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RECIT FRANCEINFO. Nous sommes le 16 août 2050 et voici à quoi ressemble la canicule dans l'Hexagone

Camille Caldini, Marie-Violette Bernard le jeudi 16 août 2018

 (MAXPPP / JESSICA KOMGUEN / FRANCEINFO)

La France est touchée par une vague de chaleur depuis vendredi 7 août. Météo France maintient encore sa vigilance rouge canicule, mercredi 12 août, sur 13 départements du Nord et de l'Ile-de-France. Fin août 2018, nous avions publié ce récit d'anticipation sur une canicule en 2050 en France.


Cet été 2018, il a fait 40,2 °C à Nîmes (Gard), 37,6 °C à Lille (Nord), 39,1 °C à Leucate (Aude), 37,5 °C à Paris. La canicule a fait suffoquer l'Hexagone, entre fin juillet et début août. Il va falloir s'y habituer : d'ici trente ans, les températures moyennes estivales vont augmenter de 0,6 à 1,3 °C, selon le rapport Jouzel sur le climat futur en France. Et les vagues de chaleur seront plus fréquentes et plus longues.

Quelles seront les conséquences de ces épisodes de canicule ? Comment nous adapterons-nous à ces étés étouffants ? Franceinfo imagine à quoi ressemblera une journée de canicule en août 2050. Une "fiction spéculative" fondée sur des études scientifiques, notamment les travaux de Météo France et de l'Observatoire national des effets du réchauffement climatique (Onerc). Cette journée caniculaire et imaginaire pourrait aussi être différente. Les politiques publiques, l'évolution des comportements individuels et les éventuels accords internationaux écriront peut-être un autre scénario pour ce 16 août 2050.

"Ça me rappelle Madrid en 2018"

  (REUTERS / JESSICA KOMGUEN / FRANCEINFO)

Six heures et demie, Paris, 18e arrondissement, 27 °C. La pâle lumière de l'aube réveille tout juste une capitale verdoyante. La montre connectée de Chloé affiche un petit triangle orange : "alerte canicule dans 60 départements". "Cet épisode de fortes chaleurs touche à sa fin", a assuré la présentatrice météo, hier soir. "J'espère bien, ça fait trois jours qu'elle me fait des promesses", marmonne la jeune femme. À 6h45, elle ouvre en grand les fenêtres et volets de son deux pièces, en quête d'un petit courant d'air. Dans son salon, il fait toujours 25 °C au petit matin. C'est mieux que chez sa copine Melody, qui lui envoie chaque matin une photo du vieux thermomètre de sa cuisine : entre 30 et 31 °C à 7 heures. Son immeuble des années 1980, toujours pas rénové, est une étuve.

Chloé a le privilège d'habiter dans un immeuble de 2046 : "bas carbone", "énergie positive"... Elle ne comprend pas tous ces trucs écolos. Son immeuble est aussi raccordé au réseau de froid urbain, un système qui fait circuler de l'eau glacée à 5 °C dans le bâtiment pour le rafraîchir. Plus besoin de supporter le bourdonnement du climatiseur. Mais ce qu'elle préfère, c'est vivre entourée de plantes grasses, mousses, arbustes... Il y a même des potagers verticaux sur certaines façades et toute cette végétation lui fait gagner quelques degrés bienvenus en été. Chloé referme quand même ses volets et se prépare à aller à la piscine.

7h54, Corbeil-Essonnes (Essonne), 28 °C. Gabriel est en retard au travail. Ses clés de maison à la main, il se demande comment y aller. Il avait récupéré la petite citadine hybride de sa mère exprès pour rejoindre son magasin de jeux vidéo, près de la place de la République, en 55 minutes. Depuis que les véhicules essence et diesel n'ont plus le droit de circuler dans la ville, il trouve que "ça roule mieux".

Mais la chasse aux voitures entamée par la ville de Paris en 2015 est loin d'être terminée. "Une journée sans voiture, ça allait encore, grogne-t-il. Maintenant, il y a des pistes cyclables partout, des zones piétonnes et la vitesse est limitée à 30 km/h dans la plupart des rues..." liste Gabriel à haute voix. "Même les véhicules hybrides ne sont plus les bienvenus", râle ce passionné d'automobile. S'il y a un nouveau pic de pollution à l'ozone, il y aura sûrement encore des restrictions de circulation. "À tous les coups, je vais devoir me garer à Porte de Charenton et finir en métro", soupire-t-il. Autant prendre le RER puis un bus.

Au moins, il y a la clim' dans tous les transports en commun maintenant.

