"Entendre la guerre" : 14-18 en chansons à l'Historial de Péronne
Les chansons produites pendant la guerre étaient souvent accompagnées d'illustrations un peu naïves censées divertir le public. (France 3)
Par Sophie Granel – Rédaction Culture – France Télévisions
Mis à jour le – publié le
C'est une exposition retentissante qui se tient actuellement à l'Historial de Péronne dans la Somme. "Entendre la guerre" est un voyage en chansons à travers 14-18. Chants patriotiques ou contestataires, on a beaucoup chanté pendant la Grande Guerre. Le journaliste Bertrand Dicale, auteur d'un livre sur le sujet, nous sert de guide.
Reportage : A-C.Lambard / M-P.Degorce / D.Reutenauer De la Grande guerre on ne retient souvent que le bruit des canons et les râles des mourants. Mais on a beaucoup chanté dans les tranchées. Pour tuer l'ennui, se donner du courage, pour raconter aussi le quotidien du soldat confronté aux combats. 14-18 est une période faste pour la production de chansons en France. Des milliers de textes sont écrits chaque année. Des chants de propagande bien sûr, censés galvaniser les troupes et attiser la haine contre l'ennemi comme ce tube de l'époque composé en 1916 par Vincent Scotto, "Les boches, c'est comme des rats ("plus on en tue, plus il y en a" !). Autres temps, autres moeurs...
Un moyen d'expression à part entière Loin des enthousiastes "Madelon" écrite juste avant la guerre par Louis Bousquet ou du "Cri du poilu" de Scotto qui affirme que ce qu'il faut au soldat, ce sont "des femmes, des femmes, des femmes", certains chants reflètent un tout autre état d'esprit. Ainsi la "Chanson de Craonne" est-elle une violente critique de la stratégie française. Apparu en 1917 sous le nom de "Chanson de Lorette", le texte s'est répandu comme une trainée de poudre sur tous les fronts, changeant de titre selon les champs de batailles. "Chanson de Verdun" puis finalement "de Craonne", elle devint rapidement un hymne contestataire repris notamment pas les mutins qui refusèrent d'aller se battre après la boucherie du Chemin des Dames au printemps 17. Une mutinerie qui vaudra à 26 soldats d'être fusillés.Le platau de Craonne après la bataille vue par l'illustratrice Mary Evans. (M.Evans / SIPA)L'Histoire en chantant Plus que les livres d'histoire, ces chansons en disent long sur l'état d'esprit des Français pendant le conflit. Un intérêt historique que le journaliste Bertrand Dicale a bien compris. Ce spécialiste de la chanson populaire anime "Ces chansons qui font l'Histoire" sur France Info. Il est aussi l'auteur d'un très bel ouvrage "La fleur au fusil, 14-18 en chansons" (Hors Collection - octobre 2014) qui recense les textes les plus marquants de l'époque.
"Entendre la guerre, sons, musiques et silence en 14-18" à l'Historial de Péronne dans la Somme Jusqu'au 16 novembre 2014 ouvert tous les jours sauf le mercredi de 9h30 )à 17h. Le musée sera exceptionnellement ouvert ce mercredi 12 novembre en raison des cérémonies du centenaire.