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"C'est une véritable anarchie" : des petits villages de l'Oise impuissants face à l'implantation de parcs éoliens

Les communes de Cempuis, de Grez et du Hamel voient d'un mauvais oeil l'arrivée de parcs éoliens à proximité des habitations et de monuments historiques. 

Article rédigé par Valentin Dunate - Édité par Adrien Bossard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des éoliennes dans un champ en bordure de l’autoroute A26, en Picardie, dans les Hauts-de-France. (AURÉLIEN ACCART / FRANCEINFO)

La nuit, des dizaines de petits points rouges clignotent à perte de vue. Les éoliennes sont partout. "Lorsque je monte dans le clocher de mon église, je vois 90 éoliennes aux alentours", décrit Jean-François Boursier, le maire de Cempuis, un village de 500 habitants qui a lutté pendant cinq ans contre l'installation de quatre nouvelles éoliennes. En vain, puisque le préfet a donné son feu vert en décembre dernier.

Ce que l'élu ne supporte pas, c'est "l'encerclement" de son village dans les années à venir. "C'est une véritable anarchie, poursuit Jean-François Boursier. On a l'impression que l'on favorise les consortiums étrangers pour l'implantation des parcs éoliens dans notre région, qui sert un peu de réserve indienne. On ne pense à nous que pour l'implantation de parcs éoliens et pas pour le reste."  

Dix éoliennes près d'une église classée aux monuments historiques

Á quelques kilomètres de Cempuis, un autre projet est en cours. Dix éoliennes doivent s'installer à côté d'une église classée aux monuments historiques de Grez et du Hamel, deux villages qui n'en formaient qu'un jusqu'au milieu du XIXe siècle.

Ce "développement anarchique", pour reprendre ses termes, Elisabeth Borne s'en inquiète également. La ministre de la transition écologique et solidaire s'est exprimée à ce sujet au Sénat, devant la commission des affaires économiques, mercredi 19 février. Elle a défendu "un développement harmonieux de l'éolien" et dénoncé "une saturation visuelle" et une "situation insupportable d'encerclement autour de certains bourgs".

"Il y a des emplacements de parcs éoliens en co-visibilité avec des monuments historiques", a ajouté la ministre "Je ne comprends même pas comment nous avons pu arriver à ces situations".

Les deux tiers des maires aux alentours sont issus du monde agricole, ils ont un intérêt financier dans l'opération.

Jean-François Boursier, maire de Cempuis

à franceinfo

Le gouvernement a ouvert lundi à la consultation publique son projet de feuille de route énergétique pour la France à l'horizon 2028. Il était temps, selon Patrick Martin, membre de l'association "Éoliennes 60". "Les éoliennes vont se trouver à 1 500 mètres de l'église, explique-t-il en montrant une photo du futur projet Enetrag à Grez et au Hamel. Un peu comme à Saint-Quentin, l'église sera encerclée. C'est quand même une catastrophe de voir ça." 

Cette implantation n'est pas finie, loin de là, car d'autres projets devraient voir le jour. Dans les mois qui viennent, il y aura donc plus d'une centaine d'éoliennes dans le secteur. Le maire de Cempuis a son explication : l'intérêt financier qu'y trouvent certains élus locaux. Les agriculteurs perçoivent en effet près de 6 000 euros par an pour permettre aux industriels d'exploiter les éoliennes, implantées en grande partie dans l'est et le nord de la France. Au 31 décembre 2019, les régions Hauts-de-France et Grand-Est comptaient une puissance installée de plus de 8 000 watts, soit 49,4% du parc national.

Des villages de l'Oise contre les éoliennes - Reportage de Valentin Dunate

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