Gabriel

8h45, La Rochelle (Charente-Maritime), 23 °C. Sophia et Javi font leur marché dans la halle couverte du centre-ville de La Rochelle, où Javi peut rester 30 minutes devant chaque étal. "J'aime bien savoir ce que je mange", se défend-il. Surtout, il ne comprend plus rien aux saisons. "Il y a du melon dès la fin mai, c'est super, mais en même temps il faut se battre pour trouver trois abricots en juillet", regrette cet ancien commerçant. Les agriculteurs français ont avancé les périodes de semences et de récoltes. Mais la sécheresse et les intempéries n'ont pas épargné la profession. Dans le sud de la France, il y a de moins en moins de vergers. Les parents de Javi, agriculteurs en Corrèze, ont dû abandonner avant l'heure de la retraite leur exploitation et leur cheptel de vaches laitières, dans les années 2030.

"Tu manges moins, mais tu manges bien !" rappelle Sophia, en lui tendant des courgettes. Depuis quelques années, la plupart des étals n'affichent plus la mention "bio" pour se démarquer des autres : c'est devenu la norme. En France, l'agriculture conventionnelle a presque disparu. Une agriculture "intégrée" a trouvé sa place dans les champs : moins de pesticides chimiques, moins de travail du sol et des cultures plus diversifiées, afin de respecter l'environnement. Même les producteurs réticents y sont venus. Fini les hectares de maïs à perte de vue, place au sorgho, originaire d'Ethiopie, qui demande 40% d'eau en moins et pousse très bien dans le Sud-Ouest. Javi peut même en utiliser la farine dans ses pâtisseries.

Un champ de sorgho avant la récolte. (CLAUDIUS THIRIET / BIOSPHOTO / AFP)

10h57, Lyon, 36 °C. Marcus pose sa soudeuse, retire ses gants et relève son masque. La peau de sa nuque le brûle et l'eau de sa gourde réfrigérante est déjà tiède. "Allez gamin, fais pas de zèle ! Rentre chez toi et reviens demain à 5h30", lui lance son chef de chantier. Marcus, 22 ans, vient de trouver ce travail, alors il veut se faire bien voir. "Si le soleil t'assomme, je fais comment, moi ?" insiste son chef. Canicule oblige, les horaires de travail en extérieur ont été aménagés. Marcus embauche à 5h30 et s'active sur le chantier jusqu'à 10h30, 11 heures tout au plus. Ses collègues qui peuvent travailler à l'ombre restent jusqu'à midi. Mais il n'y a plus aucune équipe d'après-midi, "jusqu'à nouvel ordre".

Pour rentrer retrouver sa copine, dans le quartier de la Guillotière, Marcus emprunte un des "itinéraires fraîcheurs" de Lyon. Cela rallonge un peu son trajet, mais c'est devenu une habitude. Il y a de l'ombre tout le long, pas trop de circulation et même des zones humides, dans le parc Blandan, où il fait un peu meilleur. "Ça me rappelle Madrid en 2018", radote le père de Marcus. "J'ose même pas imaginer Madrid en ce moment", se dit le jeune homme. Cet été 2050, dans la capitale espagnole, le mercure a atteint 45 °C tous les après-midi, pendant dix jours.

"La plage au mois d'août, mais tu es fou !"

  (AFP/ JESSICA KOMGUEN / FRANCEINFO)

Midi, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), 40 °C. Lou cherche une position plus confortable sur sa chaise en plastique. Courbatures, grosse fièvre, nuque raide... En se réveillant ce matin, elle n'était pas très en forme. "Ce n'est peut-être qu'une petite grippe ou un rhume à cause de la climatisation", envisage la quinquagénaire. Mais elle ne peut pas s'empêcher de penser à la dengue. Autrefois, on attrapait cette maladie transmise par les moustiques en Guyane ou en Guadeloupe. La dengue est réapparue dans les villes méditerranéennes depuis une vingtaine d'années, comme le redoutait l'Onerc dès 2007. Et même en Auvergne, on n'en est désormais plus à l'abri.

C'est ce qui a poussé Lou à faire 20 km pour venir aux urgences de Clermont-Ferrand. Son généraliste, parti à la retraite il y a quinze ans, n'a jamais été remplacé. "Heureusement, la dengue se soigne bien", se rassure l'employée d'un petit pressing. L'entrée d'un jeune homme à l'air paniqué interrompt le fil de ses pensées. "J'ai reçu un appel. Ma femme a été transportée ici, explique-t-il à une infirmière. Apparemment, elle a fait un malaise pendant son jogging." Lou n'en revient pas. "Qui va courir avec cette chaleur ?" s'interroge-t-elle.

Il fait déjà 40 °C dehors, tout le monde sait que c'est inconscient !

Lou

Les 20 000 morts dues à la canicule de 2003 ont marqué les esprits. Quarante-sept ans plus tard, les Français se sont adaptés et le système de santé aussi. Un médecin emmène le trentenaire à l'écart. À côté de Lou, un enfant ne cesse d'éternuer. "Encore un qui est irrité par le pollen."  L'OMS l'annonçait dès 2015 : 50% de la population mondiale est aujourd'hui affectée par au moins une allergie.

