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"Grande America" : quels moyens sont déployés pour lutter contre la pollution ?

Un navire antipollution est déjà sur place, mais les opérations de pompage des nappes d'hydrocarbures sont compliquées par les conditions météorologiques.

Article rédigé par franceinfo
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Le "Grande America" en feu, avant de couler, dans le golfe de Gascogne, le 12 mars 2019. (LOIC BERNARDIN / MARINE NATIONALE / AFP)

Ni le lieu, ni le moment où le fioul pourrait toucher le littoral ne sont pour le moment connus. Mais deux taches sont déjà visibles depuis le ciel. Le cargo Grande America, qui a coulé à près de 4 600 m de fond, à environ 300 kilomètres au large de La Rochelle, risque de provoquer de multiples pollutions.

>> Suivez la situation en direct après le naufrage du Grande America 

Des hydrocarbures se répandent dans les eaux de l'océan Atlantique et pourraient toucher les côtes françaises. La cargaison du navire italien – des centaines de conteneurs, dont certains remplis de matières dangereuses et des milliers de véhicules – va aussi laisser des traces. Franceinfo fait le point sur les moyens déployés pour limiter les dégâts.

Des avions pour repérer la pollution

Des vols de reconnaissance ont permis de mesurer l'ampleur de la pollution qui s'est échappée des cuves du Grande America. Jeudi matin, ces vols ont permis d'identifier en réalité deux nappes d'hydrocarbures. La première mesure environ "13 km de long pour 7 km de large" ; celle-ci a "un aspect assez compact". La seconde "fait 9 km de long pour 7 km de large et son aspect est plus liquide et assez morcelé", selon le capitaine de frégate Riaz Akhoune, porte-parole de la préfecture maritime de l'Atlantique.

Des navires antipollution

Un navire anti-pollution, l'Argonaute, se trouve déjà sur place. Il s'agit d'un bâtiment de soutien, d'assistance et de dépollution, de 69 m de long, équipé notamment de grues et de "deux bras écremeurs" qui permettent de ramasser les hydrocarbures flottant à la surface de l'eau. Le navire dispose aussi de pompes et d'une capacité de stockage de 1 500 m3, pour récupérer le mélange d'eau et d'huile aspiré par ses pompes. L'Argonaute peut être chargé de 2 000 tonnes de matériel antipollution et déployer un barrage flottant pour empêcher une nappe de s'étendre.

Trois autres navires doivent le rejoindre, à partir de vendredi. Le VN Partisan et le VN Sapeur, de la société privée SeaOwl. Le premier est affrété par l'Agence européenne pour la sécurité maritime (AESM) en tant que navire d'alerte. Le second est un bâtiment de soutien, d'assistance et de dépollution, comme l'Argonaute. Un quatrième, le Ria de Vigo, doit également arriver d'Espagne, selon l'AESM (en anglais).

Des opérations de pompage en mer

"Une tonne d'hydrocarbures récupérés en mer, ce sont 10 tonnes de déchets que l'on n'a pas à ramasser sur la côte", a expliqué Stéphane Doll, directeur du Centre de documentation, de recherche et d'expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), lors d'un point-presse. En effet, au fil des heures et des jours passés dans l'eau, le fioul s'émulsionne et gonfle. "Nous faisons tout pour pomper le plus possible" d'hydrocarbures, a déclaré le ministre François de Rugy. Mais la mer, très agitée, complique ces opérations et l'installation de barrages flottants. On ignore d'ailleurs si celles-ci ont pu débuter.

Des pêcheurs prêts à intervenir

"Si l'Etat a besoin de professionnels, les pêcheurs sont prêts à aider pour stopper le gazole, les boulettes qui peuvent arriver. On est habitués à protéger notre environnement", a proposé Patrick Lafargue, président du Comité des pêches et des élevages marins d'Aquitaine, sur franceinfoS'il se réjouit qu'on ne parle "que" de "2 200 tonnes de fioul", contrairement à l'Erika et au Prestige, il craint les "pollutions multiples" que le naufrage risque d'engendrer.

Des dispositifs à terre

A terre, les départements dont les côtes pourraient être touchées par une marée noire sont en pré-alerte. Mais "les modèles actuels ne permettent pas de savoir à plus de 2 ou 3 jours quels territoires seront touchés", fait savoir François de Rugy, ministre de la Transition écologique. Car les vents et les courants marins pourraient changer.

Contactée par franceinfo, la préfecture de la région Nouvelle-Aquitaine affirme envisager de mobiliser des barrages flottants et des pompes, mais aussi des grues "pour le cas ou des conteneurs seraient poussés sur les plages". C'est pour le moment le seul dispositif envisagé en ce qui concerne les 365 conteneurs qui se trouvaient à bord.

Un robot sous-marin pour inspecter l'épave

Un sous-marin télécommandé sera déployé par l'armateur italien Grimaldi Group, pour inspecter l'épave, qui gît à 4 600 m de fond et pourrait encore laisser échapper du fioul. Le robot sera commandé depuis le navire Pourquoi pas ?, précise l'armateur, dans un communiqué.

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