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Coronavirus : certains pays africains procèdent déjà à un déconfinement progressif

Si certains pays affirment contrôler suffisamment la situation pour alléger les mesures strictes de confinement, d'autres tentent de calmer la colère des populations sans moyens de substistance et à bout de force.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un vendeur de masques dans une rue d'Accra, la capitale ghanéenne, le 20 avril 2020. (NIPAH DENNIS / AFP)

Depuis le 20 avril, le Ghana a décidé de mettre fin à un confinement de trois semaines dans deux régions clé du pays. La levée des restrictions à la liberté de mouvement concerne la capitale Accra et la région de Koumassi où les mesures de confinement ont entraîné de graves difficultés en particulier pour les personnes pauvres et vulnérables, a expliqué le chef de l'Etat.

Cette décision a été prise au vu de notre capacité à réaliser un traçage actif des personnes entrées en contact avec des malades avérés, de notre capacité à réaliser des tests et de l'augmentation de nos centres de traitement et d'isolement

Nana Akufo-Addo, président du Ghana

Allocution télévisée le 19 avril 2020

Les Ghanéens sont toutefois encouragés à porter un masque et les rassemblements publics sont toujours interdits. Les écoles restent fermées, de même que les frontières du pays. Le Ghana comptait le 19 avril quelque 1 042 cas de personnes infectées par le Covid-19 et neuf décès.

Le centre d'affaires de Kinshasa retrouve son animation

A Kinshasa, la grande mégapole d'Afrique francophone, la décision a également été prise de desserrer l'étau sur la commune de la Gombe, centre du pouvoir et des affaires, considérée comme l'épicentre du Covid-19 dans la capitale de la RDC. Le déconfinement de cette commune, totalement bouclée depuis le 4 avril, va s'effectuer de manière progressive, d'abord par la réouverture des supermarchés et épiceries pour permettre aux habitants de s'approvisionner, ainsi que celle des guichets des banques.

Comme au Ghana, le port de masques, même de fabrication artisanale est désormais obligatoire sur toute l'étendue de la capitale congolaise, de même que les mesures d'hygiène et de distanciation physique. "Il s'agit de préserver les acquis de deux semaines de confinement de la Gombe et de renforcer la prévention", explique le gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila.

Les affaires ont repris à Ouagadougou

Les affaires ont aussi repris cette semaine dans la capitale du Burkina Faso avec la réouverture du marché central de Ouagadougou, considéré comme le poumon économique du pays. Après un mois de fermeture pour cause de coronavirus, les commerçants, très soulagés, ont repris possession de leurs étals. Autour du grand marché, entièrement nettoyé et désinfecté, les parkings sont à nouveau bondés de vélos et de motocyclettes.

C'est seulement pour éviter des troubles que les autorités ont rouvert le marché. Sinon rien ne justifie une telle précipitation

Un fonctionnaire burkinabè à la retraite

à l'AFP

Réouverture des écoles à Madagascar

A Madagascar, la Grande Ile de l'océan Indien, la levée du confinement imposé dans les trois principales villes du pays dont la capitale Antananarivo depuis le 23 mars est déjà effective. Les habitants de ces villes ont désormais le droit de sortir de 6h à 13h et les transports en commun ont repris leur service. Les élèves ont retrouvé le chemin de l'école le 22 avril pour certaines classes. Mais là aussi, le port d'un masque est obligatoire sur la voie publique, sous peine de travaux d'intérêt général.

Ces mesures de déconfinement progressif ont été annoncées par le président malgache le 19 mars, en même temps qu'il lançait son "remède" contre le coronavirus à base de plantes médicinales, capable, selon lui, de prévenir et de guérir les patients malades du coronavirus.

"Situation presque maîtrisée" en Tunisie

Le déconfinement ciblé et progressif annoncé par le Premier ministre tunisien, Elyes Fakhfakh, prendra effet à partir du 3 mai. Priorité sera accordée aux secteurs économiques les plus cruciaux qu'il faudra relancer, a-t-il précisé.

La situation est presque maîtrisée. Nous voulons aplatir la courbe du nombre de personnes contaminées. Jusqu'à présent nous avons réussi

Elyes Fakhfakh, Premier ministre tunisien

à la télévision tunisienne le 19 avril 2020

A partir du 3 mai, les restrictions de sortie de la population seront adaptées, selon l'âge des personnes et le nombre de cas dans chaque région du pays, a indiqué le Premier ministre. Dans ce pays de 12 millions d'habitants, au moins deux millions de Tunisiens ont besoin d'aide.

La fronde des pauvres contre le confinement

Dans la plupart des grandes villes africaines, la limitation drastique de la liberté de mouvement a été difficile à mettre en œuvre. Les populations, en grande majorité démunies, dépendent de revenus quotidiens pour survivre. Aussi, de nombreux pays se sont gardés de décréter un confinement total ou se sont contentés du service minimum. C'est le cas de la Tanzanie dont le président, John Magufuli, a exhorté ses compatriotes à "s'en remettre à Dieu" et à continuer à faire tourner la machine économique.

Je suis sûr que c'est juste le vent qui tourne et que le virus disparaîtra comme d'autres avant lui ont disparu

John Magufuli, président de la Tanzanie

Déclaration à la presse tanzanienne à Dodoma

Dans ce pays de 60 millions d'habitants, le premier cas de coronavirus a été enregistré le 16 mars. En deux semaines, le nombre de personnes infectées est passé de 32 cas et trois morts à 254 cas et 10 décès. Dans les rues de Dar es Salaam, les habitants disent craindre le virus et faire ce qu'ils peuvent pour l'éviter pendant qu'ils continuent de gagner leur pain quotidien.

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