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Burkina Faso : malgré le coronavirus, les enfants travaillent toujours dans la carrière de Pissy

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Située à la périphérie de Ouagadougou, elle fait plusieurs centaines de mètres de profondeur.

La carrière de granite à ciel ouvert de Pissy est un trou de plusieurs centaines de mètres de profondeur. Elle est située à la périphérie de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Ce granite, qui sert à construire des bâtiments, des maisons et des routes, fait vivre chaque jour environ 4 000 personnes, dont la moitié sont des femmes, et de 400 à 700 enfants.

L'association des Enfants et Jeunes travailleurs du Burkina Faso (AEJTB) œuvre à réinsérer dans la société les enfants déscolarisés. Elle est soutenue par l’UNICEF et plusieurs ONG dont la Fondation Raoul Follereau.

10 photos d’Anne Mimault réalisées en juin 2020 accompagnent ce propos.

Comme l’explique Claude-François Ouédraogo, ancien enfant travailleur de Pissy et aujourd’hui responsable de la coordination de l’AEJTB, "les écoles et les centres de formation ont été fermés" à cause du coronavirus, et "les enfants se sont retrouvés sur le site de la carrière de Pissy".    (ANNE MIMAULT / REUTERS)
"La plupart des enfants qui sont présents sur le site accompagnent leurs parents, souligne Ouédraogo. Notre association propose d’accueillir ces enfants dans la journée pour les sortir de la carrière. Et nous avons créé une petite école maternelle qui (en) accueille soixante-dix." Cette école est soutenue par des ONG et la Fondation Raoul Follereau.     (ANNE MIMAULT / REUTERS)
Citée par la Fondation Raoul Follereau, Joséphine Wouango, professeur de sociologie qui a réalisé une enquête approfondie sur Pissy déclare : "Le travail des enfants dans la carrière est défini et catégorisé dans la législation nationale comme relevant des travaux dangereux et il est donc interdit. L’article 5 du décret du 22 avril 2009 précise que l’interdiction du concassage de minerai est due aux poussières nuisibles, blessures, postures inconfortables."      (ANNE MIMAULT / REUTERS)
"Au Burkina Faso, plus des deux cinquièmes des enfants âgés de 5 à 17 ans sont économiquement actifs, alors que le Code du travail interdit le travail des enfants de moins de 16 ans. Le pays est signataire de la Convention relative aux droits de l’Enfant et de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’Enfant. En 2017, le gouvernement burkinabè a adopté un nouveau décret en appui au programme national de lutte contre le travail des enfants. Ce décret liste l’ensemble des travaux dangereux » pour ces derniers, explique la Fondation.    (ANNE MIMAULT / REUTERS)
Les parents qui n’ont pas les moyens de les scolariser préfèrent les garder avec eux pour les surveiller. Pour d’autres familles, ils représentent une source de revenus supplémentaire indispensable.      (ANNE MIMAULT / REUTERS)
Si M.Ouédraogo croit en l’éducation pour sortir les enfants de la misère, ce n’est pas le cas de tous les parents. L’association doit s’armer de patience envers les ceux qui ont du mal à quitter la carrière. "C’est tellement plus rapide pour gagner de l’argent, déplore le coordinateur. Nous essayons de sensibiliser les mères aux dangers de la carrière pour les enfants."      (ANNE MIMAULT / REUTERS)
Le taux de scolarisation dans le primaire est passé de 60% au début des années 2000 à 88% en 2019, mais il reste encore trop d’enfants qui travaillent. Car si la pauvreté est une raison majeure à cette situation, elle n’explique pas tout. La pression sociale joue aussi son rôle. Ne pas aider sa famille est encore très mal perçu par beaucoup de Burkinabè.      (ANNE MIMAULT / REUTERS)
Creuser, casser, concasser, transporter, chacun a son rôle à Pissy. "Les hommes extraient la roche et la brisent en plusieurs blocs. Les femmes achètent ces blocs le matin pour les concasser en tailles différentes. (...) Ces dernières paient d’autres femmes ou enfants pour faire remonter le granit du trou", explique sur le site de la Fondation, Aziz, un ancien enfant travailleur.     (ANNE MIMAULT / REUTERS)
Un danger guette les enfants qui travaillent dans la carrière, alertent les médecins. Beaucoup risquent de développer des maladies pulmonaires telles que l’asthme. Car ils inhalent non seulement les poussières minérales générées par le cassage des pierres, mais aussi les émanations de pneus que les hommes brûlent pendant plusieurs jours au fond de la carrière pour fendre la roche.     (ANNE MIMAULT / REUTERS)
Selon le Dr Risgaud Ouédraogo, médecin pneumologue au CHU-Yalgado cité par VOA Afrique, "ces personnes sont exposées à des pathologies respiratoires très graves. (…) "On parle de pneumoconioses qui sont des pathologies respiratoires. Ces patients, à la longue, au bout de 10 à 20 ans, vont présenter des difficultés à respirer.»      (ANNE MIMAULT / REUTERS)

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