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C'est dans ma tête. Le retour des enfants de Daech

Il y aurait aujourd’hui en Syrie 500 mineurs, issus de parents français, qui avaient décidé de rejoindre les rangs de Daech. Emmanuel Macron a annoncé que les décisions pour le retour seraient prises au cas par cas. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Photo extraite du documentaire réalisé par Dorothée Lépine et Seamus Haley "Les enfants de Daech" (PAC PRESSE)

 Le Président de la République a annoncé que, concernant le retour des 500 mineurs, issus de parents français, qui avaient décidé de rejoindre les rangs de Daech en Syrie, les décisions seraient prises au cas par cas. Mais la question se pose des suites de ces éventuels retours.

Comment peut-on aider des enfants qui ont vécu ce type d’expérience ?  

Je crois qu’il faudra inventer. En s’inspirant de ce que l’on fait déjà avec les enfants victimes de traumatismes ou de maltraitances graves. C’est à dire, en premier lieu, essayer de reconstituer ce qu’ils ont vécu. Pour pouvoir leur en parler. C’est plus simple avec les adolescents parce qu’ils peuvent s’exprimer. Mais avec les enfants petits, c’est très difficile. Soit parce qu’ils ne parlent pas, soit parce que, même s’ils parlent, ils sont souvent trop écrasés par ce qu’ils ont vécu pour l’exprimer.    

S’agissant des "enfants de Daech", à quoi ont-ils été confrontés ?    

Il y a d’abord ceux qui sont nés en Syrie, de mères mariées à des combattants, et qui ont été littéralement "fabriqués" pour Daech. C’est forcément très lourd à porter pour eux. Et puis il y a ceux qui étaient nés en France et qui ont été emmenés en Syrie. Ils ont donc été arrachés à leur famille, à leur univers, à leur langue, et contraints à un voyage dangereux dans un climat d’anxiété, de secrets et de mensonges. Pour être précipités ensuite, sans aucun repère, dans l’horreur d’un pays en guerre. Tout cela a été traumatique. D’autant qu’on ne les a en général pas prévenus et qu’on ne leur a rien expliqué.    

Comment peut-on savoir ce qu’ils ont vécu ?  

On a des informations générales sur ce qui se passe là-bas pour les enfants, et qui est terrifiant : leur endoctrinement, la façon dont on les initie à la cruauté et au meurtre. Mais chaque enfant a vécu cela différemment, et il faudra essayer de l’appréhender, au cas par cas, en travaillant sur les dessins, les jeux et surtout la façon dont l’enfant se conduit avec les autres. Parce qu’un enfant remet toujours en scène ce qu’il a vécu. Et cela permet de le comprendre. Mais cela suppose un énorme travail d’observation et d’écoute. Et donc des structures et des professionnels capables d’accueillir ces enfants.    

Est-ce que le retour dans leurs familles peut-être une bonne chose pour ces enfants ?  

Les enfants qui vont rentrer seront des enfants en grande souffrance psychologique. Même si ce n’est pas forcément perceptible au premier abord, parce que les enfants savent très bien faire "comme si de rien n’était" et masquer leur souffrance. Il ne suffira donc pas de leur redonner une vie normale, il faudra les soigner. Par des thérapies individuelles, du travail en groupe, un enseignement adapté. Et ce sera forcément long et difficile. Parce que si la guerre ne les a pas tués réellement, elle a cependant tué beaucoup de choses dans leurs têtes et dans leurs possibilités de développement.      

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