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Diplomatie du Gaz: après la Jordanie, Israël signe un contrat avec l'Egypte

Israël va fournir du gaz naturel à l’Egypte, a annoncé Benjamin Netanyahu, le 19 février 2018. 64 milliards de mètres cubes de gaz naturel seront livrés pour un montant de 15 milliards de dollars. L’Egypte a besoin du gaz israélien, en attendant la montée en production de ses propres champs gaziers en Méditerranée. Avec ce contrat, Israël se rapproche de l’Egypte... aux dépens de la Turquie.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min

L’accord, qualifié d’historique par le Premier ministre israélien, a été conclu par un consortium privé, comprenant la société israélienne Delek, le groupe américain Noble Energy et la compagnie égyptienne Dolphinus pour la fourniture de 64 milliards de mètres cubes de gaz sur dix ans, extrait des champs offshore Leviathan et Tamar, situés au large des côtes israéliennes.

Le gouvernement égyptien n’a pas encore officiellement donné son accord et pose quelques conditions à ce contrat de droit privé, entre les deux anciens rivaux du Proche-Orient. L'Egypte a toutefois modifié sa législation en septembre 2017 pour permettre aux entreprises privées de signer des accords d'importation de gaz.

Champs gaziers en Méditerranée
Israël a découvert ces dernières années d'importants champs gaziers en Méditerranée, qui  lui ouvrent la perspective d'exporter son énergie. Trois contrats ont été signés à ce jour avec la Grèce, la Jordanie et aujourd'hui l’Egypte.

Une façon également pour Israël de nouer des liens stratégiques avec son ancien rival régional, ajoutant une dimension économique aux liens sécuritaires déja tissés avec le pays du maréchal al-Sissi.

«Cela ouvre la voie à d'autres accords et cimente l'Egypte en tant que centre énergétique régional», a déclaré à l’AFP Yossi Abu, directeur général de Delek Drilling.
 
Plutôt Le Caire qu’Ankara
Alors qu'Israël et l'Egypte renforcent leurs liens en matière de sécurité et d'énergie, l'idée de construire un gazoduc israélien vers la Turquie s’éloigne. «Israël a réorienté ses priorités vers l'Egypte au milieu d'une discorde croissante avec la Turquie», affirment des proches du dossier.


L’Egypte semble avoir besoin du gaz israélien en attendant la montée en production de ses propres champs gaziers en Méditerranée. L'Egypte compte également exporter une partie du gaz de son champ géant Zohr, découvert par l'italien ENI en août 2015.

Selon la société israélienne Delek, «même lorsque Zohr atteindra sa pleine production, il ne sera pas en mesure de répondre à la demande croissante de l’Egypte et ses 100 millions d'habitants».

Des incertitudes subsistent sur la façon de transporter le gaz vers l'Egypte. Delek a déclaré qu'elle entamera des discussions avec la société EMG sur l'utilisation de son pipeline construit pour exporter du gaz égyptien vers Israël.

Exportation via la Jordanie
Une autre possibilité serait d'utiliser un pipeline reliant le réseau israélien au réseau jordanien. En septembre 2016, un contrat d’exportation de gaz israélien d’un montant de 10 milliards de dollars avait été signé avec la Jordanie.

Israël a également donné fin 2016 son feu vert à la vente de deux autres champs gaziers, dont les réserves sont estimées à 60 milliards de mètres cubes, à la compagnie grecque Energean.

En 2017, M.Netanyahu avait jugé «révolutionnaire» le projet de gazoduc East Med devant relier son pays à Chypre et à la Grèce, à l'issue d'une rencontre tripartite à Athènes.
D'un coût de 5,8 milliards d'euros, ce gazoduc devrait acheminer le gaz découvert au large des côtes chypriotes et israéliennes en Europe, réduisant ainsi la dépendance du Vieux continent à l'égard de l'énergie russe.

Le projet ne devrait toutefois pas commencer avant plusieurs années et le pipeline ne serait opérationnel qu'en 2025.

Ces nouvelles richesses créent également des tensions en Méditerranée: elles sont au cœur d'un contentieux entre l'Etat hébreu et le Liban. Le Liban a récemment signé son premier contrat d'exploration d'hydrocarbures au large de ses côtes avec un consortium comprenant le groupe pétrolier français Total, l'italien ENI et le russe Novatek. Deux blocs sont concernés, dont une partie se trouverait dans une zone maritime revendiquée par Israël.

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