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Réforme de la SNCF : le gouvernement n'a pas intérêt à "trop charger la barque" met en garde Raymond Soubie

L'ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie a déclaré mardi sur franceinfo qu'il faut éviter "la coagulation des mécontentements" après la remise du rapport Spinetta sur l'avenir de la SNCF.

Article rédigé par franceinfo
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Raymond Soubie, l'ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, à Paris, le 22 juin 2010. (AFP)

Le gouvernement n'a pas intérêt à "trop charger la barque" sur la SNCF, a estimé mardi 20 février Raymond Soubie, l'ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy. "Il ne faut pas qu'il y ait une coagulation des mécontentement", a ajouté le président des sociétés de conseil Alixio et Taddeo, cinq jours après la remise du rapport Spinetta qui préconise notamment la réforme du statut des cheminots.

franceinfo : Est-ce que l'on pourra, d'après vous, éviter le blocage, le clash, le conflit dur avec les syndicats de cheminots ?

Raymond Soubie : C'est un sujet très sensible et qui l'a toujours été. En fait il y a trois sujets qui se superposent. Il y a le rapport Spinetta rendu public la semaine dernière. L'annonce d'une réforme des retraites, qui rejoint le rapport Spinetta et qui mettrait en danger le régime spécial des cheminots. Et enfin, il y a la loi sur les mobilités et l'ouverture accrue de la SNCF à la concurrence ce qui voudrait dire éventuellement des transferts de personnels de la SNCF vers une autre société. Tous ces sujets se coagulent et créent un climat et un contexte pas très favorables à la paix sociale.

La stratégie du bulldozer, c'est à dire de réformer coûte que coûte en assumant le blocage s'il a lieu, et potentiellement un mois de grève. Est-ce que cela peut fonctionner ?

On voit bien que la méthode de l'État consiste d'abord à lancer beaucoup de réformes en même temps. Il y a le ferroviaire, les hôpitaux, l'éducation, la fonction publique, etc. Deuxièmement, de procéder par un triptyque: il y a l'annonce de la réforme, précédée ou non d'un rapport et ensuite on consulte. Et puis, on voit après la consultation ce que l'on garde ou ce que l'on ne garde pas les intentions initiales. Je pense que le gouvernement va tester ses interlocuteurs et va examiner ce qu'il peut faire passer. Je ne crois pas qu'il a intérêt à trop charger la barque parce qu'il y a d'autres sujets comme la fonction publique qui est également très sensible. Il ne faut pas qu'il y ait une coagulation des mécontentements. Cela dit si on lit bien le rapport Spinetta, sur le régime particulier, le statut des cheminots, il y a un point très important c'est que cette réforme des statuts ne s'appliquerait que pour les futurs cheminots et pas les cheminots actuels. C'est plus qu'une nuance, c'est une véritable prudence.

La clé aujourd'hui c'est l'opinion publique, si elle est du côté des cheminots ou de l'exécutif ?

Vous avez raison, dans le cas de 95 [la grève monstre contre la réforme Juppé sur les retraites en 1995], la force du mouvement était liée au fait que les citoyens se projetaient dans les revendications des cheminots. Il faut savoir s'il y a un soutien ou pas. Or, comme il y a des tentatives et des jeux de réformes sur plusieurs secteurs qui touchent surtout le secteur public, les fonctionnaires, les hôpitaux, le gouvernement doit éviter qu'il y ait une cristallisation de tous ces secteurs qui assurent le service public, donc en réalité, la qualité de vie des français.

Il y a des élections professionnelles à la fin de l'année à la SNCF. Est-ce qu'il faut le prendre en compte dans le comportement des syndicats ?

Bien sûr. Aucun syndicat ne peut baisser les armes alors qu'il y a des élections en vue à la fin de l'année. Là actuellement ce sont la CGT et Sud qui sont les plus durs, qui appellent à se joindre au mouvement du 22 mars dans la fonction publique. Mais je ne crois pas que les autres syndicats pourront rester l'arme au pied. En toute hypothèse, on entre dans une période sensible.

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