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Qui est Mediapro, ce groupe qui vient de rafler les droits de la Ligue 1 à Canal+ ?

Le média espagnol, inconnu du public en France, est le grand gagnant de l'appel d'offres sur les droits TV de la Ligue 1. Au grand dam de Canal+, le diffuseur historique.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Avant-match entre le PSG et Saint-Etienne, le 16 mars 2014 au Parc des Princes à Paris.  (JEAN MARIE HERVIO / DPPI MEDIA / AFP)

C'est le grand vainqueur, mais également le grand inconnu des enchères de la Ligue 1. Le groupe espagnol Mediapro a raflé une grande partie des droits télévisés du championnat de France de football pour la période 2020-2024, au détriment de Canal+, le diffuseur historique. Coup de projecteur sur ce nouvel acteur. 

C'est un groupe espagnol passé sous pavillon chinois

Le groupe est un acteur incontournable des droits télé et commercialise déjà ceux de la Liga espagnole, ou du championnat du Brésil. Il édite les chaînes de certains clubs comme le Real Madrid ou le FC Barcelone, et assure la production télévisée d'événements sportifs pour d'autres chaînes de télévisions, comme BeIN Sports. Mediapro est présent dans 26 pays à travers 45 chaînes, rapporte L'Équipe (article réservé aux abonnés). En France, il doit lancer une nouvelle chaîne d'ici deux ans pour la diffusion des matchs de la Ligue 1. "Entre-temps, Mediapro aura la possibilité de sous-licencier certains lots à d'autres acteurs, comme Canal + ou d'autres, pourquoi pas", explique sur franceinfo le directeur général de la LFP, Didier Quillot.

Créé en 1994 à Barcelone, Mediapro a été racheté par le chinois Hontai Capital, en février dernier. Celui-ci a versé environ un milliard d'euros pour prendre un peu plus de 53,5% du capital. WPP, groupe publicitaire anglais, en possède 22,5%. Il est dirigé par l'entrepreneur catalan Jaume Roures, réputé proche des séparatistes.

Mediapro s'est également spécialisé dans la production et la post-production, avec par exemple la série The Young Pope (avec Jude Law), ou encore dans le cinéma en produisant notamment Midnight in Paris de Woody Allen, rappelle Capital

C'était le détenteur (éphémère) des droits de la série A italienne

Mais le groupe connaît aussi des revers. En février dernier, il a acquis les droits sur la Série A italienne pour la somme, là aussi record, d'1,05 milliard d'euros par saison pour la période 2018-2021. Après une plainte de Sky Italia, qui diffuse les matchs depuis plus de vingt ans, la justice a suspendu cette offre, estimant qu'elle avait été faite en violation des lois italiennes. Le groupe n'a notamment pas déposé la garantie bancaire réclamée d'un milliard d'euros. Résultat : la Ligue italienne de football a annulé le contrat passé avec le groupe espagnol le 28 mai dernier, rapporte la Gazzetta dello sport (en italien). Mediapro a désormais sept jours pour déposer les fonds réclamés selon France Football.

Didier Quillot et la LFP se sont montrés rassurants en assurant que le cahier des charges de l'appel d'offres n'était "pas complètement clair" en Italie, contrairement à celui concocté par l'instance française. Canal+, mauvais perdant, paraît plus sceptique. Sur Europe 1, Maxime Saada, le président du directoire du groupe Canal+, s'est demandé dans quelle mesure Mediapro est capable de réellement financer cette offre. 

C'est un groupe habitué aux coups d'éclat

Avec la prise des droits de la L1, au nez et à la barbe de Canal+, ce n'est pas la première fois que le groupe audiovisuel se fait remarquer. Lors de la Coupe du monde de 2006, Mediapro était au centre d'une polémique en Espagne, se souvient L'Equipe. Ayant acquis les droits de la compétition pour La Sexta, une chaîne accessible que sur 30% du territoire, le groupe avait finalement accepté au dernier moment d'élargir la diffusion. Un bras de fer savamment organisé qui avait permis de faire la promotion de La Sexta à moindre frais. 

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