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Enquête franceinfo Européennes : à quoi joue Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump, avec The Movement ?

A moins d'une semaine des élections européennes, Steve Bannon reste mobilisé auprès des partis d'extrême droite du Vieux continent. Les objectifs de son organisation ont évolué et s'étendent au-délà du scrutin de mai. Enquête. 

Article rédigé par Valentine Pasquesoone, Marion Bothorel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 15 min
Marine Le Pen, Steve Bannon et Tom Van Grieken (Vlaams Belang), lors d'un évènement organisé à Bruxelles, le 8 décembre 2018.  (NICOLAS MAETERLINCK / BELGA MAG)

"C'est marrant que vous me posiez la question maintenant. Je l'ai croisé hier, Steve Bannon !" Thierry Mariani, candidat du Rassemblement national (RN) pour les élections européennes, a donc pris un selfie avec le militant conservateur américain. La scène a eu lieu lundi 1er avril, quand celui-ci traversait le hall d'entrée du siège du parti d'extrême droite pour assister à une réunion. Quelques jours plus tard, selon Paris Match, Steve Bannon a également partagé un déjeuner en plein Paris avec Jérôme Rivière, le porte-parole du parti de Marine Le Pen. Et quelques jours plus tôt, il parcourait l'Italie, à la rencontre des figures de La Ligue du Nord, le parti de Matteo Salvini. Ce week-end encore, il se trouvait à Paris où il a multiplié les apparitions dans les médias.

Pourquoi l'ancien chef de campagne et conseiller de Donald Trump se rend-il aussi fréquemment en Europe ? Depuis le mois de juillet, celui qui fut employé de la banque Goldman Sachs avant d'arpenter les couloirs de la Maison Blanche est à la tête d'une organisation européenne basée à Bruxelles, The Movement. L'objectif : "Promouvoir une vision nationaliste, souverainiste contre le globalisme", détaille son bras droit bruxellois, Mischaël Modrikamen. Et renforcer ce camp populiste qui promeut "le réveil des nations", à l'échelle de l'Union européenne. Mais l'organisation, encore naissante, se heurte déjà à de sérieux obstacles.

Un communicant "à la recherche de clients"

Limogé de son poste de haut conseiller à la Maison Blanche en août 2017, Steve Bannon est mis à l'écart une seconde fois, cinq mois plus tard, quand il doit quitter la direction éditoriale du site Breitbart News, le média de l'"alt-right" américaine, une mouvance d'extrême droite qui diffuse une idéologie raciste et identitaire, estimant que la culture occidentale blanche est "menacée". Dans les mois suivants, observant de près la montée des populismes à travers l'Europe, l'Américain tente un nouveau pari sur le Vieux Continent. Une idée germe : pourquoi ne pas y établir une sorte d'union des partis d'extrême droite européens ? "Steve Bannon est un consultant politique, il est à la tête d'une entreprise de communication politique et il est à la recherche de nouveaux clients", analyse Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques et spécialiste de l'extrême droite.

Dans ses bagages, des conseils en terme de stratégie de communication sur les réseaux sociaux, des concepts et des éléments de langages, des méthodes de sondages, des contacts, une expertise dans la collecte et l'exploitation de données. "C'est un communicant, il a incontestablement une expertise en terme d'analyse de la pensée politique", considère Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, interrogée par franceinfo.

C'est toujours intéressant de pouvoir partager l'expérience de quelqu'un qui a mené la campagne de Donald Trump.

Marine Le Pen

à franceinfo

Les contacts entre le parti d'extrême droite français et Steve Bannon sont anciens. Le compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, l'a rencontré en personne à New York (Etats-Unis), en octobre 2017. Il était accompagné de Jérôme Rivière. "C'était un échange sur les campagnes des uns et des autres. On était en demande sur une chose : montrer qu'on est nombreux à partager cette vision de la société." Ce qui unit Steve Bannon et le Rassemblement national, c'est la promotion d'une "vision nationaliste et souverainiste contre le globalisme", selon Mischaël Modrikamen.

Depuis, Jérôme Rivière assure à franceinfo avoir revu Steve Bannon "une dizaine de fois, partout, en France ou à l'étranger". Dans "Envoyé spécial : Bannon, le stratège de l'ombre", la documentariste Alison Klayman, qui a pu suivre Steve Bannon pendant un an, évoque une rencontre à l'été 2018 dans un hôtel de luxe londonien. Devant sa caméra, Louis Aliot et Jérôme Rivière rencontrent l'ancien conseiller de Donald Trump. "Ce que j'ai constaté, c'est qu'ils venaient le voir comme consultant. Très rapidement, ils lui ont parlé argent. Je crois que c'était vraiment pour ça qu'ils venaient le voir", assure-t-elle à "Envoyé spécial".

