L'ingéniosité de "La mode en temps de guerre" se dévoile à Lyon
Par Corinne Jeammet – Rédaction Culture – France Télévisions
Mis à jour le – publié le
Le Centre d'histoire de la résistance et de la déportation explore une facette de la vie à Lyon pendant la guerre. « Pour vous, Mesdames ! La mode en temps de guerre » retrace l’énergie déployée par les femmes pour continuer à se vêtir avec élégance malgré les restrictions et les difficultés, dans une ville devenue « capitale de la mode » du fait du repli de maisons parisiennes.
Paul Nerson, coll. Chevillot
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Le vêtement et la mode représentent un enjeu culturel et économique pendant la guerre et révèlent les stratégies mises en place par une société soumise à la pression des événements. Si la majorité des femmes, subissant les restrictions, récupère, recycle et transforme pour conserver allure et dignité, une minorité reste cliente de maisons de haute couture et s’achète les robes de créateurs réputés, dont l’activité et la main d’oeuvre qualifiée sont jalousées par les Allemands. La presse féminine se charge d’établir un lien entre les deux, offrant aux premières les informations sur les collections et aux secondes les astuces pour suivre la mode en toutes circonstancesPaul Nerson, coll. Chevillot
La population lyonnaise est confrontée au manque de laine, de coton, de cuir. Elle doit faire face à des difficultés quotidiennes croissantes et mettre en place des stratégies complexes pour continuer à se vêtir, surtout après l’entrée en vigueur de la carte textile en juillet 1941 : les articles à usage vestimentaire sont soumis au régime de bons d’achat. Face à la pénurie en articles textiles, causée par les réquisitions allemandes, les Français sont astreints à un quota de 30 tickets. Pour subvenir à ses besoins, il faut des prodiges d’inventivité. Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris @ Pierre Verrier
Lorsque la guerre éclate en septembre 1939, Paris est la capitale de l’élégance. Après la défaite à l’été 1940, les couturiers doivent faire face aux pénuries et négocier l’attribution de contingents de tissus. Ils sont contraints de s’adapter, de réduire le nombre de modèles proposés lors de chaque collection ainsi que les métrages utilisés. Les nouvelles matières (fibranne, rayonne) sont employées ainsi que celles en vente libre comme la dentelle. Pierre Verrier
Face à l’humiliation de l’occupation allemande, le soin que l’on apporte à sa tenue, permet d’afficher sa dignité et sa résistance aux événements. Tandis que les vêtements sont contingentés, que les accessoires sont soumis à des normes réglementaires, les chapeaux donnent lieu à une explosion de formes et de couleurs. Leur volume augmente jusqu’à la démesure en 1944. Le turban connaît un engouement d’autant plus grand qu’il permet de dissimuler des cheveux que l’on ne peut entretenir régulièrement. Les femmes adoptent le tailleur que leur impose les longues heures dans le métro ou dans les files d’attente. En l’absence de bas de soie, les femmes se teignent les jambes au brou de noix, inspirant les parfumeurs qui proposent des lotions prêtes à l’emploi.Pierre Verrier
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Exposition « La mode en temps de guerre. Pour vous, mesdames » du 28 novembre au 13 avril 2014. Centre d'histoire de la résistance et de la déportation. 14, avenue Berthelot. 69007 Lyon. www.chrd.lyon.frYannick Bailly