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Goulard, Bayrou, de Sarnez : comment expliquer la démission de tous les ministres MoDem ?

En quittant le gouvernement, François Bayrou et Marielle de Sarnez ont emboîté le pas à Sylvie Goulard. Franceinfo explique pourquoi les ministres MoDem ont tous quitté l'équipe exécutive.

Article rédigé par Kocila Makdeche
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Sylvie Goulard, François Bayrou et Marielle de Sarnez (de gauche à droite) ont quitté le gouvernement. (JOEL SAGET / AFP)

Le MoDem quitte le gouvernement. A quelques heures de l'annonce du remaniement, mercredi 21 juin, François Bayrou et Marielle de Sarnez ont démissionné du gouvernement, emboîtant ainsi le pas à Sylvie Goulard, la ministre des Armées, qui avait annoncé son départ la veille.

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Qu'est-ce qui a poussé les trois centristes à abandonner leurs postes de ministre, pourtant obtenus après de longues tractations ? Franceinfo donne des explications.

L'affaire des assistants du MoDem

Depuis plusieurs semaines, les trois ministres étaient dans l'œil du cyclone, fragilisés par les révélations à répétition sur ce que l'on appelle l'affaire des "assistants parlementaires du MoDem". Une dizaine de salariés du siège du parti étaient, en même temps, collaborateurs de députés européens MoDem sur la période allant de 2009 à 2012. Plusieurs témoignages, recueillis par franceinfo, mettent en doute la réalité de ce second emploi. 

Le parquet de Paris a ouvert, vendredi 9 juin, une enquête préliminaire des chefs d'abus de confiance et de recel de ce délit visant le MoDem. Dans cette affaire, la justice cherche à "déterminer si des irrégularités ont été commises et si elles sont susceptibles de recevoir une qualification pénale". François Bayrou n'est pas directement cité dans ce dossier, mais il est président du MoDem depuis la création du parti en 2007. La justice enquête, par ailleurs, sur l'emploi d'Isabelle Sicart, sa fidèle cheffe de cabinet. De leur côté Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard –qui étaient eurodéputées durant cette période– sont personnellement mises en cause.

Cette dernière a démissionné de son poste de ministre des Armées, mardi. "Dans l’hypothèse où l’enquête préliminaire visant le MoDem conduirait à vérifier les conditions d’emploi de mes assistants au Parlement européen, je souhaite être en mesure de démontrer librement ma bonne foi", a-t-elle expliqué dans un communiqué.

Dès lors, les places de François Bayrou et de Marielle de Sarnez au gouvernement devenaient difficilement tenables. Avec leur départ, le gouvernement se débarrasse d'un caillou dans sa chaussure. D'autant plus que l'un des premiers chantiers engagés par l'exécutif est une loi sur la moralisation de la vie publique. Qui devait être justement être portée par le garde des Sceaux, François Bayrou.

LREM n'a plus besoin du MoDem pour gouverner

Avec ses 308 députés, La République en marche dispose désormais de la majorité absolue à l'Assemblée nationale. En comparaison, les 42 députés du groupe MoDem ne pèsent plus grand-chose. Pour faire voter les lois, le mouvement d'Emmanuel Macron n'a donc plus à s'embarrasser à composer avec le parti centriste créé par François Bayrou, comme c'était le cas avant les élections législatives.

Pour prendre la tête du groupe LREM, Richard Ferrand (lui aussi visé par une enquête) a quitté son poste de ministre de la Cohésion des territoires. Marielle de Sarnez devrait, quant à elle, diriger les 42 députés du groupe MoDem au Palais-Bourbon. L'exécutif va donc devoir attribuer quatre postes de ministre, dont deux portefeuilles régaliens. On est loin du simple remaniement "technique" annoncé après le scrutin. 

L'impossible mariage entre Bayrou et Macron

Depuis qu'il a apporté son soutien à Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, François Bayrou a causé pas mal de tort au nouveau président. Le chef de l'Etat s'ôte une épine dans le pied en débarquant le patron du MoDem

En mai, François Bayrou avait haussé une première fois le ton, estimant qu'il n'avait pas obtenu assez d'investitures pour les candidats de son parti dans la répartition des circonscriptions avec LREM. Une trahison selon lui, alors que François Bayrou a apporté un soutien déterminant à Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle. "Quand je lui ai apporté mon soutien, il était à 18% [dans les sondages]. Nous l'avons fait élire", lâche-t-il, furieux, à L'Obs. A l'époque, la tension était telle que François Bayrou et Richard Ferrand –fidèle des fidèles dans l'entourage d'Emmanuel Macron– ont failli en venir aux mains, raconte le JDD.

En entrant à l'Elysée, Emmanuel Macron avait annoncé qu'il voulait cadrer la communication de l'exécutif pour éviter les "couacs". Ce n'était pas chose facile avec François Bayrou dans son équipe. Exemple mercredi 7 juin, lorsque le garde des Sceaux a appelé un journaliste de Radio France pour se plaindre des méthodes utilisées dans l'enquête qui était menée sur le MoDem. 

François Bayrou est alors directement recadré par Edouard Philippe. "Quand on est ministre, on ne peut plus réagir comme quand on est un simple citoyen", prévient le Premier ministre. Mais Bayrou persiste et signe : "Chaque fois qu'il y aura quelque chose à dire, je le dirai", répond-il à Edouard Philippe, par médias interposés.

D'après des proches d'Emmanuel Macron, cités par le JDD, la situation devenait intenable. "C'est un problème. Et un jour, le président trouvera une solution au problème. Ça ne peut pas durer", expliquait un membre de La République en marche. Un autre confiait : "On savait que ça allait se terminer comme ça. Bayrou pense toujours que c'est lui qui devrait être à la place de Macron."

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