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Meurtre d'un enfant dans l'Aisne : qui est l'homme mis en examen ?

Le corps de Tom, 9 ans, a été découvert lundi 28 mai, en fin de soirée, dans le jardin d'une maison abandonnée du petit village du Hérie-la-Viéville. Il portait des "traces de viol". Un traumatisme crânien est à l'origine de sa mort.

Article rédigé par Violaine Jaussent - Mathilde Goupil
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le corps de Tom, 9 ans, a été découvert dans le jardin de cette maison, au Hérie-la-Viéville (Aisne). (MATHILDE GOUPIL / FRANCEINFO)

Il est "la dernière personne à avoir vu [Tom] en vie"Un habitant du Hérie-la-Viéville a été mis en examen et placé en détention provisoire, jeudi 31 mai, dans le cadre de l'enquête sur le meurtre et le viol d'un garçon de 9 ans dans ce village de l'AisneFranceinfo résume ce que l'on sait de cet homme de 27 ans, mis en examen, dont nous avons choisi de ne pas donner le nom.

Il est décrit comme "un peu spécial"

Cet homme réside au Hérie-la-Viéville, à quelques centaines de mètres du lieu d'habitation de Tom, la victime âgée de 9 ans. Dans ce village d'environ 230 habitants, situé à 30 kilomètres à l'est de Saint-Quentin, tout le monde se connaît. Cet habitant y est plutôt bien perçu : il a recueilli plusieurs voix aux dernières élections municipales, mais sans être élu. "Il est un peu spécial. Parfois il dit bonjour et parfois pas un mot, mais il est poli et pas agressif. Il aime bien les bêtes, il vient d'acheter une petite biquette, il a un chien, un chat et des poules", témoigne une voisine interrogée par franceinfo. "Je ne le connais pas beaucoup, mais c'est quelqu'un de très aimable", confie à franceinfo la personne âgée qui vit dans la maison située en face de la sienne.

En revanche, sur son profil Facebook, il diffuse des captures d'écran d'échanges houleux avec ses interlocuteurs. L'un d'eux lui demande de ne "plus adresser la parole à son frère". Contacté par franceinfo, ce dernier n'a pas souhaité faire de commentaires sur cette conversation.

"Il a des histoires avec beaucoup de monde", confirme à franceinfo un habitant du village avec lequel il s'est disputé. "Au départ, il était plutôt gentil, mais très vite il a essayé de me contrôler. Il est dangereux, très possessif et manipulateur", estime-t-il. Cet habitant affirme même qu'il a été "menacé plusieurs fois" par le mis en examen, mais qu'il n'a pas porté plainte. "Je pense qu'il ne ferait pas de mal à une mouche même s'il a une grande bouche sur internet", explique-t-il.

Son look est excentrique et il est passionné d'objets de la Première Guerre mondiale

De ce profil sur Facebook, on retient également le look excentrique du jeune homme. Sur les dizaines de selfies qu'il a postés ces derniers mois, il apparaît avec une épaisse crête de cheveux, tantôt roses, bleus ou blonds peroxydés. Par ailleurs, il apparaît parfois travesti et affiche ouvertement sa bisexualité. L'homme a aussi photographié les personnages de manga qu'il arbore en tatouages. Il a également mis en ligne des photos d'antiquités militaires, pour lesquelles il nourrit visiblement une passion. 

"C'est un solitaire. Les seuls amis que je lui connais sont ceux du groupe Facebook avec lesquels il cherche, dans les champs, des obus et des médailles de la Première Guerre mondiale , avec des détecteurs de métaux", confie sa mère à franceinfo. Cette femme, âgée de 58 ans et mère de neuf enfants, s'est installée il y a une vingtaine d'années au Hérie-la-Viéville, après s'être séparée de son premier mari.

Son fils, lui, vit seul depuis trois ans dans une maison du village déclarée insalubre. Il a un grand jardin dont il aime s'occuper. Il y entrepose du bois coupé et des nichoirs pour oiseaux qu'il a lui-même fabriqués. "Il sculpte le bois et les meubles avec son beau-père", confirme sa mère.

Il souffre de "graves problèmes de schizophrénie", selon sa mère

L'homme mis en examen est sans emploi. "Il ne travaille plus à cause de ses problèmes psy", affirme sa mère, qui explique que le jeune homme souffre de crises de schizophrénie. "C'est quelqu'un de très calme, mais quand il est contrarié il peut s'énerver très vite", précise-t-elle. "Je pense qu'il est accusé à tort. Je crois à son innocence comme tout parent, mais on n'est pas infaillible. S'il est reconnu coupable, j'espère qu'il se soignera plutôt que d'aller en prison car il a de vrais problèmes." Au quotidien local L'Aisne Nouvelle, elle ajoute : "Il a de graves problèmes de santé mais il n'a jamais voulu le dire."

D'après elle, son fils avait l'habitude de jouer avec des enfants du village, dont le petit Tom. D'ailleurs, la sœur du suspect était la baby-sitter du petit garçon. "Je ne sais pas quoi en penser. Il était un peu marginal. Il a eu des problèmes, il a déjà fait un séjour en hôpital psychiatrique. La dernière fois que je l'ai vu, c'était dimanche, au comice agricole à Sains-Richaumont. Il avait l’air bien", témoigne-t-elle dans Le ParisienLe frère du mis en cause, lui, n'y croit pas : "Je connais mon frère, il est incapable de ça." 

Il a un casier judiciaire vierge

Le jeune homme a été interpellé à son domicile, mardi 29 mai, au petit matin, quelques heures seulement après la découverte du corps de Tom. Il n'est pas inscrit au Fichier judiciaire des auteurs d'infractions sexuelles. Mais il est connu pour des faits "mineurs" de droit commun, indique à l'AFP une source proche du dossier. Mardi, le parquet parlait de délinquance routière et d'un cambriolage, tout en précisant qu'il n'avait pas été condamné. Le procureur de Laon l'a confirmé mercredi soir : "Il a un casier judiciaire vierge."

Il est la dernière personne à avoir vu Tom vivant

L'homme a été interpellé car "il est la dernière personne à avoir vu l'enfant vivant", a indiqué mercredi le procureur de la République de Laon, au cours d'une conférence de presse. Si, dans un premier temps, le suspect a "contesté son implication" dans le meurtre et le viol de l'enfant, il a reconnu dans la nuit de mercredi à jeudi s'être trouvé sur les lieux de la mort de Tom. Il a également affirmé avoir "des flashs" dans lesquels il se montre violent. Mais il n'a pas fait "d'aveux directs" et n'a pas directement évoqué l'enfant, indique cette même source à France 3.

Le suspect a été mis en examen et placé en détention provisoire, jeudi 31 mai. Selon un communiqué du procureur de la République de Laon, "lors de sa dernière audition, le mis en cause a fait des déclarations aux termes desquelles il indiquait se souvenir de certaines scènes le reliant aux faits commis sur le mineur". Cet homme a toutefois "souhaité garder le silence" lors de sa mise en examen.

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