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Les négociateurs du Brexit "ont merdé" : Elton John demande une renégociation en faveur de la circulation des musiciens britanniques en Europe

Dans une tribune, le chanteur de "I'm still standing" s'alarme des nouvelles règles de circulation entrées en vigueur avec le Brexit qui risquent de priver nombre de jeunes groupes britanniques de mener des tournées en Europe. Le bassiste de Radiohead Colin Greenwood lui emboîte le pas dans une autre tribune. 

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Elton John sur scène à Napier (Nouvelle-Zélande) le 6 février 2020. (KERRY MARSHALL / GETTY IMAGES ASIAPAC)

Dans une longue tribune publiée dimanche 7 février 2021 dans le Guardian, Elton John s’alarme des nouvelles formalités administratives et des surcoûts qu’entraîne le Brexit pour les musiciens britanniques souhaitant effectuer des tournées en Europe.

"En raison du Brexit, les musiciens britanniques qui veulent jouer en Europe auront besoin désormais de visas, de permis de travail et de carnets d’équipements (instruments, etc NDLR) pour chaque pays traversé. C’est un cauchemar administratif qui augmente énormément le coût de mise en place d’une tournée européenne", écrit Elton John, qui a toujours pourfendu le Brexit avec véhémence.

"Le gouvernement britannique doit renégocier"

Le chanteur star ne se soucie pas de son propre cas. "Je suis dans une position très privilégiée", insiste-t-il, "mes tournées peuvent absorber ce surcoût et des personnes s’occupent pour moi de l’aspect administratif."

Elton John, dont la tribune ne manque pas d’humour - il se souvient avoir pris un hotdog dans la figure lors d’un de ses premiers concerts en solo à Paris, en première partie de Sergio Mendes - s’inquiète des jeunes groupes qui n’auront pas la chance de se frotter en tournée à d’autres cultures, d’autres langues, toutes choses qu'il juge "vitales" parce qu’elles "font de nous de meilleurs musiciens".

Il rappelle également qu’étant l’une des principales exportations culturelles du pays, la musique "a rapporté 5,8 milliards de livres (6,6 milliards d’euros) à l’économie britannique en 2019". Ce qui ne l’a pas empêchée d’être "laissée de côté dans les négociations, contrairement à d’autres industries. Certaines professions ont encore l’autorisation de voyager pour affaires sans avoir besoin d’un visa. Mais pas les musiciens", souligne-t-il.

"Soit les négociateurs du Brexit se fichaient des musiciens, soit ils n’ont pas pensé à eux, soit ils n’étaient pas suffisamment préparés. Ils ont merdé. C’est maintenant au gouvernement britannique de régler le problème : ils doivent renégocier", écrit Elton John.

Le musicien suggère également de mettre à profit la pause obligée du Covid pour créer une infrastructure, financée en partie par l’industrie de la musique, avec des avocats et des experts comptables, qui aiderait les musiciens à naviguer dans les problématiques créées par le Brexit. Car, il le sait, même s’il obtenait gain de cause, renégocier prendrait du temps.

Colin Greenwood de Radiohead parle de "tragédie"

Lundi 8 février, le bassiste de Radiohead Colin Greenwood, a lui aussi publié une tribune dans le Guardian appelant le gouvernement britannique à renégocier face à ce qu’il voit comme une "tragédie de rêves différés" pour les musiciens, qu'ils soient rock, pop ou classique. Il y raconte la liberté de circulation qui lui a permis tant d’épiphanies, comme la fois où il a "sauté dans un Eurostar" en 2018 pour se retrouver sur scène avec le jeune Tamino trois soirs de suite à l’Ancienne Belgique (Bruxelles).

Il attire également l’attention sur le fait que selon les nouvelles rèlges, les camions contenant le matériel de tournée en provenance de Grande-Bretagne n’auront plus droit désormais qu’à deux haltes en Europe avant d’être contraints de rentrer au pays. Un enième nuage noir à l'horizon pour les tournées anglaises. A cette idée, "mon cœur se serre", écrit Greenwood. 

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