13h08, Roscoff (Finistère), 26 °C. Noé prépare son déjeuner en écoutant d'une oreille distraite une chaîne d'information. "Cet après-midi, les températures vont encore dépasser les 40 °C dans le Sud-Est, annonce le journaliste. La canicule a déjà fait douze morts depuis le début du mois d'août." La situation est bien plus grave dans d'autres régions du monde. Aux Etats-Unis, des milliers de pompiers californiens luttent cette année encore contre une vingtaine d'incendies. La Suède connaît l'une de ses pires sécheresses depuis 2018. En Inde, plusieurs centaines de personnes sont mortes en quinze jours à cause de la canicule. "Dans les régions tropicales, l'humidité est telle que le corps ne parvient plus à réguler sa température par la transpiration", explique un spécialiste à la télévision.

Heureusement, à Roscoff, la chaleur reste supportable. Pour Noé, le seul problème est qu'il est désormais plus difficile de profiter de la mer. Depuis le début du siècle, le niveau des océans augmente de 3,2 mm par an en moyenne. "Cela fait 15 cm de plus en cinquante ans, calcule le jeune Breton. Pas étonnant qu'il ne reste presque plus un carré de sable où poser sa serviette à marée haute..."

Les températures moyennes vont connaître une hausse de 0,6°C à 1,3°C d'ici 2050, en particulier dans le Sud-Est. (BENOIST SIMMAT / AURELIE BOISSIERE / EDITIONS AUTREMENT)

15h19, Montpellier (Hérault), 41 °C. "La clim', c'est bien, mais je préférerais un bon bain de mer." Assis dans le bureau qu'il partage avec deux collègues, Mohamed rêve de vagues et de sable fin. "Aller à la plage en plein mois d'août, mais tu es fou !" rétorque Léa. Mohamed doit admettre qu'elle a raison. Les plages de Méditerranée sont prises d'assaut en mai ou en septembre. Quand la chaleur est moins écrasante.

Même avec des températures plus clémentes, Mohamed n'est pas certain qu'il pourrait mettre un orteil dans l'eau. Les signalements de méduses se multiplient. Des raies pastenagues violettes, au dard venimeux, se rapprochent elles aussi des côtes pour donner naissance à leurs petits dans une eau plus chaude. La faune du nord de la Méditerranée a bien changé : le réchauffement et l'acidification des mers fait souffrir les moules et les gorgones, alors que les mérous et les barracudas pullulent. Mohamed oublie ses idées de farniente. Léa tente de lui arracher un sourire.

De toute façon, avec de l'eau à 29 °C, on ne peut pas dire que la baignade aurait été rafraîchissante !

16h36, Soumoulou (Pyrénées-Atlantiques), 39 °C. Ludivine observe son jardin à travers la fenêtre. Comme partout à Soumoulou, l'herbe est desséchée. Les pieds de tomates qu'elle a plantés au printemps sont rabougris, brûlés par le soleil. Depuis les années 2030, les sécheresses sont devenues plus fréquentes et les restrictions d'eau plus contraignantes. "Il n'est plus du tout 'green', le golf d'à côté", s'amuse Ludivine, en regardant par-delà sa haie de thuyas grillés. Elle hésite à arroser son potager qui dépérit, malgré l'interdiction, avant de se raviser. "J'entends déjà le maire : 'la consommation d'eau doit se limiter aux usages essentiels'."

Ludivine, 76 ans, a également dû dire adieu aux baignades dans sa piscine. Son mari l'avait fait creuser en 2018 et avait même planté un petit palmier. Mais les particuliers n'ont plus le droit de remplir leurs bassins. "Pas assez écologique", selon la préfecture. Impossible aussi d'aller tremper ses pieds dans le gave de Pau : en ce 16 août, le cours d'eau est presque à sec. Tant pis, Ludivine se rabat sur le brumisateur qu'elle garde au frigo. Il est bientôt 17 heures. Comme tous les jours de vigilance orange à la canicule, un employé municipal doit passer la voir pour s'assurer qu'elle est en bonne santé. "À défaut d'avoir des tomates, j'ai de la compagnie..." relativise la retraitée béarnaise.

"Et si on allait vivre au Royaume-Uni ?"

  (AFP / JESSICA KOMGUEN / FRANCEINFO)

Dix-huit heures, Vierzon (Cher), 40 °C. "On va y passer la nuit." Thomas profite de quelques instants de répit dans le camion. Avec 200 autres pompiers, il lutte contre un feu qui a déjà dévoré 500 hectares dans la forêt de Vierzon. Il y a encore trente ans, la surveillance des feux de forêts se concentrait sur les Landes ou le Sud-Est. L'Ouest et le Centre sont aujourd'hui également concernés et la saison des incendies s'étire du printemps à l'automne.

