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Coronavirus en Afrique : "L'exception du Burundi", une nation épargnée par "la grâce divine"

Dans ce pays chrétien de l'Afrique des Grands Lacs, aucun cas de coronavirus n'a encore été déclaré par les autorités sanitaires au 30 mars 2020. 

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le président burundais Pierre Nkurunziza et son épouse prient le 6 avril 2016 dans la cathédrale Regina Mundi de Bujumbura. Chaque année, il organise des prières et prêche devant ses administrés et ses collaborateurs. (EVRARD NGENDAKUMANA / X03697)

C'est l'un des rares pays africains encore épargné par la pandémie du Coronavirus. Pas un seul cas n'y a été déclaré à ce jour (30 mars 2020). Les autorités sanitaires du Burundi sont formelles : le pays touche du bois. Pourtant, le virus est présent chez tous ses voisins et continue de se répandre comme une traînée de poudre à travers tout le continent.

"Un pays qui a donné à Dieu la première place"

Alors que plusieurs pays africains se sont barricadés et ont ordonné le confinement de leur population, aucune mesure exceptionnelle n'a été annoncée à Bujumbura. Certes, les vols commerciaux internationaux au départ et à l'arrivée de l'aéroport de la capitale ont été suspendus à partir du 22 mars. Certes, les Burundais ont été invités à se laver les mains et à observer les mesures de protection et d'hygiène préventives édictées par le gouvernement. Et la quarantaine de 14 jours a été déclarée obligatoire pour les voyageurs en provenance de pays à risque. Mais si la nation burundaise a été épargnée jusqu'ici par la pandémie du coronavirus, c'est bien pour une autre raison, affirme le porte-parole de la présidence burundaise.

Le Burundi est une exception. C'est un pays qui a donné à Dieu la première place. Un Dieu qui le garde de tout malheur

Jean-Claude Karerwa, porte-parole de la présidence

à la radio BBC en Kirundi*

(* Kirundi : langue nationale du Burundi )

Le discours est loin de rassurer tous les Burundais. Certains ne cachent pas leur inquiétude face au laxisme affiché par leurs compatriotes vis-à-vis de la pandémie, en province comme à Bujumbura, la capitale. D'où ce titre alarmant du site burundais d'information IWACU : Le Burundi retient son souffle.

"De la bouteille de bière au goulot que l'on s'échange allègrement, de cette cigarette roulée qui passe amicalement d'une bouche à l'autre, le gouvernement devrait renforcer les mesures déjà prises dans le cadre de la prévention", plaide le site Iwacu dans son éditorial du 27 mars.

Entouré par des pays contaminés

Le ministre burundais de la Santé publique, le docteur Thaddée Ndikumana a tenu à démentir catégoriquement les informations qui ont circulé il y a quelques jours sur les réseaux sociaux, faisant état de l'imminence de l'annonce d'un confinement de la population burundaise. "Evitons l'intox", a-t-il mis en garde sur son compte Twitter, en dénonçant de fausses informations émanant de sources non autorisées. Et de rassurer ses compatriotes qu'aucun cas de coronavirus n'a encore été enregistré dans le pays.

Des propos rassurants dans un pays dont les voisins ont été tous contaminés et avec lesquels il partage des frontières poreuses. Le risque est donc grand que des personnes infectées, mais non détectées, rentrent au pays, redoute le rédacteur en chef du site Iwacu, Antoine Kaburahe.

Plus inquiétant encore, les rassemblements des foules restent toujours autorisés au Burundi. C'est une grave entorse aux règles basiques de santé publique. Il faut vraiment s'interroger

Antoire Kaburane, rédacteur en chef du site Iwacu

Dans son édition du 23 mars 2020

Pour notre confrère, le Burundi semble vivre une exception, "un état de grâce" difficilement explicable, mais qui pourrait ne pas perdurer indéfiniment. "J'aimerais me tromper bien sûr", espère-t-il.

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