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Afrique du Sud : la fin de l'âge d'or du secteur minier

Le temps où le pays de Nelson Mandela tirait une grande partie de sa richesse des mines est-il révolu ? Depuis plusieurs années, le secteur dégraisse à tour de bras et lance un défi au président Ramaphosa, tenu de combattre un chômage record à trois mois des élections fixées au 8 mai.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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 Un travailleur de la mine d'or de Masimthembe Sibanye Gold à Westonaria (province de Gauteng), le 3 avril 2017. (MIKE HUTCHINGS / REUTERS)

Dans un discours devant le Parlement le 7 février 2019, largement consacré à la relance de l'économie et à la lutte contre la corruption, Cyril Ramaphosa, à la tête du pays depuis un an, a assuré que son pays était "sur la voie de la croissance et du renouveau", après la "période d'instabilité et de perte de confiance" du règne de son sulfureux prédécesseur Jacob Zuma (2009-2018).

Parmi les parlementaires, pas de lazzis mais guère non plus d'applaudissements.

"Ce n'est pas comme du Coca-Cola"

Dans le pays, le chômage affiche un taux record de près de 28%. Touché de plein fouet par la baisse des cours et l'augmentation constante des coûts opérationnels et de main d'oeuvre, le secteur minier est le plus atteint.

"Il faut comprendre que les ressources minières sont des ressources qui s'épuisent", explique le ministre sud-africain des Mines, Gwede Mantashe, "ce n'est pas comme du Coca-Cola où il suffit de mélanger de l'eau et du sirop".

A leur apogée dans les années 1980, les mines sud-africaines employaient 760 000 personnes et contribuaient à 21% du produit intérieur brut (PIB) de l'Afrique du Sud. Aujourd'hui, elles ne comptent plus que 450 000 employés et rapportent à peine 7% de la richesse nationale.

Succession de plans de dégraissage

Pour expliquer le déclin, l'analyste Johann Pretorius, du cabinet Renaissance Capital, interrogé par l'AFP, pointe "la complexité croissante" de l'exploitation des mines, notamment la profondeur des gisements, et "les revendications des syndicats". Les grèves sont fréquentes. La plus grande centrale syndicale (Cosatu) a d'ailleurs appelé son 1,6 million d'adhérents à cesser le travail le 13 février 2019 pour dénoncer "les suppressions d'emplois dans tous les secteurs de l'économie".

Dans ce contexte, les plans de dégraissage se succèdent. En 2018, le producteur de platine Impala Platinum a annoncé vouloir supprimer 13 000 emplois. Le producteur d'or Gold Fields veut faire de même avec plus de 1000 postes, soit un tiers de ses effectifs.

"L'Afrique du Sud semble avoir préféré un fort taux de chômage à des salaires bas. Conséquence, nous estimons que notre secteur des métaux précieux va se réduire dans la prochaine décennie", ajoute sans détour M. Pretorius.

Le salut dans l'automatisation ?

Parallèlement à cette morosité, l'Afrique du Sud se lance progressivement dans l'automatisation de ses mines, laissant craindre chez les syndicats de nouvelles suppressions de postes.

Mais le président de la société australienne Resolute Mining, John Welborn, rejette ces inquiétudes. Sa compagnie d'or, qui exploite une mine en Afrique du Sud, est en train d'en automatiser une autre au Ghana. Et selon lui, ce projet va contredire "l'idée selon laquelle si on a des robots, personne n'a d'emploi".

"Je suis absolument convaincu", assure-t-il, "que la technologie nous permet d'intégrer et d'employer des travailleurs locaux à des postes plus qualifiés pour qu'ils puissent gérer la mine."

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