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Le mot de l'éco. Vers la fin du travail ?

La fin du travail : c'est le postulat de base du programme économique de Benoît Hamon. Son projet de revenu universel découle directement de cette idée qu'à  l'avenir le travail  va se raréfier. Une affirmation qui fait débat chez les économistes.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Chaillou
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Travailleurs détachés dans le bâtiment (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

Le débat est ancien

En 1995, l’américain Jeremy Rifkin pronostiquait déjà "la fin du travail" dans son essai du même nom, car les progrès techniques allaient engendrer selon lui une croissance sans emplois.
22 ans plus tard, la robotisation, la numérisation des services, le développement de l’intelligence artificielle alimentent de nouveau ce débat sur la fin du travail.

Un rapport du Conseil d'Orientation pour l’Emploi publié il y a quelques jours estime qu’en France, près de 10% des emplois seraient menacés par l'automatisation. 
Le  Forum Economique Mondial de Davos a lui aussi publié en 2016 une étude aux projections très pessimistes : d'ici 2020, demain donc, 5 millions d'emplois risquent d'être supprimés dans les 15 premières puissances économiques.

Et il n’y a pas que les emplois industriels qui seraient menacés

Les services sont eux aussi de plus en plus numérisés : le secteur bancaire  incarne ces transformations : plus de services en ligne et moins d’agences.
Autre exemple dans le commerce : la CFDT a organisé il y a 15 jours une série d’opérations dans des supermarchés Auchan car le syndicat redoute la disparition d'ici à trois ans de 2.000 postes d'hôtesses de caisses remplacées par des caisses automatiques.

Destruction créatrice

L’innovation technologique détruit des emplois mais elle crée aussi de nouveaux métiers. C'est la théorie de l'économiste Joseph Schumpeter sur "la destruction créatrice" popularisée dans son essai Capitalisme, socialisme et démocratie publié en 1942. 

Et d'ailleurs l’étude du Forum Economique Mondial précise que si plus d'un million et demi d'emplois risquent de disparaitre dans l’industrie, presque autant seraient créés dans la finance, le management et l’informatique.

Ce qui pose donc de façon très directe la question de l’adaptation, de la formation des travailleurs, pour que leurs compétences correspondent au besoin de main-d'œuvre du marché du travail. Mais dans ce  domaine, il n’y pas d'immédiateté : un salarié de l’industrie ne devient pas un technicien informatique en quelques mois.

Un travail déconnecté du modèle traditionnel du salariat

Le travail va peut-être se  raréfier à l'avenir  mais il sera surtout un travail qui sera de plus en plus déconnecté du modèle traditionnel du salariat. Cela a déjà commencé. C'est le modèle Uber : une application sur smartphone et des chauffeurs /auto entrepreneurs. Une "uberisation" qui se diffuse dans de plus en plus de secteurs de l’économie. 

Les contrats courts sont une autre facette de cette évolution : en 15 ans, le nombre de CDD de moins d'un mois a doublé. Une nouvelle donne qui pose une question : comment adapter le système de protection sociale à ces nouvelles formes de travail ? 

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