Envoyé spécial. Le documentaire américain "The Brink" montre les liens (financiers ?) entre le RN et Steve Bannon
Envoyé spécial. Steve Bannon, l'ex-conseiller de Trump, aiderait-il la campagne européenne du Rassemblement national ? Envoyé spécial. Le documentaire américain "The Brink" montre les liens (financiers ?) entre le RN et Steve Bannon (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)

Munis de classeurs, les deux Français semblent hésitants quand le sujet des finances du parti est mis sur la table devant Alison Klayman. Au moment où la documentariste quitte la réunion, Steve Bannon lâche : "Les deux millions d'euros, ça correspond à vos frais pour juillet et août ?" Interrogé par les équipes d'"Envoyé spécial", Jérôme Rivière assure que Steve Bannon ne leur "donne pas d'argent"

Steve Bannon précise, de son côté, qu'aucun argent américain n'a été reversé au RN, seul les modalités de remboursement d'un emprunt ont été évoquées cet été-là. "Je leur ai donné quelques idées. Il n'y a rien de mal. Tout ce que j'ai fait, c'est de dire : 'Voilà mes propositions : soit vous refinancez vos emprunts, soit vous levez des fonds chez des donateurs'", martèle-t-il auprès d'"Envoyé spécial". 

Une internationale populiste

Marion Maréchal le rencontre elle aussi lorsqu'elle prend la parole en février 2018, à Washington, à la Conservative Political Action Conference, une grande réunion de conservateurs.

Un mois plus tard, Steve Bannon est l'invité vedette du congrès du Front national, à Lille. Pour lui, l'idée d'une "internationale populiste" est en marche : "Vous faites partie d'un mouvement mondial qui est plus grand que la France, plus grand que l'Italie, plus grand que la Pologne, plus grand que la Hongrie", tonne-t-il devant les militants.

Entre janvier et juillet 2018, dopé par la réélection de Viktor Orban en Hongrie et l'arrivée au pouvoir de Matteo Salvini en Italie, Steve Bannon multiplie les rencontres avec les leaders européens d'extrême droite. Il espère créer des ponts, voire permettre l'émergence d'alliances entre ces forces populistes. Les partis rencontrés par Steve Bannon partagent un refus d'une instance supranationale comme l'Union européenne, s'opposent à l'immigration, au multiculturalisme et aux valeurs libérales.

Il est l'emblème d'une campagne victorieuse sur des idées qui sont des idées qu'on porte nous aussi.

Jérôme Rivière

à franceinfo

Après des conférences à Prague et à Budapest en mai, Steve Bannon organise en juillet un séminaire à Londres où se réunissent des membres du Vlaams Belang, le parti d'extrême droite belge flamand, leurs cousins suédois et des partisans du Brexit. "Nous avons pris contact après la venue de Bannon au congrès du Front national à Lille. Il a annoncé qu'il était à la disposition d'autres partis patriotiques européens", raconte à franceinfo Philip Claeys, membre du Vlaams Belang et secrétaire général du groupe Europe des nations et des libertés.

Steve Bannon enchaîne avec un "week-end Spritz et réseautage" à Rome, selon les informations du magazine Society. Il y délivre des conseils à un membre de l'Alternative pour l'Allemagne (Afd), qui prend des notes, avant de passer plusieurs heures le lendemain à échanger et à trinquer avec Louis Aliot et Jérôme Rivière. Le porte-parole du Rassemblement national s'en souvient : "On a parlé des fichiers électoraux. On a présenté à Bannon des gens du groupe Europe des nations et des libertés."

"Je vais passer 80% de mon temps en Europe"

C'est également au mois de juillet que Steve Bannon croise la route de Mischaël Modrikamen. A 52 ans, l'homme est un avocat d'affaires connu à Bruxelles. Il est président du Parti populaire belge, qu'il a fondé en 2009 et que Jean-Yves Camus décrit comme "une force marginale de la vie politique belge". Sa rencontre avec Steve Bannon "n'est pas tombée du ciel", explique Mischaël Modrikamen à franceinfo. "J'étais proche de Nigel [Farage], proche du Brexit. Vient la candidature de Trump. J'ai senti que Steve Bannon allait être un destructeur profond, aux Etats-Unis et à l'étranger." Un compliment dans la bouche de son bras droit.

Fin 2016, alors que Donald Trump entre à la Maison Blanche, Mischaël Modrikamen crée "The Movement" avec Laure Ferrari, une proche de Nigel Farage et tête de liste de Debout la France pour les élections européennes de 2014.

Le Mouvement est réellement né dans nos esprits en août 2015, à la veille du Brexit et de l'élection de Trump alors que nous sentions un changement dans l'air.

