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"J'ai été choqué" : à Paris, le rappeur Jok'Air dénonce un contrôle de police visant des enfants de son ancien quartier

Une vidéo d'enfants alignés contre un mur et palpés par des policiers, dimanche, fait polémique sur les réseaux sociaux. 

Article rédigé par franceinfo - Louise Hemmerlé
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Capture d'écran d'une vidéo publiée sur le compte Twitter du rappeur Jok'Air, le 24 juin 2018.  (CAPTURE ECRAN TWITTER)

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par le rappeur Jok'Air, dimanche 24 juin, une dizaine d'enfants sont alignés contre un mur dans la cité du Chevaleret, dimanche après-midi, dans le 13e arrondissement de Paris, par des agents de police qui procèdent à des palpations de sécurité.

"Quand on vit dans cet environnement, ça nous paraît normal" : interrogé par franceinfo, Jok'Air, qui est originaire du même quartier, dit s'être lui-même fait palper à de nombreuses reprises par des policiers en bas de chez lui. "Mais en grandissant, en voyageant, en parlant avec des gens qui viennent de milieux différents, on se rend compte que ce n'est pas normal. Maintenant que j'ai quitté la cité et que j'ai un regard extérieur sur tout ça, j'ai été choqué", assène-t-il. Il explique avoir posté la vidéo pour condamner la banalisation de ces expériences.

Les palpations de sécurité sont une mesure de sûreté autorisée sur les mineurs. "S'ils n'ont pas 5 ans, si ce sont des adolescents, il n'y a pas de raison de ne pas effectuer de palpations de sécurité, indique la préfecture de police de Paris à franceinfo, cela fait partie des procédures de sécurité lors d'un contrôle d'identité." Cependant, cette mesure "ne revêt pas un caractère systématique. Elle est réservée aux cas dans lesquels elle apparaît nécessaire à la garantie de la sécurité du policier ou du gendarme qui l'accomplit ou de celle d'autrui", précise le Code de la sécurité intérieure.

Ce n'est pas normal et ça n'arrive pas partout. Il y a certains petits jeunes qui n'ont jamais vécu ça et qui ne vivront jamais ça.

Jok'Air

à franceinfo

"Chaque été c'est pareil" 

Si ce n'est le ton outragé de la personne qui filme la scène et interpelle les policiers, ces palpations se déroulent dans le calme. "Il n'y a pas eu de violence policière, admet Jok'Air à franceinfo, mais chaque été c'est pareil, ils rentrent dans la cité, ils alignent les gens contre le mur et ils les fouillent."

Les origines de ce contrôle de sécurité n'ont pas encore été confirmées, mais selon Yacouba, dont le petit frère âgé de 11 ans faisait partie du groupe d'enfants contrôlés, les policiers auraient été à la recherche d'une pièce d'identité perdue dans le secteur. "Les enfants ont été alignés contre le mur, ils n'ont pas eu d'explications", poursuit-il. Parmi eux, certains apparaissent dans le clip La Mélodie des quartiers pauvres de Jok'Air.

"A cet âge-là, 12-13 ans, on commence à se situer sur qui on veut être. Et c'est avec ce genre d'actes qu'on va se poser en opposition aux forces de l'ordre", estime le rappeur, qui juge la scène injuste et humiliante. "Je me dois de dénoncer ça."

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