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L'opposant togolais Agbéyomé Kodjo arrêté pour s'être autoproclamé chef de l'Etat

La Conférence des évêques du Togo appelle à sa libération et plaide pour une "solution politique" à une crise liée à la présidentielle de février 2020. 

Article rédigé par franceinfo Afrique - avec AFP
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Temps de lecture : 2 min
Les affiches de la campagne présidentielle de l'ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo dans les rue de Mango (nord du Togo), le 15 février 2020.  (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)

La menace pesait depuis plusieurs semaines sur l'opposant togolais Agbéyomé Kodjo, arrivé deuxième à la présidentielle de février. Il a été finalement arrêté à son domicile le 21 avril 2020 et conduit au Service central de recherches et d'investigations criminelles (SCRIC) de la gendarmerie. Depuis son interpellation, plusieurs voix s'élèvent pour exiger la libération du chef du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD).

Dans un communiqué publié le 22 mars, la Conférence des évêques du Togo dit avoir appris avec "consternation" l'arrestation de l'ancien Premier ministre togolais "dans des circonstances de brutalité et de violence perpétrées par les Forces de défense et de sécurité qui se sont introduites chez lui en défonçant son portail d’entrée".

"Privilégier" une solution politique 

Les évêques, qui ont invité "les autorités judiciaires à relâcher" l'opposant, estiment "que face à cette crise consécutive à la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 22 février 2020, l’option à privilégier reste celle de la recherche d’une solution politique qui n’occasionne pas d’autres violences".

Agbéyomé Kodjo est accusé par le procureur de s'être présenté illégalement comme "prétendu chef de l'Etat et chef suprême des armées", appelant la nation et les forces armées togolaises à se mobiliser contre le pouvoir. Pour le procureur, "ces propos et agissements" relèvent "des qualifications de troubles aggravés à l'ordre public (...) et d'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat". L'immunité du candidat du MPDD avait été levée mi-mars, à la demande du parquet de Lomé.

Agbéyomé Kodjo avait obtenu 19,46% des suffrages exprimés à la présidentielle du 22 février, contre 70,78% pour le sortant Faure Gnassingbé, selon les résultats officiels. Il avait formulé un recours en justice, rejeté début mars par la Cour constitutionnelle qui a validé le scrutin. Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo d'une main de fer pendant 38 ans.

Selon un responsable de la gendarmerie interrogé par l'AFP sous couvert d'anonymat, l'opposant a été arrêté après avoir refusé de se présenter à la gendarmerie, qui l'avait convoqué mardi 21 avril pour la troisième fois. Agbéyomé Kodjo n'avait pu se présenter aux deux premières convocations les 1er et 9 avril pour des raisons de "santé", selon ses avocats. Le 20, ses avocats avaient invoqué les mêmes motifs pour justifier l'absence de leur client à la gendarmerie le lendemain.

"L'état de santé (...) de M. Kodjo entrave douloureusement depuis quelques temps toute mobilité spontanée de sa part", ont précisé ses conseils dans une déclaration commune. Ces derniers demandent la suspension de la procédure judiciaire, l'opposant ayant parallèlement introduit devant la justice une demande d'annulation de la levée de son immunité parlementaire.

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