Pourquoi cela a été important d'écrire sur ces gens qui vont sur les ronds-points et réclament davantage de justice ? "Pour les journalistes, cela a été un véritable choc politique, intellectuel et aussi esthétique. Il se trouve que le hasard veut cela : le héros 'gilet jaune' de mon livre, je vais le voir ce jour-là, il est arrêté sur les Champs-Elysées. Et je vais m'intéresser à ce destin-là. Il sera tragique car ce garçon va être condamné à de la prison avec sursis pour des faits mineurs, c’est-à-dire un jet de pavé sans victimes et il va entamer une descente aux enfers. Il a vraiment cru en ce mouvement, cela a changé sa vie. Le mouvement n'étant pas entendu, il va se suicider", raconte la journaliste Aude Lancelin.Mépris de classeAude Lancelin est également très sévère envers le milieu des élites et les journalistes dont elle a pourtant fait partie. "Certains n'ont même pas pris la peine d'aller sur le terrain, alors que ce sont des professionnels de la révolte. Ils ont un avis bien arrêté sur la situation. Ils ont un véritable mépris de classe (…) J'ai été confrontée à ce discours auprès d'intellectuels, de confrères. Les gens n'ont pas compris mon investissement, nous qui étions touchés au cœur de ce mouvement. Malgré tout, l'un des héros du livre va connaître un basculement et va changer au fil du récit", révèle-t-elle.