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Incident frontalier entre Zambie et RDC : l'heure semble à l'apaisement

Au bord du lac Tanganyika, la traque de pêcheurs illégaux a conduit à un bref affrontement armé entre les deux pays.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des pêcheurs zambiens sur le lac Tanganyika partent vendre leur pêche au marché local. (DAN BURTON / ROBERT HARDING HERITAGE)

Les tensions se cristallisent dans le Haut-Katanga et le Tanganyika, en République démocratique du Congo (RDC). "Les Zambiens manifestent des velléités d’annexion d’une partie de notre territoire", a même déclaré Gilbert Kankonde, vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières lors d'un conseil des ministres de la RDC le vendredi 8 mai.

En fait, courant mars, des affrontements ont opposé les forces navales et terrestres des deux pays sur le lac Tanganyika et sa rive. Nous sommes à l'extrémité sud-ouest du lac, où les deux pays se partagent ses eaux poissonneuses, autour de la localité de Moliro en RDC. Et c'est une affaire de pêche qui est la source du conflit.

Des pêcheurs congolais ont choisi de jeter leurs filets sans autorisation dans les eaux de la Zambie. L’armée zambienne les aurait pourchassés allant jusqu'à occuper un village en territoire congolais. Une occupation qui a provoqué des escarmouches entre les deux armées, faisant au moins deux morts le 15 mars, et qui s'est achevée par le bombardement de plusieurs villages congolais par l'aviation zambienne.

Une annexion ?

Conséquence, la population a fui les combats, se réfugiant en forêt. Et depuis, les esprits s'échauffent côté congolais. "Nous sommes appelés par le cri de détresse de la population dans le groupement de Moliro, où l’armée zambienne occupe jusqu’à 30 km au-delà de la province", alerte un député qui souhaite une réaction de son pays. L'incident sur la pêche ne serait que le prétexte à une annexion pure et simple de ce bout de terre.

"Ce n’est pas vrai, ils disposent d’informations erronées. Les troupes zambiennes n’ont pas franchi la frontière, elles sont positionnées à l’intérieur de notre pays", indique à RFI le ministre zambien des Affaires étrangères Joseph Malanji. "Nous n’avons aucun intérêt à annexer des terres en-dehors de nos frontières, nous ne sommes pas ce genre de pays."

Négociations

Officiellement donc, le calme serait revenu. Une source gouvernementale congolaise a indiqué à l’AFP que "la situation sur le terrain s’étant normalisée après les affrontements, les forces loyalistes (congolaises) ont récupéré l’espace occupé par les militaires zambiens". "Des contacts diplomatiques se poursuivent entre les deux Etats", selon cette source, ce que confirme la radio onusienne en RDC, Radio Okapi. Les états-majors des deux pays vont assurer le retour des habitants dans leurs localités d'origine en toute sécurité.

Des précédents

Des incidents similaires entre les deux armées avaient déjà éclaté en 1996, en 2006 et en septembre 2016 autour de cette même localité congolaise. En fait, les incidents impliquant des pêcheurs sont légion entre les pays riverains du lac Tanganyika. Vols de matériel, attaques de bandits armés, incursions dans les eaux territoriales étrangères. Chaque pays volant souvent au secours de ses ressortissants, sans qu'on sache vraiment qui est le fautif.

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