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"On est enchantées, les petites mamies sont ravies" : à Perpignan, Louis Aliot a réussi sa stratégie de normalisation du Rassemblement national

L'ancien vice-président du Front national remporte la cité catalane, représentant la principale victoire du parti de Marine Le Pen dans ces élections municipales.

Article rédigé par Maxence Lambrecq - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le nouveau maire Louis Aliot rencontre des sympatisants après sa victoire à Perpignan, dimanche 28 juin 2020. (RAYMOND ROIG / AFP)

"S'il ne passait pas je partais de Perpignan", lâche une habitante âgée de Perpignan, satisfaite donc de la victoire de Louis Aliot, du Rassemblement national (RN), avec 53,09% des voix, battant ainsi son adversaire des Républicains et maire sortant, Jean-Marc Pujol (46,90%). Après Toulon en 1995, Perpignan est donc la deuxième ville de plus de 100 000 habitants à élire un maire RN.

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"Nous, on est enchantées, les petites mamies, elles sont ravies !", complète une autre dame. La quatrième candidature de Louis Aliot fut donc la bonne. Le front républicain, déjà fissuré, a cédé. L’ancien vice-président du Front national doit sa victoire à sa stratégie de normalisation : aux yeux de la droite, il est devenu peu à peu crédible, solide, rassurant. Les CSP+ ont voté pour lui. "Au moins, on pourra sortir en sécurité, peut-être, le soir. C'est la première fois que je sors le soir à Perpignan", confie l'électrice.

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La sécurité et l'emploi sont les deux axes de la campagne de Louis Aliot, loin du RN et de Marine Le Pen. "C'est la première campagne municipale à Perpignan sans un grand meeting du président du Front national, analyse l’historien spécialiste de l’extrême droite, Nicolas Lebourg.

C'est bien le fait de s'être 'délepénisé' qui lui a permis de réussir à attirer l'électorat de la droite et du centre sur son nom, face à un candidat de droite.

Nicolas Lebourg, historien

Le candidat battu et maire sortant Jean-Marc Pujol a du mal à digérer sa défaite. Il avait battu Louis Aliot en duel en 2014. "Quand on voit aujourd'hui se porter vers les candidats de l'extrême droite des voix, je dis que notre démocratie est malade", estime le désormais ancien maire.

Au vu de ces résultats, la gauche manifeste devant la mairie. "Nous sommes tous des enfants d'immigrés", peut-on notamment entendre comme slogan. Ils sont une centaine de personnes, comme un baroud d’honneur, pendant qu’au QG du vainqueur, les militants défilent. "On veut du champagne parce qu'on a travaillé pour Aliot !", harangue une sympathisante. La communauté gitane du quartier Saint Jacques est venue féliciter Louis Aliot. "On attend de lui qu'il soit un maire, pas seulement un maire, un père aussi pour nous. Parce qu'on nous a laissés de côté."

Il a parlé avec nous, les gitans. Il s'est bien exprimé. On a vu qu'il y avait une vérité en lui.

Un membre de la communauté gitane

Louis Aliot joue à plein cette carte du rassemblement. Il a tout de suite voulu rassurer les 2 400 personnes qui seront maintenant sous ses ordres : "À tous les employés de la mairie, qu'ils ne s'inquiètent de rien. Ils verront que les véritables démocrates, les véritables défenseurs de la liberté des opinions qui sont aux commandes de la mairie. Merci !"

Prendra-t-il aussi les commandes de l’agglomération ? Les négociations démarrent dès lundi avec les maires des petites villes voisines. La droite espère garder la main, mais rien n’est moins sûr.

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