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Coronavirus : l'Egypte fournit une aide aux Etats-Unis pour lutter contre l'épidémie

Un avion AC-130 a atterri mardi 21 avril sur la base aérienne militaire d'Andrews près de Washington. 

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Sur le compte Facebook du porte-parole de la présidence de la République d'Egypte, on peut voir les photos de l'aide à destination des Etats-Unis, avec ce commentaire : "Arrivée de la cargaison d'aide médicale égyptienne aux Etats-Unis et réception par la partie américaine en présence de l'ambassade et du bureau de la Défense égyptienne à Washington." (Présidence de la République d'Egypte)

Du matériel médical fourni par l'Egypte afin d'aider les Etats-Unis à lutter contre l'épidémie est arrivé mardi 21 avril sur la base aérienne militaire d'Andrews près de Washington. Le monde à l'envers en quelque sorte. En fait, il s'agit d'une belle opération de communication de la part du président égyptien al-Sissi. Il entend montrer son soutien à Donald Trump et rappeler l'importance de l'alliance entre l'Egypte et les Etats-Unis.

Selon le Washington Post qui révèle cette livraison, la cargaison serait composée d'antibiotiques, de produits anesthésiques, mais aussi de masques et de sacs mortuaires. Une information qui a été confirmée par un membre de l'administration américaine sous couvert d'anonymat. L'ambassadeur des Etats-Unis au Caire Jonathan Cohen a, de son côté, remercié "le gouvernement et le peuple égyptiens pour (leur) généreuse contribution de fournitures médicales, qui nous aideront à faire face à la crise pandémique..."

(Vidéo fournie par la présidence egyptienne)

"C'est un geste de gratitude de la part de l'Egypte pour le soutien qu'elle a reçu de la part de Donald Trump depuis son élection", a commenté Mike Evans, écrivain et activiste chrétien. Evans est un proche de Trump, dont il a été un conseiller, et d'al-Sissi qu'il rencontre fréquemment.

"Soft power"

Une marque d'amitié que le maréchal al-Sissi avait déjà adressée à l'Italie et au Royaume-Uni en leur offrant également une aide médicale. Un choix qui ne doit rien au hasard. Il s'agit d'alliés historiques avec lesquels l'Egypte entretient des liens étroits. Ainsi, le pétrolier italien ENI travaille avec Le Caire sur un important champ gazier en Méditerranée.

Cet art du "soft power" permet ainsi de glisser sous le tapis les choses qui fâchent. La politique répressive du maréchal al-Sissi est de plus en plus dénoncée à travers le monde. Offrir une aide, c'est aussi obtenir le silence.

Mais beaucoup s'interrogent sur la pertinence de ces aides. "L'Egypte a-t-elle suffisamment de ces produits pour se permettre d'en envoyer vers d'autres pays ?", se demande Michele Dunne, directrice du programme Proche-Orient à la fondation Carnegie.

Un million de masques pour l'Italie

"En faisant ces dons, al-Sissi veut montrer que l'épidémie est maîtrisée dans son pays. Or il y a beaucoup de zones d'ombre sur la situation réelle", commente Michele Dunne. L'Egypte a ainsi offert un million de masques à l'Italie début avril. Dans le même temps le prix de ces produits explosait dans le pays, les rendant inabordables pour beaucoup d'Egyptiens.

Du reste, dans la lutte contre le coronavirus, l'Egypte multiplie les annonces qui font d'elle un pays en pointe. Elle vient ainsi de démarrer les premiers essais de plasma thérapeutique. Elle est non seulement le premier pays africain à expérimenter cette technique, mais elle rejoint aussi un club très restreint de pays à le faire : Etats-Unis, Chine, Inde, France...

Selon le dernier bilan officiel connu à ce jour, l'Egypte comptait plus de 3 300 cas confirmés de Covid-19 et 250 décès dus à la maladie.

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