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Deux années dans les geôles égyptiennes pour le journaliste d'Al-Jazeera Mahmoud Hussein

Le 20 décembre 2018, cela fera deux ans que Mahmoud Hussein est en prison en Egypte. Le journaliste d’Al-Jazeera attend toujours son procès ou au moins une mise en accusation en bonne et due forme. Il semble être la victime collatérale du bras de fer entre le pouvoir égyptien et celui du Qatar, via la chaîne de télévision Al-Jazeera.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Mahmoud Hussein (capture d'écran du site Al-Jazeera). (Al-Jazeera)

Pour la 17e fois en deux ans, le journaliste d’Al-Jazeera Mahmoud Hussein vient de voir sa détention préventive prolongée. 45 jours de plus. Les autorités égyptiennes accusent le correspondant d’Al-Jazeera au Caire de propager de fausses informations, et de recevoir des fonds de l’étranger pour diffamer les institutions.


La chaîne d’info qatarie est interdite de séjour en Egypte depuis 2013 et l’arrivée du maréchal al-Sissi au pouvoir. Ce dernier accuse Al-Jazeera de soutenir l’organisation des Frères musulmans, une "organisation terroriste".


Par deux fois dans le passé, des journalistes d’Al-Jazeera ont été poursuivis. En août 2015, trois d'entre eux ont été condamnés à trois ans de prison. Pire, en 2016, trois autres journalistes, dont deux d’Al-Jazeera, ont été condamnés à mort par contumace, accusés d’espionnage au profit du…Qatar !


Mahmoud Hussein n’a pas échappé aux foudres. Il a été arrêté le 20 décembre 2016 à son arrivée au Caire, puis jeté en prison le 24 décembre. Accusé "d’incitation à la haine et de publication de fausses informations". Depuis la fermeture du bureau du Caire d’Al-Jazeera, Mahmoud travaillait à Doha, au Qatar, et il venait passer des vacances en famille dans son pays natal.


Le 19 novembre 2018, il a de nouveau été entendu par la justice de son pays et n’a toujours pas été mis formellement en accusation. En revanche, il a écopé de 45 jours de détention supplémentaires qui s’ajoutent aux 713 jours déjà passés en prison. 

Aucune nouvelle information n'a été donnée quant aux conditions de détention et quant à son état de santé. En juin 2016, sa fille se montrait inquiète. Son père était détenu dans le noir et ne disposait ni d'électricité, ni de cabinet de toilette.

Détention illégale

Selon Al-Jazeera, cette détention préventive au long cours est illégale. En Egypte, elle ne peut pas dépasser 620 jours, et seulement pour les cas de trahison. Au-delà, les autorités doivent présenter le prévenu à un tribunal ou le relâcher. Mais dans cette affaire, ni l’intervention des Nations Unies, ni la pression des ONG comme Reporters sans frontières n’ont pour l’heure fait bouger les lignes.


Il faut dire que le cas de Mahmoud Hussein n’est pas unique. Selon le décompte réalisé par le Commitee to Protect Journalists, 25 journalistes sont détenus en Egypte. L’un d’eux, le photojournaliste Mahmoud Abou Zeid a passé cinq ans en détention avant d’être jugé. Il a été condamné le 8 septembre 2018 à cinq ans de prison, une période de détention qu’il avait déjà effectuée.

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