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"Skyfall" : le meilleur des Bond ?

On l'a beaucoup dit, ce 23e James Bond coïncide avec ses 50 ans au cinéma : un événement. Après le semi échec du précédent "Quantum of Solace", "Skyfall" est par d'aucun considéré comme un des meilleurs films de la franchise la plus rentable du cinéma. Daniel Craig endosse le rôle pour la troisième fois, Javier Bardem est le "vilain" parfait et la James Bond girl, Bérénice Marlohe, est française, avec aux manettes : le britannique Sam Mandès ("American Beauty", "Les Chemins de la perdition", "Les Noces rebelles"...), un des réalisateurs les plus talentueux : rien que pour vos yeux...
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Daniel Craig et la mythique Aston Martin DB5 dans "Skyfall" de Sam Mendès
 (Sony Pictures )

De Sam Mendès (Etats-Unis/Grande-Bretagne), avec : Daniel Craig, Judi Dench, Javier Bardem,  Ralph Fiennes, Bérénice Marlohe, Naomie Harris - 2h23 - Sortie : 26 octobre

Synopsis : Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser et elle est remise en cause. Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l’ombre. Avec l’aide d’Eve, un agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l’objectif secret et mortel… 
 

Plus noir que vous ne le pensez
En transformant la série depuis « Casino Royal », les producteurs de James Bond ne pouvait que changer radicalement de ton. Imposer David Craig, noircir le personnage, le rendre plus vulnérable, était une sacré gageure face à un des mythes cinématographiques les plus puissants. Fini de rire. Les temps ont changé, les ennemis ne sont plus les mêmes, le bipolarisme a explosé, le monde est comme devenu plus adulte. James Bond en est le reflet.

Le sujet est au cœur de « Skyfall ». Il ne cesse d’y être question d’âge, de vieillesse et d’obsolescence. Pour ses 50 ans au cinéma, ce 23e James Bond est comme une métaphore sur la pérennité justifiée ou non de la franchise, allant jusqu’à le titrer, si l’on traduit « Skyfall », « chute du ciel ». On meure en effet beaucoup dans cet ultime opus, les destructions sont massives et l’humour au compte-gouttes.  La fin enfreint même le sacro-saint happy-end.

  

Il en est de Bond comme de beaucoup de films en provenance d’Hollywood. La trilogie Batman de Christopher Nolan en est sans doute le plus emblématique, son titre le dit bien : « The Dark Knight » (le chevalier sombre). Cet assombrissement correspond à une humanisation des personnages. Bond  est qualifié d’alcoolique, d’addictif, ses tests de performance sont désastreux… On est loin du chevalier blanc. Le personnage inventé par Ian Flemming était loin de l’être et la version Daniel Craig en est certainement la plus proche.

Humain, trop humain
Bond, héros universel, n’en n’est pas moins des plus mystérieux. On ne sait pas grand-chose de lui, hormis sa fonction de tueur, son goût pour les femmes et le jeu, ou plus anecdotique, ses préférences en alcool. Avec « Skyfall » le voile se lève. La dernière partie du film se déroule en Ecosse, terre d’origine de Bond, on entre dans sa maison d’enfance, un imposant manoir gothique qui évoque la Maison Husher d’Edgar Poe, tout comme la lande alentour renvoie à celle du « Chien des Baskerville » de Conan Doyle.  Toujours ce jeu sur le passé et une décrépitude inexorable du temps, nœud gordien du film.

Daniel Craig est James Bond pour la troisième fois dans "Skyfall" de Sam Mendes
 (Sony Pictures )

« Skyfall » n’en répond pas moins au respect du cahier des charges de la série. Mais c’est pour mieux les détourner en en jouant. Le symbole le plus parlant étant le sort réservé à la mythique Aston Martin DB5. Le film comporte son lot de scènes d’action, de poursuites, d’explosion s, de glamour et un méchant des plus réussis sous les traits d’un Javier Bardem des plus psychopathes. L’un des meilleurs de la série.  La mise en images par Mendès est somptueuse, allant jusqu’à se permettre de tourner des scènes très graphiques qui rappellent celles des fameux génériques initiés par Maurice Binder, lors de pures scènes d’action au cœur du film. Le cinéaste atteint à un parachèvement du mythe en s’attachant à le détruire. Ce qui recoupe la réplique de Bond, à qui Bardem demande quel est son passe-temps favori : « la résurrection ».

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