Laure Ferrari

à franceinfo

En juin 2018, le téléphone de Mischaël Modrikamen sonne. Nigel Farage est au bout du fil : "Tu as vu que Bannon avait fait deux tournées en Europe ? Je lui ai parlé de ton Movement et il souhaite te voir." La rencontre a lieu mi-juillet à Londres (Royaume-Uni), lors d'un déjeuner que Mischaël Modrikamen qualifie de "match total", en référence à l'application de rencontres Tinder. "C'est exactement ça qui doit être entrepris", aurait-il déclaré à propos de The Movement.

En septembre, l'ancien conseiller de Donald Trump s'envole pour l'Italie, où il est reçu au ministère de l'Intérieur par Matteo Salvini, avant de se rendre à la fête annuelle du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia. "Je vais passer, comme vous le savez, 80% de mon temps en Europe pour préparer les élections au Parlement européen", annonce-t-il alors.

Un stratège peu au fait de la politique européenne

Mais après une arrivée tonitruante sur la place bruxelloise pendant l'été, le projet de Steve Bannon patine dès l'automne. Les leaders de l'extrême droite européenne s'interrogent sur ses ambitions, concède l'un des membres de The Movement : "Le RN, au début, était un peu réticent sur notre projet : ils pensaient que Monsieur Bannon voulait venir ici et dicter à tout le monde comment faire de la politique." Pour plusieurs leaders populistes interrogés par franceinfo, le principal obstacle de Steve Bannon pour réussir son projet européen est sa nationalité.

Tout le monde respecte Monsieur Bannon et comprend très bien le rôle qu'il a joué dans la victoire de Trump. Mais c'est un Américain : voilà la limite de la portée potentielle de M. Bannon en Europe.

Philip Claeys

à franceinfo

D'autres se sont intéressés à l'initiative de Steve Bannon, avant de se rendre compte que le conseiller ne maîtrisait pas suffisamment les codes de la politique européenne. "C'est très compliqué d'être dans une situation où il y a 28 Etats-membres, des structures, des traditions complètement différentes", témoigne le responsable du Vlaams Belang. D'autant plus que les forces d'extrême droite européennes présentent des divergences profondes, aussi bien sur la politique économique, sur les sujets de société que sur le projet européen. 

Autre obstacle au projet de Bannon : les législations électorales en Europe ne sont pas aussi permissives qu'aux Etats-Unis. Selon une enquête du Guardian, Steve Bannon avait initialement prévu de dépenser entre 5 et 15 millions de dollars pour le financement de la campagne européenne. Il a dû rétropédaler : parmi les treize partis que Steve Bannon a approchés, neuf ne peuvent en effet bénéficier d'un financement étranger pendant la campagne, rapporte le Guardian.

Le conservateur, impliqué dans le scandale Cambridge Analytica, rêvait également d'utiliser les données des utilisateurs européens de Facebook pour tenter de prédire et d'influencer leur vote. Interrogé par The Guardian, l'ancien patron de Breitbart News confirme avoir dû réorienter son projet : "Nous ne faisons pas de sondages ou de 'war room', car nos avocats nous ont dit que cela n'était pas légal dans plusieurs pays. Nous faisons des ateliers, des conférences, nous parlons avec des gens partageant les mêmes idées", confesse-t-il.

"Le gros du travail est médiatique"

Depuis les débuts de The Movement, une autre ambition a été ébranlée. D'après Jean-Yves Camus, Mischaël Modrikamen avait pour intention de recruter 10 à 15 personnes pour gérer les activités de son organisation. Seule une personne travaille à temps plein pour le mouvement, depuis le domicile de Mischaël Modrikamen, en banlieue sud de Bruxelles. Dans cette imposante demeure siège aussi le Parti populaire de Belgique et son média, le site LePeuple.be. 

"Nous ne sommes pas nombreux", concède volontiers Mischaël Modrikamen. L'avocat évoque "quelques personnes" autour de Steve Bannon aux Etats-Unis, et quelques autres chez lui. Entre cinq et dix personnes, tout au plus. Que font-ils exactement ? "Le gros du travail est pour l'instant médiatique", confie à franceinfo le membre permanent de The Movement. Chaque jour, ce dernier échange avec les deux assistantes de Steve Bannon sur les demandes d'interviews. Il se charge aussi de la gestion des candidatures pour un poste, ou pour être bénévole au sein de The Movement. "En ce moment, on ne recrute pas", lâche-t-il.

La présence de Steve Bannon dans les couloirs du siège de Watermael-Boitsfort est d'ailleurs "plutôt virtuelle", souligne-t-il. En six mois, ce dernier n'a vu qu'une seule fois l'ancien conseiller de l'ombre de Donald Trump. Steve Bannon est surtout en contact direct avec Mischaël Modrikamen, avec qui il communique "deux à trois fois par semaine". Quand ils ne donnent pas des interviews, les deux têtes de l'organisation "mettent en contact les gens", résume sobrement Mischaël Modrikamen.

