le bureaux de la Commission à des niveaux insoutenables.

Et chacun de compter sur la révision promise à mi-parcours, c’est-à-dire dès l’an prochain de ce cadre financier pluriannuel 2014-2020. Un rendez-vous que le Parlement européen se promet d’aborder avec "gravité, lucidité et courage" en appelant les 28 États membres à faire de même.

Pour Jean Arthuis, "cela permettra de convaincre les Européens que l’Union, à l’heure de la globalisation, a l’ambition d’affirmer sa puissance et que notre devoir est de lui en donner les moyens ."

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