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Français du monde. Comment réenchanter l'Europe ?

Entre montée des nationalismes et repli sur soi, l'Europe manque de concret et d'attrait pour les jeunes. Un forum des carrières de l'Europe aura lieu à Paris samedi 3 décembre.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Quitterie de Labbey à Munster : "On est immergé dans la langue, la culture et le système universitaire allemand" (DR)

Le deuxième Forum des carrières de l'Europe aura lieu samedi prochain au Conseil économique, social et environnemental à Paris. Son ambition : aider les jeunes à se lancer.

Portrait d'une Européenne convaincue

Un pied de chaque côté du Rhin. Quitterie de Labbey a 22 ans, elle est en 1ère année de Master de sciences politiques. Elle étudie la moitié de l'année à Science Po Lille et l'autre à l'université de Munster, en Allemagne.
"On est immergé dans la langue, la culture et le système universitaire allemand. J'ai rédigé ma thèse en allemand. L'avantage, c'est que je parle très bien allemand maintenant, niveau professionnel." 

Une fois diplômée, la jeune femme se voit travailler dans les institutions européennes, un cabinet de conseil en stratégie ou encore un "think tank", un centre de recherche, sur des thématiques comme la sécurité ou les relations internationales. Elle est optimiste :
"L'Europe, c'est un challenge. On doit surmonter toutes les difficultés pour réaliser le rêve européen. C'est très utopique, ce serait arriver à une coopération entre les pays, mais pas à plusieurs vitesses comme aujourd'hui, où certains donnent l'impulsion et les autres suivent. Ça doit s'harmoniser." 

Cours de danse à Munster " L'Europe, c'est un challenge" (DR)

Double récompense

En début de carrière, une première expérience à l’international, c’est souvent l’idée d’un stage au bout du monde, en Asie ou en Amérique. Alors que l’Europe peut aussi représenter un sacré dépaysement. C’est la double récompense, dit Philippe Léglise-Costa, secrétaire général des affaires européennes, organisateur du forum :
"C'est à la fois proche, parce qu'il y a des garanties, des sécurités, des cursus qui sont valorisables, et en même temps c'est l'étranger, parce qu'aller dans un autre pays européen, c'est déjà être dans une civilisation qui est différente. C'est déjà un enrichissement personnel et c'est aussi une valorisation professionnelle."

 Quitterie raconte que c'est toute jeune, à l'école, que ces idées ont commencé à résonner en elle. A Munster, la Française vit en colocation dans une résidence étudiante gérée par une fondation. Deux fois par semaine, elle est serveuse dans un bar, le "Café Milagro", pour payer son loyer, bien moins cher qu'en France.

Philippe Léglise-Costa, SGAE : " L'Europe, un enrichissement personnel et une valorisation professionnelle " (DR)

La France perd de son influence

Quant au système universitaire allemand, il est bien différent. Les cours sont plus accompagnés :
"On a des tutorats après chaque amphi avec des étudiants plus avancés que nous. Ils nous expliquent avec leurs mots. On fait des exposés, chacun pose des questions." 

Saxophoniste jusqu'à l'an dernier dans un groupe de jazz, Quitterie de Labbey est aussi ambassadrice de son université pour EPSO, la banque des concours des institutions européennes. Son rôle est essentiel. Si l'Europe manque d'attractivité aujourd'hui, c'est parce que le système de recrutement est opaque : "Si on veut devenir contractuel, on ne passe pas les mêmes épreuves que pour être fonctionnaire. Mais le Parlement a aussi ses propres procédures. Il y a des agences qui postent des offres alors qu'elles sont censées faire partie du concours centralisé !" 

3.000 jeunes sont attendus samedi prochain au Forum des carrières de l'Europe autour de tables rondes sur la francophonie, les métiers du numérique, la transition énergétique ou la mobilité.

L'idée, c'est de créer des vocations

Le constat est simple : les départs en retraite ne sont plus compensés par l'arrivée de jeunes, la France perd de son influence au sein des institutions européennes. Car dans les pays de l'Est par exemple, des étudiants qui parlent trois ou quatre langues, parfaitement formés aux questions européennes, n'hésitent pas eux à s'inscrire aux concours.

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Dans les rues de Munster, en Allemagne (DR)

Aller plus loin

Le Forum des carrières européennes 

Le Secrétariat général aux affaires européennes (SGAE)

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