Quand des ministres populistes d'Europe veulent aller à la Maison Blanche, ça passe par The Movement.

Mischaël Modrikamen

à franceinfo

"Ce sont des services que l'on offre sans aller à l'encontre des lois électorales", confirme l'employé de l'organisation. Quant à Steve Bannon, il continue de conseiller – gracieusement, assure-t-il – les populistes européens. "Comment choisir un candidat, comment pallier un manque d'attention médiatique... Il donne ces conseils par téléphone", relate le membre permanent de The Movement.

Une volonté d'alliance mais peu d'alliés

Interrogée par franceinfo, Marine Le Pen tempère et préfère parler d'échanges plutôt que de conseils. "Nous sommes tous des professionnels de la politique, nous ne sommes pas des mouvements qui venons d'émerger" et qui auraient besoin d'aide, avance la présidente du Rassemblement national d'après L'Obs, seuls quelques "petits mouvements d'Europe de l'Est" ont officiellement "sollicité l'aide de The Movement". 

Steve Bannon est un responsable politique, un stratégiste politique avec lequel il m'arrive d'échanger. Mais je ne le consulte pas.

Marine Le Pen

à franceinfo

Si les liens sont réguliers entre le Rassemblement national et Steve Bannon, le rapprochement avec sa jeune organisation, The Movement, n'est pas acté. "On a de vrais liens avec Steve Bannon, pas avec The Movement", confirme Jérôme Rivière, porte-parole du RN.

L'organisation belge ne compte que trois membres officiels. Il y a un grand nom : La Ligue, le parti de Matteo Salvini. Il y a aussi le parti Fratelli d'Italia. Et il y a Le Mouvement pour le changement, basé au Monténégro. Nikola Bajcetic, qui en est membre, explique que "The Movement reste une organisation informelle à ce stade. A l'heure où je vous parle, il n'y a aucune forme de coopération entre nous. Nous partageons simplement des valeurs."

Dans leur quête d'une alliance populiste européenne, Steve Bannon et Mischaël Modrikamen ont aussi essuyé des refus. Le parti polonais Droit et Justice a déclaré qu'il était "peu probable" que Steve Bannon les conseille, selon le Guardian. Le FPÖ autrichien n'est pas intéressé, tout comme les Démocrates de Suède ou le Parti populaire danois. "Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais aucun collaboration entre le Parti populaire et Steve Bannon", tranche le parti auprès de franceinfo.

"On prête des pouvoirs à Steve Bannon"

"Mis à part un appel amical qui a duré une minute, nous n'avons pas eu de contact direct avec Steve Bannon, fait aussi savoir Jörg Meuthen, porte-parole et tête de liste de l'Alternative pour l'Allemagne pour les européennes. L'unification des forces eurosceptiques ne peut se faire que de l'intérieur." Le parti d'extrême droite Vlaams Belang, qui a pourtant fait venir Steve Bannon en décembre à Bruxelles, dans le cadre d'un meeting du Mouvement pour une Europe des nations et des libertés, assure également n'avoir "aucun lien" direct avec The Movement lui-même.

Bannon est un personnage intéressant vu son expérience et son savoir-faire, c'est pour cela que nous l'avons invité. Mais nous avons notre propre structure en Europe. The Movement ne représente pas grand-chose pour nous.

Philip Claeys

à franceinfo

L'inauguration de cette jeune organisation a également été retardée. D'après Bloomberg (en anglais), elle devait avoir lieu en novembre, puis en janvier, puis en mars. Il est, concède le jeune employé du Movement, difficile d'organiser cette "grande réunion de populistes" en Europe. L'eurodéputé écologiste Philippe Lamberts s'en amuse. "Parfois, j'ai l'impression qu'on prête des pouvoirs à Steve Bannon. Comme s'il pouvait réussir à unifier ce qui n'a pas été unifié. Il serait presque Dark Vador dans La Guerre des étoiles !, plaisante-t-il. Mais la scène européenne est complexe et le restera. Et lui, il n'a pas de pouvoir majeur."

Depuis la diffusion du reportage de l'émission "Envoyé spécial", des députés et des sénateurs français s'en inquiètent pourtant. Répondant à l'appel de Frédéric Lefebvre, vice-président du parti de centre droit Agir, des élus de différents partis, dont LREM, ont demandé la constitution d'une commission d'enquête pour faire la lumière sur les liens entre le RN et Steve Bannon. Plusieurs responsables LREM ont également dénoncé samedi 18 mai sa présence à Paris, à une semaine des élections européennes. 

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