Un incendie comme ça, en Sologne... Je ne pensais pas connaître ça de mon vivant.

Thomas

L'Office national des forêts a bien tenté de s'adapter aux changements climatiques. Des chênes verts et des pins maritimes, typiques du Sud, ont été plantés plus au nord pour remplacer les hêtres et les chênes pédonculés décimés par les sécheresses successives. La surveillance des forêts a été accrue, le débroussaillage des sous-bois généralisé, des zones coupe-feu créées un peu partout. Mais des incendies se déclarent encore occasionnellement. Près de Vierzon, les flammes continuent de progresser, malgré les passages des bombardiers d'eau. Thomas essuie la sueur de son front avant de remettre son casque. "Allez les gars, on y retourne. La température va bientôt baisser, il faut en profiter pour fixer ce feu !"

21h15, Lille (Nord), 28 °C. En poussant la porte du restaurant, Daya imagine qu'Olive et Laëtitia sont déjà lancés dans un débat passionné sur la nourriture. Cela ne manque pas. "Je peine à croire que tu manges toujours de la viande", reproche Olive à Laëtitia. "Je n'ai pas de raison de changer", rétorque-t-elle. Olive est presque né vegan. Ses parents étaient déjà de grands activistes du bien-être animal. Surtout, ils étaient conscients de l'impact de l'élevage sur l'environnement : "14 000 litres d'eau pour élever un bœuf, c'est un scandale !" martelaient-ils aux copains de leur fils. De son côté, Laëtitia a toujours aimé la viande, rouge surtout. "Je mange ce qui me fait plaisir, comme un bon steak de temps en temps", assure-t-elle. "Tu peux manger des insectes, si tu tiens tant à tes protéines animales", réplique Olive, en poussant vers elle un petit bol de criquets grillés.

"Qu'est-ce qu'on boit ?" interrompt Daya. "J'ai de vagues souvenir d'un atelier œnologie en 2022, mais tout a changé", poursuit-elle. Les vignerons ont dû évoluer : chercher des cépages plus résistants, moins tailler pour protéger le raisin et même irriguer certaines vignes au goutte-à-goutte. Par endroits, il a fallu changer radicalement de culture. Désormais, en Alsace, le chianti côtoie le gewurztraminer. On trouve aussi des vins suédois et même anglais dans les meilleures caves du pays.

D'ici 2050, certains grands crus vont devoir "migrer" vers le nord à cause du réchauffement climatique. (BENOIST SIMMAT / AURELIE BOISSIERE / EDITIONS AUTREMENT)

Sur la carte, 80% des plats sont végétariens. Daya aurait bien mangé du poisson ou des fruits de mer, "c'est devenu si rare". La plupart des espèces marines ont migré à des centaines de kilomètres vers le nord. On ne trouve plus un seul bar dans les eaux françaises. "Les huîtres du bassin d'Arcachon me manquent parfois", regrette aussi Daya. Depuis le début du siècle, elles étaient régulièrement décimées par des bactéries, et on n'en trouve plus du tout dorénavant. Ce dîner de gastronomes nostalgiques n'est décidément pas très gai. "Oh, vous avez vu ça ? bondit Laëtitia. Dans la baie de Somme, les flamants roses commencent vraiment à s'installer ! Il y a même eu des petits cette année." "Ça se mange ?" plaisante Daya.

22h46, Strasbourg (Bas-Rhin), 29 °C. Hugo enfile ses chaussettes, un œil sur l'application météo de son téléphone. Dehors, la température semble enfin vouloir redescendre. "Tu as vraiment envie d'aller courir par cette chaleur ?", interroge son mari Kylian, assis sur le canapé. "Il ne fait 'que' 29 °C, c'est supportable, tempère Hugo. Si je n'y vais pas maintenant, je n'irai jamais !" Le trentenaire s'est habitué à la hausse des températures au fil des ans. Mais tous les organismes ont une limite d'adaptation. "Et si on allait habiter au Royaume-Uni ?" propose une nouvelle fois Kylian, qui rêve d'un climat plus clément.

Hugo enfile ses écouteurs et descend l'escalier de l'immeuble. L'atmosphère des rues de Strasbourg est encore étouffante. Ce n'est pas près de s'arrêter. Selon les projections de chercheurs de Météo France, les températures estivales pourraient continuer de battre des records d'ici la fin du siècle. Hugo ne pensait pas vivre de tels bouleversements climatiques.

Et dire qu’on pourrait connaître des pics de chaleur à plus de 50 °C en 2100. Invivable.

Hugo
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Texte : Marie-Violette Bernard et Camille Caldini

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